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18 mai 2005

Génocide silencieux par la pollution de l’eau par des compagnies pétrolières étrangères opérant en Argentine

 

Reportage à Juan Carlos "Gipi" Fernández et à José "Pepino" Fernández effectué le 18 février 2005 auprès des dirigeants sociaux salteños(de la province de Salta, nord ouest argentin) et ex travailleurs d’Y.P.F. qui combattent contre les pratiques anti-sociales et anti-environnementales des compagnies étrangères pétrolières, qui extraient le pétrole du sol argentin sans se préoccuper de leurs salariés, ni de la population, ni de l’atmosphère, ni du futur du nord argentin.

Par Fernando "Pino" Solanas et Félix Forgeron.
Infomoreno
. Argentina, février/mars 2005

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Fernando "Pino" Solanas (FPS) : Le sujet des dommages environnementaux et de la pollution des eaux des villages où les compagnies pétrolières exploitent le sous sol, a un lien avec la privatisation des hydrocarbures et le retrait absolu de l’État en matière de contrôle. L’impunité et la destruction provoquée par les entreprises ont aussi à voir avec la désinformation et la difficulté à convaincre de la véracité des plaintes déposées pourtant si graves.
Quand quelqu’un dénonce ces faits, il sait que l’autre le regarde et dit "est-ce vrai ce qu’ils me disent ?" InfoMORENO essaye de faire connaître ces plaintes graves que Juan Carlos Gipi Fernández et José Pepino Fernández nous rapportent concernant la pollution des eaux dans la zone du Gisement Nord et de Général Mosconi, de Campamento Vespucio, campo Duran... pollution qui a provoqué de façon lente, quotidienne et silencieuse l’empoisonnement de la population.

FPS : Nous parlons là de milliers d’habitants . Combien sont-ils dans tout ce bassin ?
 Juan Carlos "Gipi" Fernández (GF)
 : Environ 200 000 habitants.

FPS : 200 000 ! d’où à où va le bassin ?
 GF :
plus ou moins, sur un rayon de 150 km à la ronde...

FPS : Nous allons alors commencer à demander à Gipi de nous de faire un tableau des causes de la pollution de l’eau dans toute cette vaste région du nord de Salta.
 GF :
Bon, on se base toujours sur l’histoire qu’on a eue précédemment ; nous sommes d’ex travailleurs d’YPF ("Yacimientos petroliferos Fiscales"), nous avons travaillé très jeunes, et à l’époque où YPF était une société de l’État dans tout le secteur du "Yacimiento Norte" (Gisement Nord), nous avions la liberté de marcher à travers les champs d’extraction. Actuellement nous n’avons pas cette même liberté, parce qu’on dissimule la pollution générée par les compagnies pétrolières dans le "Gisement Nord" -qui en ont désormais la concession- avec les écoulements de produits chimiques.

FPS : L’accès à ces secteurs est-il interdit ?
 GF :
Oui, il est interdit parce que les entreprises ont leur propre surveillance et sécurité et, en outre, il y a des gens des forces publiques, comme la Gendarmerie Nationale, comme la Police de la province. Je crois que ceci est gravissime et difficile, il faut que notre société, pas seulement celle de Gisement Nord mais celle de l’Argentine [et du monde], comprenne ce qui arrive avec la pollution que génèrent les entreprises privées.

Police privée

FPS : Les populations de ce secteur de 150 km, qui comprend le département de Général San Martin et qui a comme axe Tartagal, Gral. Mosconi...
 GF :
Et des communautés indigènes.

FPS : Évidemment, et au total il y a quelque 200.000 habitants et une bonne partie d’entre eux sont contaminés et leur organisme comprend une grande quantité de métaux à fort pouvoir toxique. Parce que nous ne pouvons pas seulement parler de pollution, c’est un processus d’empoisonnement qui se manifeste à moyen terme, ce n’est pas un empoisonnement foudroyant. Alors, quelles en sont les causes ? Comment cet empoisonnement se produit ?
 GF :
L’eau est contaminée. A l’époque d’YPF il y avait des écoulements de produits chimiques, mais dans ces circonstances, nous avions des hôpitaux et les premiers secours étaient immédiatement disponibles. Actuellement cette aide, nous ne l’avons pas dans les hôpitaux, il n’y a pas de médicaments, l’État ne nous protège pas en ce sens.

