recherche

Accueil > Empire et Résistance > Saint Siège > L’Opus Dei à l’assaut d’une grande Université progressiste du Pérou

18 avril 2007

L’Opus Dei à l’assaut d’une grande Université progressiste du Pérou

 

Sous la houlette du cardinal péruvien Juan Luis Cipriani, le mouvement catholique ultra-conservateur Opus Dei, cherche à prendre le contrôle de l’université de Lima, "la Catolica", considérée comme un bastion de tolérance, selon des responsables universitaires.

Par l’Agence France Presse

Lima. Pérou, le 18 avril 2007.

La polémique fait rage depuis un mois dans les médias entre partisans de l’Opus et défenseurs de "l’humanisme chrétien, de la tolérance et de la pensée critique" à l’origine de la fondation de la "Pontificia Universidad Catolica".

Le cardinal Cipriani, proche du pape Benoît XVI qui effectuera bientôt son premier voyage dans la région, a lancé une offensive sur cette université progressiste, qui avec ses 18.000 étudiants et 2.500 professeurs, est considérée comme l’une des meilleures du Pérou.

"Mgr Cipriani a révélé son intérêt à contrôler les décisions de l’Université, c’est son objectif", a affirmé dans un entretien à l’AFP, Marcial Rubio, le vice-recteur de "la Catolica".

L’affaire a éclaté, le jour récent où le cardinal-archevêque de Lima, membre éminent de l’Opus Dei, a refusé de célébrer la messe à l’occasion du 90e anniversaire de "la Catolica" et même de lui prêter le parvis de sa cathédrale.

Pour le moment, bien que "grand chancelier de l’Université", un poste consultatif, Mgr Cipriani ne peut rien lui imposer et surtout pas décider son orientation ou la nomination des professeurs.
Mais l’Opus Dei a de nombreux appuis notamment au sein du gouvernement : le ministre de la Production Rafael Rey a qualifié "la Catolica" de repère d’enseignants "marxistes et de communistes" qui peuvent être divorcés ou homosexuels.

Après 90 ans de bonne entente entre l’Eglise et "la Catolica", l’Opus Dei a aussi été ressortir le testament d’un riche donateur, Jose Riva Agüero, décédé en 1944, pour réclamer devant la justice que le cardinal Cipriani puisse contrôler la gestion de l’Université.

Selon "la Catolica", le testament autorise l’Université après vingt ans de fonctionnement à se diriger elle-même, tandis que l’entourage du cardinal revendique le contrôle de l’héritage.

Depuis sa fondation en 1917 par un prêtre français, George Dintilhac, né à Provins, et quatre laïcs, "la Catolica" professe un esprit d’ouverture qui agace les secteurs conservateurs de l’Eglise locale.

"La Catolica a eu comme enseignant dans les années soixante, le père Gustavo Gutierrez", l’un des inspirateurs de la théologie de la libération, a noté M.
Rubio. "C’est une personne très respectée, qu’il faut traiter comme un frère et pas comme un lépreux", a ajouté le vice-recteur en soulignant que la Catolica "se sent plus proche des Universités européennes, espagnoles, françaises ou belges qui ont une vision sociale de la société que celles des Etats-Unis".

La lutte de pouvoirs actuelle a fait ressurgir l’hostilité entre Mgr Cipriani, proche de l’ex-président autoritaire, Alberto Fujimori (1990-2000) et l’ancien recteur de "la Catolica", le philosophe Salomon Lerner, défenseur acharné des droits de l’homme sous le mandat Fujimori.

M. Lerner fut aussi président de la "Commission de la Vérité et de la réconciliation" chargée de dresser le bilan humanitaire de 20 ans d’affrontements entre armée et guérilla maoïste du Sentier Lumineux (1980-2000).
En dépit de la polémique en cours, l’église péruvienne a pris soin de prendre ses distances des projets du cardinal conservateur, la conférence épiscopale ayant déclaré que c’était à la justice de trancher.
Un tribunal a donc été saisi par les proches de Mgr Cipriani et "la Catolica" est résolue à aller s’il le faut jusqu’à la Cour constitutionnelle, plus haute juridiction suprême.

A moins que le Vatican n’intervienne : le pape Joseph Ratzinger, docteur Honoris Causa de la Catolica depuis 1986 sera au Brésil en mai pour présider notamment l’Assemblée des évêques latino-américains à laquelle assistera Mgr Cipriani.

Retour en haut de la page

El Correo

|

Patte blanche

|

Plan du site