Accueil > Notre Amérique > La Banque mondiale dresse un bilan positif de l’économie latinoaméricaine (…)
Un rapport de la Banque mondiale (BM) a annoncé le 6 avril que l’année 2004 avait été économiquement très prospère pour les États d’Amérique latine qui ont connu une croissance de 5,7% l’année dernière, un niveau inégalé depuis 24 ans. Ce rapport a été publié dans la perspective des rencontres annuelles de la BM et du Fonds monétaire international (FMI) qui se tiendront la semaine prochaine à Washington.
Par E.W.
HEI, 11 Avril 2005
Les perspectives pour 2005 et 2006 sont toutefois un peu moins encourageantes. La Banque prévoit en effet un ralentissement de la croissance qui devrait atteindre 4,3% en 2005 et 3,7% en 2006. En fait, l’Amérique latine se situe à un niveau inférieur à la moyenne des pays en développement qui affichent un taux de croissance de 6,6% pour l’année 2004, le meilleur taux depuis 30 ans, et qui devrait atteindre 5,7% pour 2005. Cependant, la croissance en Amérique latine resterait supérieure à la moyenne mondiale qui avait été de 3,8% en 2004 et qui est estimée à 3,1% pour 2005. Selon l’institution multilatérale, le ralentissement prévu serait causé par une stabilisation du prix des matières premières, quoique celui-ci demeurerait à un niveau élevé. Outre le prix des matières premières, d’autres facteurs comme le ralentissement général de la croissance mondiale, les taux d’intérêts plus élevés et les pressions inflationnistes risqueraient d’avoir un impact négatif sur la croissance régionale. Ainsi, l’économiste en chef à la BM pour l’Amérique latine et les Caraïbes a recommandé aux pays de la région de profiter des temps favorables pour consolider leurs réserves fiscales et réduire leur déficit public. Selon l’économiste, la région devrait donc rester prudente face aux dépenses sociales et publiques.
Dans son rapport, la BM constate que les prix élevés des matières premières ainsi que les bas taux d’intérêt internationaux ont favorisé les économies mexicaine, chilienne et brésilienne. La reprise substantielle en Argentine, en Uruguay et au Venezuela a contribué par ailleurs aux résultats positifs de la région. La reprise au Venezuela n’a toutefois pas débouché sur un afflux important d’investissements étrangers, ceux-ci se chiffrant à 700 millions de dollars en 2004, le niveau le plus bas depuis 9 ans. Dans son bulletin semestriel sur l’économie latino-américaine, la Banque d’Espagne a mentionné que seuls le Mexique et la Colombie n’ont pas accumulé de surplus dans leur balance commerciale en 2004.
L’Institut pour les finances internationales (IFI), qui regroupe l’ensemble des banques privées, est également d’avis que la croissance en Amérique latine a atteint un plafond et que, pour maintenir cette tendance positive, la région nécessiterait un important flux d’investissements étrangers. C’est pourquoi l’IFI recommande aux pays latino-américains d’œuvrer pour le développement d’un environnement favorable aux investissements qui sont actuellement déficients. Les prévisions de l’IFI sont plus pessimistes que celles de la BM pour 2005, prévoyant une croissance de 3,9%, mais très légèrement plus optimistes pour 2006, avec des prévisions de croissance de 3,8%. Contrairement à ce qu’affirme l’IFI, le rapport de la BM semble montrer que l’Amérique latine et les Caraïbes attirent de plus en plus d’investissements étrangers puisqu’ils se chiffraient à 42,4 milliards de dollars en 2004 soit une hausse de 16% par rapport à 2003. Notons cependant que les investissements se sont plus particulièrement concentrés sur les pays les plus importants comme le Mexique ou le Brésil.
Sources :
« El Banco Mundial dice que la economía de América Latina y el Caribe creció a un nivel récord en 2004 », Voice of America, 7 avril 2005.
« Inversión extranjera directa en descenso », El Universal, 7avril 2005.
« Banco Mundial advierte niveles deuda emergente demasiado altos », Reuters, 6 avril 2005.
« Banco Mundial : Empieza declive de crecimiento latinoamericano », Univision (EFE), 6 avril 2005.
Victor Cardoso, « México, de los dos países de AL sin superávit comercial en 2004 », La Jornada, 5 avril 2005.