FPS : La population de Gisement Nord est-elle contaminée ?
 GF :
Elle est contaminée, oui.

FPS : Dans quel pourcentage ?
 GF :
Pour donner un exemple, je prends, comme base, le quartier « 8 décembre » à Général Mosconi, où je vis ; là bas 80 % des habitants sont malades.

FPS : De quoi sont-ils malades ?
 GF :
La majorité des maladies sont un diabète chronique, la salmonelle (fièvre typhoïde), les insuffisances cardiaques et rénales, colite parasitaire, cancer intestinal. Dans mon quartier, un enseignant a un cancer et c’est peu probable qu’il vive encore beaucoup d’années. Et en ce qui me concerne, j’ai perdu mon frère à cause de la pollution de l’eau.

FPS : De quoi est mort ton frère et quand ?
 GF :
Il est mort d’hépatite, cette maladie a un processus qui s’est ensuite transformé en diabète chronique. Il avait l’hépatite ("quatre tableaux") qui s’est dissimulée comme une grippe, mais réellement ce n’est pas ainsi, parce que le processus de l’eau une fois qu’il attaque un organisme, il avance rapidement. Et, nous avons récemment perdu la mère d’un compagnon qui s’appelle Rodolfo Peralta, Chiqui. C’est pénible, parce qu’ainsi, jour après jour, nous perdons une famille.

L’émulsion inversée

FPS : Alors cette pollution se produit...
 GF :
... à travers les écoulements de produits chimiques. Nous avons effectué un travail de recherche sur l’eau et sur les écoulements dans différents endroits du Gisement Nord, qui sont à l’origine des différentes maladies.

FPS : Pepino, comment vérifie-t-on que les maladies sont liées la pollution ?
 José Pepino Fernández (JPF) :
avant le Gisement Nord était foré à base d’eau avec des fluides conventionnels, et on n’utilisait pas beaucoup de produits chimiques ; C’étaient des produits organiques. La zone est très difficile à forer pour des raisons techniques, le terrain est très dur, même abrasif, et faut trouver les outils et les fluides nécessaires. Alors, qu’ont-ils fait ? Durant l’année 77, ils ont eu recours à un fluide qui s’appelle "émulsion inversée", qui est sur une base d’huile 100 % polluante.

FPS : C’était pendant la dictature.
 JPF :
Précisément. Avant, quand YPF exploitait le Gisement Nord, un puits de 5.000 ou de 6.200 mètres était foré en trois ans, plus ou moins. Actuellement, avec l’émulsion inversée, on fore entre 8 mois et un an et demi. C’est-à-dire qu’ici, ce qui importe c’est davantage la baisse du prix d’exploitation, pour se remplir plus rapidement les poches, que l’être humain. Voilà la différence.

Félix Forgeron (FH) : Qu’est -ce que l’émulsion inversée ?
 JPF :
L’émulsion inversée est un lubrifiant à haute pression à base de gasoil, cent pour cent polluant, très toxique. Il y avait avant une relation de 70/30, 30 % d’eau salée et 70 % de gasoil. Maintenant la relation est 95/5, pratiquement 100 % gasoil et parce que plus il y a d’huile, plus grande est la pénétration et les forages avancent plus vite. C’est comme un moteur, plus il sera lubrifié, moins il s’use (pour que l’outil supporte un trépan ou un trépan d’entraînement, ou une couronne). Cette émulsion est interdite partout dans le monde, on ne l’utilise pas parce qu’on ne peut pas la traiter. Ici, ils doivent utiliser la technique d’un "puits sec". Un puits sec car il ne laisse passer aucun reste d’hydrocarbure dans le sol. C’était à l’époque de la dictature, quand sont arrivées les entreprises chimiques spécialisées Halliburton et d’autres), parce qu’avant on produisait les produits chimiques à Florencio Varela (Argentine), dans le laboratoire d’Y.P.F., mais ils étaient presque tous organiques et n’avaient pas le pourcentage de toxicité des produits qui ont été ensuite importés des États-Unis. Alors, avec la complicité des militaires, on a commencé à les verser à ciel ouvert, sur toutes les couches superficielles. Dans le nord, il y a eu des fuites partielles et totales, et on a contaminé les nappes d’eaux souterraines.

