recherche

Accueil > Empire et Résistance > Union Européenne > L’Europe nous sauvera

22 septembre 2017

L’Europe nous sauvera

par Rafael Poch de Feliu*

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

Il y a un espoir infantile que « l’Europe », lisez l’Union Européenne, va finir par résoudre de quelque façon que ce soit la crise catalane. C’est une thèse que suggèrent toutes sortes de vendeurs de tapis, qu’ils soient journalistes ou hommes politiques.

La réalité pure et simple est que ni les référendums ni les mouvements populaires n’impressionnent beaucoup l’Union Européenne. Ceci a été démontré de façon bien claire en Grèce. En 2015, il y a eu là-bas un référendum, ordonné et impeccable, lors duquel 61 % ont voté contre l’austérité. La réponse de l’UE a été de punir la société grecque avec un programme d’austérité encore plus strict. Dans les crises grecques ou chypriotes, l’UE a démontré qu’elle est parfaitement capable d’organiser des situations similaires à un coup de l’état. Avec le brexit, elle n’a eu d’autre choix que d’accepter le résultat du référendum, mais elle l’a fait avec une mauvaise humeur manifeste.

Avec la tentative de référendum catalan le sujet a peu de secrets. L’UE ne se mettra jamais du côté des aspirations populaires, même si celles-ci étaient unies à 80 % et dirigées par des hommes politiques habiles, ce qui n’est pas le cas.

Dans les dernières années du XXe siècle, nombre de pays ont obtenu leur indépendance, en ex-URSS, aux Balkans et même au Soudan, mais toute cette indépendance disposait de la bénédiction des grands pouvoirs hégémoniques ; les États-Unis, l’OTAN, l’UE, le FMI. La désagrégation de l’URSS et de l’Yougoslavie faisait partie du programme historique de ces pouvoirs envers ces pays adversaires. C’est quelque chose qui ne peut pas être dit sur l’Espagne, dont le gouvernement est un fidèle associé de l’OTAN et un vassal appliqué des desseins du néolibéralisme. Mentionner la Slovénie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Croatie, etc., comme précédents pour Catalunya, c’est perdre de vue ce qui a de plus basique dans la compréhension du monde.

Si on laisse de côté le divorce consensuel tchécoslovaque, qui n’a contredit aucun intérêt essentiel, l’attitude de l’UE envers les séparatismes a été toujours guidée par le même nord : elle a favorisé l’indépendance du Kosovo, même militairement, mais elle s’est opposée à d’autres séparatismes dans l’Abkhazie, l’Ossétie ou à la Crimée et en Ukraine orientale.

Le facteur populaire, l’Union Européenne le passe par l’ « arc du triomphe » [s’en moque], à moins qu’il ne soit en ligne avec les intérêts oligarchiques et hégémoniques qui sont les siens. L’unique hypothèse dans laquelle ces intérêts se renverseraient en faveur du sécessionnisme catalan, serait celle-là où le gouvernement de l’Espagne soutiendrait des politiques sociales et la sortie de l’OTAN (aucun parti européen n’a jamais gagné quelque élection que ce soit avec un tel programme), contre un gouvernement catalan néolibéral et atlantiste.

Rafael Poch* para La Vanguardia

La Vanguardia. El Diario de París. Catalunya, Barcelona, le 21 septembre 2017.

Traduit de l’espagnol pour El Correo de la Diaspora par : Estelle et Carlos Debiasi

* Rafael Poch, Rafael Poch-de-Feliu (Barcelone, 1956) a été vingt ans correspondant de « La Vanguardia » à Moscou et à Pékin. Avant il a étudié l’Histoire contemporaine à Barcelone et à Berlin-Ouest, il a été correspondant en Espagne du « Die Tageszeitung », rédacteur de l’agence allemande de presse « DPA » à Hambourg et correspondant itinérant en Europe de l’Est (1983 à 1987). Actuellement correspondant de « La Vanguardia » à Paris.

El Correo de la Diaspora. Paris, le 22 septembre 2017

Contrat Creative Commons
Cette création par http://www.elcorreo.eu.org est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 Unported. Basée sur une œuvre de www.elcorreo.eu.org.

Retour en haut de la page

El Correo

|

Patte blanche

|

Plan du site