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10 décembre 2025

L’ENNEMI COMMUN

 

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La défaite cuisante du président équatorien lors des dernières élections est un coup dur qui bouleverse tout. Elle confirme l’opposition du pays aux mesures néolibérales mises en œuvre au prix d’une dégradation catastrophique des systèmes de santé, d’éducation et de sécurité, ainsi que d’une augmentation du chômage. Cependant, le gouvernement ne semble pas décidé à changer de cap.

D’autre part, l’unité de la réaction citoyenne par un vote négatif ne repose pas sur un programme déterminé, ni n’est assurée par une organisation nationale structurée. Ces faiblesses constituent les défis auxquels doivent faire face les partis progressistes et les organisations sociales et populaires. Les partis progressistes, assez marginaux tant dans la grève de 31 jours que dans la campagne pour le « NON », doivent tirer la leçon qu’ils n’ont pas de force s’ils ne s’appuient pas sur les organisations sociales. À l’instar de la CONAIE (Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur), les partis politiques doivent être le bras politique des organisations populaires et non l’inverse. Sans cette relation étroite, ce sont des partis fantômes qui se vendent au gouvernement en place, comme nous le voyons actuellement de manière honteuse.

Le plus grand défi des Équatoriens est de prendre conscience que nous obéissons consciemment ou inconsciemment à un système mondial pervers appelé capitalisme néolibéral. Les trois derniers gouvernements ne sont que les marionnettes dociles de ce système prédateur : ils ont été les employés qui ont suivi à la lettre les orientations du FMI (Fonds monétaire international). Le sort du président actuel est lié au respect des accords imposés qu’il s’empresse de signer partout. C’est pourquoi il cherche à tout prix à faire adopter les lois et les changements constitutionnels que nous venons de rejeter lors du référendum.

Les grands gagnants de cette lutte pour obéir aux injonctions du FMI et du gouvernement américain, principalement, sont au nombre de trois. D’une part, il y a les députés qui reçoivent des sommes d’argent pour changer de parti et approuver les lois envoyées par l’exécutif. D’autre part, il y a les militaires et les policiers - primes, augmentations de salaire - en particulier les hauts gradés. Le troisième bénéficiaire est l’ensemble des grands médias contrôlés par le gouvernement, qui sont payés pour mentir, manipuler, inventer des informations, répéter des informations fausses, encourager la haine, contredire la vérité, etc.

Con estas denuncias y el rechazo del mayor enemigo común que es el capitalismo neoliberal, no hay que olvidar el cómplice mayor que somos nosotros mismos. Somos nosotros los que hemos elegido y confirmado los últimos tres presidentes. A Lenín Moreno, no lo hemos despedido cuando nos traicionó unos pocos días después de su elección, más bien lo hemos confirmado en una consulta popular que desbarataba la justicia, los órganos de seguridad, los derechos laborales y sociales… fortaleciendo así la corrupción, la evasión de impuestos, la fuga de dinero a paraísos fiscales, el desempleo, el lavado de dinero del narcotráfico y la correspondiente violencia, extorsión y sicariato. No hemos querido ver ni la realidad ni las consecuencias…

Notre complicité avec le néolibéralisme se manifeste également par notre acceptation de la manière dont il nous impose de vivre, de penser, d’agir, de cohabiter... en privilégiant l’égoïsme, la passivité, le conformisme, le mensonge, la corruption. Sans nous en rendre compte, nous sommes souvent les grands artisans de nos propres malheurs dans notre existence quotidienne. Nous critiquons parfois, mais nos paroles ne sont que du vent et du bruit sans engagement à changer, à nous unir et à nous rassembler, à nous organiser et à agir conformément à nos critiques et à nos protestations individuelles... Si nous n’agissons pas ensemble, nous sommes les propres défenseurs de ceux qui nous trompent et nous détruisent. Ainsi, nous nous auto-détruisons nous mêmes.

Après des années de souffrances, de grèves et de soulèvements, de morts, de blessés et de prisonniers lors des manifestations... nous réalisons enfin à quel point nous nous sommes trompés. Il ne suffit plus aujourd’hui de prendre conscience et d’avoir majoritairement soutenu le « NON » lors du dernier référendum. Nous devons renforcer de manière organisée et systématique notre conscience, notre unité, notre coordination, notre formation politique et... notre préparation pour atteindre de nouveaux objectifs et remporter de nouvelles victoires. Les succès et les victoires sont le fruit de nos luttes constantes, car les droits se perdent, les choses acquises s’évanouissent et les victoires disparaissent si nous ne les défendons pas. La vie est une lutte permanente, sinon nous devenons des perdants permanents, amers et inutiles : nous sommes un obstacle.

Quelques mots de Mgr Leonidas Proaño peuvent nous encourager à maintenir vivante la flamme de la lutte et de la dignité en nous aidant à apprécier ce qui nous appartient.

« Je rêve de la possibilité d’une nouvelle société... Je vois la nécessité de sensibiliser les organisations populaires urbaines, je vois la nécessité d’une pratique éducative et politique qui converge avec le cheminement du mouvement indigène afin qu’il n’y ait pas de concurrence, mais plutôt des collaborations complémentaires ».

Et il poursuit :

« Depuis ici, depuis notre pays, l’Équateur, ouvrons également notre cœur à nos frères, à tous les peuples d’Amérique latine, car nous sommes tous appelés, en cette période historique que nous traversons, à témoigner d’une société nouvelle, d’une société juste, d’une société humaine, d’une société fraternelle ».

Sachons écouter toutes les voix et serrer les mains tendues, déterminés à construire, sans relâche et ensemble, l’Équateur que nous méritons.

Pedro Pierre* pour Rebelión

Pedro Pierre Prêtre diocésain français, il accompagne les communautés ecclésiales de base (CEB) urbaines et rurales de l’Équateur, pays où il est arrivé en 1976.

Rebelión. Equador 28 novembre 2025.

Traduit de l’espagnol depuis El Correo de la Diáspora par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo de la Diaspora. Paris, le décembre 2025.

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