FPS : Les jettent-ils dans des réservoirs à ciel ouvert ?
 JPF :
dans le sol, des réservoirs dans le sol même... c’est doublement criminel. Parce que les gens savaient l’histoire de l’émulsion inversée, parce que cela a été crée durant les années 70. Néanmoins, ils les jettent à ciel ouvert...

FPS : En forant ?
 JPF :
Oui, en forant. Dans le nord, on est arrivé à trouver de l’eau douce jusqu’à 3.900 mètres. Cela signifie alors qu’on ne devrait pas forer avec ce mélange, parce qu’il contamine tout. Et l’eau continue à faire remonter, parce qu’elle pèse plus que le pétrole et le gaz, elle est plus dense, plus lourde. Ils le font pour des raisons techniques, la population ne leur importe pas. Pour les compagnies pétrolières le plus important est de gagner de l’argent, mais les années passant, on en voit les conséquences, les premières maladies commencent à apparaître.

FPS : Décris-moi comment sont contaminées les nappes de l’eau, qu’ensuite vous consommez.
 JPF :
En forant toute la partie de San Pedrito, de Galarza, Lomitas, le sud de la Bolivie, de Tarija, ils ouvraient les cuves et jetaient entre 200 et 600 mètres cube, à savoir, 600.000 litres ! Clairement, dans les ravins, dans les ruisseaux, dans les rivières, au milieu de la montagne, dans la forêt dans le Nord, cela ne s’est pas vu, mais s’ils l’avaient jeté dans la mer en effet, on l’aurait vu et les gens auraient râlé. Mais dans le nord , ils n’ont pas râlé, il y avaient peu de gens qui ne voulaient pas qu’on commette cette infraction. Et, je répète, c’ est doublement criminel parce qu’ils le savaient et de même les chefs d’entreprise de ces compagnies...

FPS : Qui sont-elles ?
 JPF :
Bolland, Halliburton, Tecpetrol, Pluspetrol, Panamerican Energy, CGC… tous savent ceci. Repsol aussi le sait et continue à forer, Petrobras, Talent Ledesma, ChevronTexaco, British Petroleum... ils savent qu’ils tuent des gens. Et pour dénoncer ceci, nous l’avions déjà fait durant les années 78 et 80, nous avons parcouru le Gisement Nord et le Gisement Austral : l’émulsion inversée est polluante et va tuer des gens. Le temps nous a donné raison. Et nous sommes alors allés au sud, à Comodoro Rivadavia et à Rio Grande, où on fait les forages avec l’eau et du bentonite. Dans le sud, actuellement, on fore avec des polymères, tous à base d’eau, ce qui est moins polluant.

Une population avec 75% de diabétiques

FH : Dans le nord n’utilise-t-on pas davantage de bentonite ?
 JPF :
On n’utilise pas davantage de bentonite, même très peu. La bentonite est de l’argile organique qui ne fait rien, c’est une paroi, c’est un argile qui encapsule l’eau.

FPS : Explique-moi, pourquoi dans le Gisement Nord ces compagnies utilisent ces fluides toxiques alors qu’elles ne les utilisent pas à Comodoro Rivadavia, Caleta Olivia ?
 FH :
A Neuquén ?

FPS : A Neuquén , elles les utilisent, dans le film « Mémoire d’un saccage » il y a une séquence sur les nappes d’eau de la région de Loma Lata qui sont toutes contaminées, il en sort du gasoil. Mais pourquoi ? Pourquoi dans le nord, elles le font et à Comodoro Rivadavia elles ne le font pas ?
 JPF :
A Comodoro Rivadavia, c’est plus facile parce ce sont des bassins d’argile/sable, où l’on fore à l’hydraulique rien plus, c’est-à-dire, avec les ouvertures rien plus. Dans le nord les bassins sont semi-durs voire durs, compacts et abrasifs, et il faut beaucoup d’immersion. Comme tout ceci revient cher, ce que cherchent les grands capitalistes, les grandes multinationales, c’est de forer rapidement et d’extraire le pétrole vite. Ils ne disent pas "il faut travailler avec des produits organiques (en respectant l’environnement) pour ne pas affecter la Communauté". Et c’est pourquoi, c’est une double infraction, ils le jettent à ciel ouvert, il y a eu des fuites partielles, totales, c’est une catastrophe. Et ils provoquent ainsi les maladies que nous avons, des maladies comme la colite parasitaire, la fièvre typhoïde, paratyphoïde, la salmonelle apparaît se transforme en hépatite A, B et C et se termine en pancréatite aiguë. Comme l’eau est contaminée, alors les gens deviennent diabétique... c’est première chose qu’on a vu dans le nord. Comme à Mosconi, une population de 22.000 habitants, et à Tartagal qui en compte 80.000, parce qu’à Mosconi on a fait des forages avec l’émulsion inversée. Mosconi compte 75 % de diabétiques.

