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20 de diciembre de 2010

Jaime García Covarrubias, ex répresseur de la DINA, est aujourd’hui professeur au Collège du Pentagone.

 

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Jaime García Covarrubias

Le passé revient toujours chercher des réponses. Et les masques ont l’habitude de tomber avec le poids de la vérité. L’ex-militaire chilien Jaime García Covarrubias [1] se vantait d’avoir été qu’un administratif sans « responsabilités opérationnelles » pendant le régime sanglant d’Augusto Pinochet Ugarte. Retraité de l’Armée de son pays, et planqué dans une démocratie, il s’est consacré à l’étude. Il est depuis des années un professeur respecté sur les questions de sécurité et de défense et il travaille pour un centre qui dépend du Pentagone étasunien. Mais il y a quelques mois ce masque est tombé. Des plaintes ont été déposées au Chili à son encontre : d’ex-détenus politiques et jusqu’à d’ex-soldats subalternes , l’accusent d’avoir agi avec « cruauté et traitements inhumains » tandis qu’il était le maître et seigneur du « Régiment Tucapel », dans la ville de Temuco, au sud du pays. Pas seulement cela : on l’accuse d’être responsable de l’assassinat de six prisonniers et d’être le chef du Contre-espionnage de la DINA, la redoutable Direction d’Intelligence Nationale. García Covarrubias s’est rendu cette semaine à Buenos Aires.

Mémoire Vive est un site internet d’archives sur les violations des droits de l’homme au Chili. Dans ce site on accuse García Covarrubias d’être membre de la Société Pedro Diet Lobos : une couverture commerciale de la DINA pour cacher ses activités au Chili et l’extérieur. Ils expliquent : « En novembre 1988, il assume le Sous-secrétariat Général du Gouvernement. Et il a été pendant trois ans, conseiller du Secrétariat général de la Présidence. On disait que c’était l’une des personnes qui écrivait ou qui conseillait les discours de Pinochet. Il prend sa retraite en 1981 comme officier d’État-Major de l’Académie de Guerre ».

Le répresseur est « inculpé » dans la procédure que mène contre lui la Justice chilienne pour des délits de lèse humanité. On lui impute l’assassinat de six militants communistes, survenu en novembre 1973, quand il avait le grade de lieutenant. Le fait a été dissimulé comme une fausse attaque de la caserne, parce que les détenus politiques étaient détenus là bas. L’accusation a un fort appui : les déclarations d’au moins 25 ex-détenus et des militaires entendus par le juge Fernando Carreño, de la Cour d’Appel de Temuco.

Il y a trois mois García Covarrubias a eu à se rendre au Chili sur ordre de la Justice. Il a été interrogé et soumis à des confrontations. L’ex-détenu Herman Carrasco, par exemple, l’a accusé de l’avoir torturé. « L’officier García Covarrubias a commencé à nous frapper et, nus, il nous a obligé à effectuer des actes sodomitiques, sans succès », a-t-il dit. Le répresseur a tout nié. Dans ses déclarations devant le juge, il a soutenu que « il n’y avait pas de personnes détenues dans le régiment ». Et que la mort des six détenus est survenue lors d’un « affrontement ».

Un autre ex-détenu, Víctor Maturana, l’a lui aussi identifié. Et l’ex-soldat Héctor Barra Reyes a déclaré devant la Justice que « les frères García Covarrubias interrogeaient les détenus dans le lieu où ils les torturaient ». Son ex-collège Oscar Inostroza a ajouté : « Le lieutenant Jaime García se distinguait par sa cruauté et les traitements inhumains envers les détenus et les conscrits eux mêmes». L’ex-soldat Enrique Moreno a formulé la même accusation : « Du lieutenant García je me rappelle sa cruauté avec les prisonniers ».

Le Rapport Rettig</U> est pour le Chili ce que Nunca más est pour l’Argentine. Un texte détaillé qui énumère les crimes de la dictature de Pinochet. La commission d’enquête a remarqué que « avec le renforcement de la DINA, les victimes ont été sélectionnées par les unités d’intelligence et maintenues en général dans des lieux secrets de détention, où elles ont été interrogées par du personnel spécialisé et où on les a soumises à la torture. Les corps de ceux qui sont morts dans ces circonstances ont disparu de telle façon, qu’un bon nombre n’ont pas encore pu être retrouvés ». La police de Pinochet a fonctionné entre 1974 et 1977, quand elle fut dissoute. « Les disparitions sont devenues beaucoup moins fréquentes, bien que la torture continuait avec comme conséquence la mort. »

