Accueil > Notre Amérique > L’élection de Morales saluée en Amérique latine
Par l’Agence France-Presse
Santiago, Le lundi 19 décembre 2005
Le président chilien, Ricardo Lagos, a été le premier chef d’État lundi à saluer l’élection à la présidence bolivienne du leader indigène et socialiste Evo Morales, dont la victoire a également suscité l’enthousiasme des indiens du sous-continent et des socialistes espagnols.
M. Lagos, un socio-démocrate, estimé qu’un « chemin d’espoir s’ouvre pour les amis boliviens ». Le Chili, très intéressé par le gaz bolivien, entretient des relations difficiles avec son voisin andin qui lui réclame depuis des années un accès à la mer.
Depuis le Pérou, autre voisin de la Bolivie, le président Alejandro Toledo a salué « l’acte démocratique » que constitue ce scrutin qui a reflété « de profondes convictions qu’il faut respecter ».
La plupart des autres chefs d’État n’avaient pas fait de commentaires lundi sur l’élection d’un indigène socialiste en Bolivie, préférant sans doute attendre les résultats définitifs.
Au Mexique, autre pays très alléché par le gaz bolivien, le responsable de la diplomatie, Luis Ernesto Derbez, issu d’un gouvernement pourtant libéral et pro-américain, a été emphatique : « non seulement nous félicitons M. Morales mais avec l’idée d’une politique claire, d’appui et coopération nous lui disons : comment pouvons-nous t’aider ? »
À l’autre bout de l’échiquier politique, depuis le Venezuela, dont le président Hugo Chavez a été parfois dépeint comme un mentor de M. Morales, le vice-président José Vicente Rangel a qualifié sa victoire d’« historique ». Evo Morales est « issu du peuple, d’une famille de paysans et c’est la première fois qu’un indigène, une personne authentiquement autochtone arrive à la présidence », a déclaré M. Rangel.
Il a nié que Caracas ait l’intention d’influencer la politique bolivienne et de « conspirer » aux côtés de la Bolivie contre les États-Unis. « Le peuple bolivien n’a pas voté pour un modèle mais pour une immense revendication historique, indigène et contre la politique néo-libérale », a-t-il estimé.
Le ministre des Affaires étrangères, Ali Rodriguez, a jugé que la victoire de M. Morales « aura une influence sur d’autres zones où il y a une haute composante indigène dans la population ».
En écho à ces propos, les indiens d’Équateur se sont félicités de l’arrivée au pouvoir de M. Morales. « La victoire de notre frère Evo est une étape très importante qui renforce politiquement et socialement les peuples indigènes d’Amérique latine », a déclaré à l’AFP Salvador Quispe, député et leader du parti Pachakutik.
Ce mouvement avait soutenu l’ancien président Lucio Gutierrez, un militaire d’ascendance indigène, avant de lui retirer son appui parce qu’il l’accusait d’avoir trahi ses idéaux de gauche. M. Gutierrez a été destitué par le parlement en avril dernier et remplacé par Alfredo Palacio.
L’Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC) qui représente un million d’indiens de Colombie, a qualifié de [jour historique] l’élection de M. Morales, estimant qu’elle permettra « la représentation de nos races, de nos sentiments, de notre manière de voir et sentir les relations avec le monde ».
Au Brésil, le président du Comité intertribal, Marcos Terena, a estimé que l’élection de M. Morales était « stratégique pour les droits indigènes en Amérique du sud, particulièrement face à l’avancée de la mondialisation ».
En Argentine, le sous-secrétaire à l’intégration économique, Eduardo Sigal, s’est surtout réjoui d’un résultat garantissant « un gouvernement stable en Bolivie] car [cela favorisera toute la région et l’Argentine ».
Le président de la Commission des représentants permanents du Mercosur, l’Argentin Carlos Alvarez, a immédiatement proposé d’intégrer la Bolivie comme membre à part entière du bloc régional auquel a récemment adhéré le Venezuela.
En Espagne, le secrétaire d’État aux relations internationales, Mme Trinidad Jimenez, a félicité Evo Morales pour sa victoire, en rappelant que le Premier ministre Jose Luis Rodriguez Zapatero a fait une priorité du renforcement des liens entre Madrid et ses anciennes colonies d’Amérique latine.