FPS : 75 % de diabétiques !
 JPF :
Oui, mais ce n’est pas tout, ces gens ont aussi les poumons, les reins touchés... cela affecte leur système nerveux, la thyroïde. Il y a même des maladies qui, quand ils vont à Salta (capitale de la province), ne sont pas encore connues parce qu’elles n’ont pas été encore découvertes. Tout est contaminé, tant l’océan, que la forêt, la montagne. Avant, quand nous étions jeunes, nous allions forer avec des fluides conventionnels, nous n’avions aucun vaccin, nous prenions l’eau des ruisseaux et il ne nous arrivait rien. Les bestioles nous piquaient et n’avions pas de leishmania, nous n’avions pas la dengue, il y a cinq sortes de dengue et trois sortes de leishmanie. Il y a des morts parmi les ouvriers...

FPS : Qu’ est-ce que la leishmanie ?
 GF :
La leishmanie se produit par la piqûre d’un animal qui s’appelle « torito ».
 JPF : C’est un moustique, aussi une mouche ; il y a trois sortes de leishmanie. Il y a des morts parmi les ouvriers à cause de la leishmanie, y compris parmi les ouvriers de Tecpetrol. Mais Tecpetrol cache tout ceci. Parce que pour résoudre ce problème, il faut traiter tous ces fluides, quand on jette quelque chose , il faut le traiter et laisser le sol à nouveau comme il était avant. Sortir tout le gasoil... faire de nouvelles usines, cela signifie davantage de travail.

FPS : Davantage d’investissement.
 JPF :
Clairement. Pour eux, c’est plus facile de le jeter dans les ravins ou dans les vieux puits laissés par YPF ou Standard Oil. Ils envoient tout là, et envoient aussi l’eau de forage, qui n’est pas traitée.
On manipule la production et les réserves et on dissimule les maladies

FPS : Qu’est ce que les eaux de formation ?
 JPF :
L’Eau de formation c’est quand on sort le pétrole avec l’eau, du sous-sol. Cela s’appelle de l’eau de formation et elle est contaminée, elle vient avec un gaz sulfurique, qui est un gaz toxique, en l’inhalant toute personne meurt. Un micro élément ( quelque chose micro-organique) qui se met dans le corps est suffisant pour toucher la partie organique, la partie digestive ou le système nerveux, ce qui enlève l’oxygène du sang et c’est ce qui produit nombre de maladies qui ne sont pas encore découvertes.
 GF : Et tout ceci, ils le cachent. Mais ceci apparaît dans le travail de recherche que vous allez voir. Je me suis rendu dans presque tous les captages d’eau dans le Gisement Nord où il y a eu des écoulements de produits chimiques, mais à l’époque on en savait peu sur le sujet et j’en savais pas plus pour le dénoncer. Mais je dois remercier Dieu grâce à qui, pour le moins je suis vivant, et comme beaucoup de gens avec lesquels nous avons travaillé sur les captages d’eau, comme les conducteurs, malgré les problèmes des écoulements, nous sommes vivants. Ils ne le montrent pas et à l’entrée des gisements maintenant, il y a une barrière avec des policiers pour en interdire l’accès.

FH : Et des médecins avec un sens humain, social ne se sont pas manifestés, ont-ils dit quelque chose ?
 GF :
Pour le moment les médecins concrètement occultent, parce que les gens vont à l’hôpital San Bernardo, à Salta et ils ne reviennent pas.
 JPF : Les médecins cachent, et disent qu’il s’agit de tuberculose. Les médecins ne savent pas quelle cause donner, ou sinon ils disent que les gens meurent d’arrêt cardiovasculaire.
 GF : Vous pouvez compter que sur dix personnes qui vont à Salta pour ces maladies, seules deux reviennent.