Pour ces accusations, deux députés chiliens ont réclamé au gouvernement des États-Unis de destituer García Covarrubias du Center for Hemispheric Defense Studies (CHDS), où il enseigne. Hugo Gutiérrez, président de la Commission de Droits de l’homme des Députés, a dit : « C’est extrêmement grave qu’un ex-agent de la DINA, qui demeure accusé dans une procédure d’avoir torturé des prisonniers et ensuite soit devenu instructeur en techniques de répression, reste dans une institution dépendante du Pentagone des États-Unis ». Gutiérrez fait partie du Parti Communiste et est avocat spécialisé dans les droits de l’homme.

Cette demande a été soutenue par le député social-démocrate Tucapel Jiménez. Les législateurs veulent rencontrer l’ambassadeur des États-Unis au Chili, Alejandro Wolff. « On peut penser que les États-Unis protègent cet ex-agent chilien, le gouvernement doit agir pour cela avec rapidité », a affirmé Gutiérrez. Des ex-détenus soutiennent cette demande. L’un d’eux, Carrasco, a considéré « étonnant que cet individu puisse aujourd’hui se promener aux États-Unis, en travaillant comme professeur pour un centre d’études du Pentagone ». Et il a conclu : « Il doit être expulsé ».

Il sait, mais répond peu.

García Covarrubias est un brigadier retraité. Et il a une longue carrière universitaire. Il a un doctorat en Sciences politiques et Sociologie de l’Université Pontificale de Salamanque, Espagne. Une maîtrise en Sciences politiques de l’Université du Chili et une maîtrise en Sciences Militaires. Il est aussi diplômé du Centre d’Études Diplomatiques et Stratégiques de Paris, en France, et de la Société d’Études Internationales de Madrid, en Espagne. Il est professeur de Politique et de Sécurité nationale depuis mars 2001 dans le Chds.

« Auparavant il enseignait à l’Institut de Sciences politiques de l’Université du Chili, à l’Université Centrale, l’Université Bernardo O’Higgins et à l’Université Andrés Bello », explique son CV, publié sur le site web du Chds. García Covarrubias est spécialisé en stratégie, géopolitique, politique de défense et de sociologie militaire. « Il a eu des attributions variées au cours de sa carrière militaire au Chili, y compris professeur à l’Académie de Guerre de l’Armée, le commandement d’une unité de l’infanterie en 1994 et la direction de l’Académie de Guerre, de 1995 à 1997. »

L’ex-militaire chilien fut de passage cette semaine à Buenos Aires. Il est venu participer aux journées organisées par le Chds sur le thème Sécurité et défense aux temps du Bicentenaire : vues depuis l’Argentine et le Chili, qui se tenaient à l’hôtel Plaza Hotel (Marriot). Ce n’est pas la première fois qu’il vient dans le pays. Déjà en avril 2001, il avait participé au symposium régional « La Défense dans la sous-région. De nouveaux défis, de nouvelles réponses ». A cette occasion, l’organisation était faite par le club des diplômés argentins du Chds et disposait de l’auspice du Ministère de la Défense, de l’Armée, la Marine de guerre et de la Force Aérienne. Ni plus, ni moins.

García Covarrubias eut la malchance que son arrivée coïncide avec les plaintes pour tortures qui ont été faites à son encontre par la Commission de Droits de l’homme du Congrès de son pays. C’est pourquoi mardi on ne l’a pas vu. Une source qui a participé ces deux jours à la réunion a confié à Miradas al Sur : « Il n’est pas apparu lors de la rencontre parce qu’ils l’ont envoyé se promener. Ce jour il a rencontré l’ambassadrice des États-Unis et dans la nuit il s’est rendu à un cocktail dans l’hôtel. Là il a reçu le soutien de John Thompson». Il s’agit de l’ex-militaire qui est l’actuel doyen des Étudiants, de la Dean of Students and Administration du CHDS. Selon cette source – qui a demandé l’anonymat - Thompson « lui a tapé l’épaule » et il lui a dit : « Je suis là pour ce dont tu as besoin ». Mercredi il a participé au séminaire pour présenter le livre Sécurité et défense au temps du Bicentenaire, compilé par le chercheur argentin Mariano Bartolomé.

Le même jour Miradas al Sur a essayé de l’interviewer à l’hôtel. García Covarrubias a déclaré être fatigué et a décliné l’invitation. Devant l’insistance du chroniqueur, il lui a accordé quelques minutes par téléphone.