FPS : Pourquoi ?
 GF :
Ils meurent. Sur dix personnes qui se rendent de Mosconi à Salta, deux reviennent vivants, huit restent. Quand ils ne reviennent pas avec un seul rein ou avec les jambes coupées.

FPS : A cause du diabète...
 GF :
Nous sommes une population qui n’a fait aucune guerre et nous pouvons témoigner... par exemple, Canal America à Buenos Aires a sorti un rapport sur l’eau contaminée à Général Mosconi, et il y a eu des témoignages de plusieurs habitants de notre Communauté sans jambe, sans rein, qui témoignaient de ce qui arrive.
 JPF : Certains sont restés invalides par paralysie faciale, leur système nerveux est affecté, ce sont des salariés qui ont eu contact avec cette émulsion inversée, la majorité des ouvriers qui travaillaient dans la partie forage, dans la partie opérationnelle dans les équipements de forage, la majorité de ces garçons sont morts. Ceux ont été à la retraite n’en ont pas joui six mois. Ou ils sont devenus fous. Alors, quelque chose s’est passé. Avant, les retraités que nous avions dans les quartiers vivaient longtemps, jusqu’à 80, 85, 90 ans. Il faut bien voir la relation, la vie change, d’une époque à l’autre. Nous avons une statistique jusqu’à l’année 77, les gens vivaient jusqu’à quatre-vingt-cinq ou quatre-vingt-six...
 GF : Si. Dans le rapport qui a été fait sur les eaux contaminées, on prouve que jusqu’à l’année 80, la vie de chacun des habitants de Général Mosconi suivait son cours normalement, à partir de cette date, cela commence à changer. Oui, à partir de là, des gens de quarante ans voire moins commencent à mourir. Très peu arrivent à soixante ans ou quatre-vingt ans. Alors, à partir de cela nous avons étudié, d’abord le quartier, et avons pris prénom et nom de famille de chaque personne et comment elle est morte. Tout ceci nous l’avons documenté, avec des enregistrements des gens. Il ne se peut pas qui il y aient, presque de manière conjointe, rapprochée, des habitants morts à quarante-sept, de quarante-deux ans. Et les derniers morts avaient vingt-deux, dix-neuf, de vingt-quatre, vingt-six ans, il y a peu de temps. Ce que je peux certifier, c’est que mon frère est décédé à trente ans. Et il y avait déjà un garçon de vingt-quatre ans qui était mort. Nous parlons de cas répétés.

FPS : Trente ans ton frère ?
 GF :
Trente ans, et en ensuite un garçon de vingt-neuf ans qui travaillait à Refinor, dont un des actionnaires est Petrobras, est mort. Alors, c’est pourquoi je dis que face à cela, nous ne nous pouvons pas tromper, parce que la même statistique dit que ceux qui vont à Salta ne reviennent pas. Ceci est caché. En novembre de l’année dernière, nous avons obtenu, à cause du problème de l’eau, que l’école soit fermée, compte tenue des maladies type hépatite, fièvre intestinale qui touchaient les enfants.
 FH : Les services de Santé Publique provinciale et nationale, ne s’intéressent pas au sujet, n’ont-ils pas demandé des enquêtes ?
 JPF : Ce qui se passe c’est que si on travaille, on a droit à la santé, mais si on ne travaille pas, on n’a droit à rien. Ni même le droit à la vie...
"Nous en avons déjà assez eu avec la disparition d’YPF"
 FH : Ni à l’hôpital.
 JPF : Ni à l’hôpital. Alors,bon doit aller à la clinique, et c’est privé, tu vois.