Avez-vous fait partie de la Dina, les ex-services secrets d’Augusto Pinochet ?

 Non, dit-il, laconique. Le ton de la voix, qui au début débordait d’amabilité, a commencé à se durcir. Bien qu’il le nie, devant la Justice de son pays García Covarrubias a reconnu qu’il a été instructeur des agents à la DINA. Il les a formés aux techniques d’interrogatoire et de contre-espionnage.

On vous accuse d’avoir torturé des détenus.

 Ce sont de pures calomnies et des injures. Les plaintes ont été dûment rejetées par la Justice chilienne, et je suis libre de toute faute et de charge. Je n’ai jamais eu à me présenter pour déclarer (devant un juge).

Pourriez-vous préciser quelles ont été vos fonctions dans les années ’70 ?

 J’étais enseignant, comme professeur à l’École d’Intelligence Nationale. Mon grade était celui de lieutenant. J’ai servi comme officier du Secrétariat d’Intelligence, mais je n’ai jamais eu de responsabilités opérationnelles dans les Forces armées.

Qu’est-ce que vous pensez des jugements pour des délits de lèse humanité qui sont prononcés en Argentine ?

 Cela me paraît bien, si c’est la décision politique de votre pays – a t-il dit, sec et solennel.

Au Chili devrait-on enquêter sur les crimes de la dictature de Pinochet ?

 Je n’ai pas d’opinion. J’ai confiance dans le fonctionnement des institutions de notre pays.

Avez-vous été l’un des responsables de l’élaboration des discours à Pinochet ?

 Pas du tout – trancha t-il.

Ce fut la dernière question qu’a pu poser ce quotidien. García Covarrubias a considéré que la brève ITV était terminée.

Le CHDS a été créé en 1997. Quelques ministres de la Défense de l’Amérique Latine avaient eu l’initiative un an avant, pendant le deuxième Sommet Ministériel de Défense des Amériques, qui se tenait à Bariloche. A ce moment ils avaient exprimé « une préoccupation sur le manque relatif de civils préparés pour faire face avec succès à des problèmes militaires et de défense dans leur pays », comme l’explique la CHDS sur son web. C’est-à-dire : instruire et endoctriner des fonctionnaires civils, militaires et des forces de sécurité sur des questions de Défense. Le centre est sous l’orbite du Pentagone. Ce n’est pas rien. Et il est dirigé par, Richard Downie, un ex-soldat d’infanterie navale yankee qui a une connaissance profonde de la région. Du CHDS dépend l’Université Nationale de Défense (NDU). Là est aussi professeur le journaliste étasunien Martin Andersen. Un ex-correspondant du Washington Post et de Newsweek à Buenos Aires, pendant qu’il vivait en Argentine il n’a pas pu se défaire du soupçon d’être un agent de la CIA.

García Covarrubias a écrit une dizaine de livres. Dans l’un d’eux, La modernisation militaire, il écrit : « Aujourd’hui, le sujet de la modernisation militaire est une préoccupation dans le monde entier. La société a évolué et les caractéristiques de la guerre ont changé ». Aujourd’hui la guerre que García Covarrubias affronte est son passé. Le passé qui revient toujours en cherchant des réponses. Et la Justice.

Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi.

Par Mariano Abrevaya Dios et Raúl Arcomano
Miradas al Sur. Buenos Aires, le 19 décembre 2010.

***
Livres de Jaime García Covarrubias
:

 Diplomático, El Militar, El Marino y El Aviador del Siglo XXI.. (Bulgarska Vechnost) 2001.

 El Partido Radical y la Clase media en ChileLa relación de intereses entre 1888-1938. 1990. (I.S.B.N 956-13-0887-7)

 Proceso de Transición a la Modernidad en Chile. 1996

Notas

[1Julio Jaime Garcia Covarrubias. N° de Carne: 491.427 de Valparaiso. Rut : 5.413.831.-8. Officier de l’Armée, arme de l’Infanterie, membre de l’État-Major de la DINA comme chef du Contre-espionnage. Membre de la Société Pedro Diet Lobos, couverture commerciale de la DINA pour cacher des activités au Chili et à l’extérieur du pays. En novembre 1988 il assume le Sous-secrétariat Général du Gouvernement. Il a été pendant 3 ans conseiller du Ministère Secrétariat général de la Présidence. On disait qu’il était l’une des personnes qui écrivait ou élaborait les discours de Pinochet. Il prend sa retraite en 1981 comme officier de l’État-Major de l’Académie de Guerre. Memoria Viva

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