FPS : Il n’y a pas hôpital public à Mosconi ?
 JPF :
Il y a un hôpital public qui est en ruine. On a obtenu qu’on construise un nouvel hôpital mais après qu’on ait barré les routes et manifester.
FPS : Et quelques morts...
 JPF : Et quelques morts, nous avons déjà cinq morts de manière violente. Ce n’est pas parce que les gouvernements provincial ou national ont voulu faire un hôpital, mais c’est parce que l’argent continue à sortir, beaucoup de gens s’en mettent dans les poches. Et où sont les hôpitaux ? Figure toi, parce qu’un pneu a été brûlé chez Repsol, ils demandent de la sécurité. Et la sécurité des habitants du département de San Martín, où sont exploités les hydrocarbures ?
 FH : Oui, clairement. La Sécurité juridique pour les entreprises.
 JPF : Quelle sécurité avons-nous ? Nous n’avons aucune sécurité, pas plus que le droit à la vie, c’est pourquoi je fais une comparaison très facile, du sud avec le nord. Pourquoi y a-t-il tant de malades et tant de morts dans le nord et pourquoi pas dans le sud ? Pourquoi les gens ne meurent pas, par exemple, à Pico Truncado, et dans tous ces endroits ? Parce qu’ils ont contaminé le nord en utilisant des produits que, réellement, ils n’auraient pas dû utiliser. C’est comme jeter des ordures nucléaires.
 GF : En dehors de cela, nous effectuons un travail de recherche avec d’autres personnes, que nous avons par chance connues dans la cordillère ; ils avaient déjà fait une étude dans le Gisement Nord sur les maladies et les eaux contaminées. Et mon père avait une maladie nouvelle dans la région et que les psychiatres appellent "psychose". On parle d’un manque d’irrigation sanguine au cerveau. Et ainsi comme le disent toutes les études techniques sur les maladies professionnelles qui existent dans cette partie d’Argentine. Dans le rapport nous le signalons. Parce que nous ne pouvons pas laisser les gens mourir, parce qu’il y a beaucoup de garçons qui suivent derrière. Nous avons déjà vécu, mon père au moins a un bon âge. Mais je crois que nos fils ne méritent pas ceci. Je crois que nous avons déjà eu notre quota avec la disparition d’YPF, puisque avant tu bénéficiais d’une première aide à la maladie. Et je parle du temps où il y avait des écoulements de produits chimiques d’YPF mais la première aide tu l’avais. Aujourd’hui, il n’y a pas d’aide, de secours, ni de première, ni de deuxième, ni de troisième, ni de quatrième aide. La seule chose qu’il te reste, c’est qu’ils te souhaitent de la chance dans la vie, tu peux aller mal ou bien, mais avec une propension au décès.

Fernando "Pino" Solanas (FPS) : Quel est le système d’eaux à Général Mosconi ? D’où vient l’eau courante, y a-t-il un traitement ? Quelle quantité de métaux détient l’eau ?
 Juan Carlos "Gipi" Fernández (GF) :
L’eau courante de Général Mosconi vient d’un lieu que nous appelons l’Aguaí, c’est pourquoi nous avons fait...

FPS : C’est quoi l’Aguaí ?
 GF :
l’Aguaí est une usine de captage d’eau qui a été construite en 1950. Grâce à Dieu, j’ai cette information et tous les plans parce que mon père a construit cette usine, de là sort l’eau du haut des collines, de Campamento Vespucio. En ce moment nous prenons de l’eau du captage, de la prise de l’Aguaí de Tartagal. Presque toute l’eau qui vient de Tartagal est contaminée.
Gualtieri ou le voyage de la corruption : de la province de Buenos Aires à Salta

FPS : Clairement, elle descend...
 GF :
Alors, ce qui descend vient de l’autre côté, pas de l’Aguaí. …
 JPF : depuis la montagne d’Acambuco, de la montagne de San Antonio, l’eau vient de tous ces endroits. Autre chose, qui est doublement criminel de la part des entreprises distributrices d’eau : Mosconi est le dernier village qui reçoit l’eau. Vous savez la grande escroquerie que fut la Digue Itiyuro II, par Gualtieri...

FPS : Explique-moi, quelle a été cette escroquerie ?
 JPF :
Bon, on fait la digue Itijyuro I durant l’année 1977, à l’époque d’Onganía, mais il l’a mal fait ; entre Pocitos et Aguaray, au nord de Salta et pour avoir un grand entraînement d’alluvions, de pierres, on ne peut pas faire une digue qui se recouvre de sable.
 GF : Ça a alors été une grande affaire.

Félix Forgeron (FH) : Clairement, elle s’est bouchée.
 J P F. :
La solution a été partielle : plus elle s’est bouchée, plus ils l’ont dragué, et ainsi on a vraiment volé à l’Argentine. C’est une façon de voler. Gualtieri va et remue un peu de terre.

FH : Romero lui passe un contrat.
 JPF :
Oui, la province supervise tout cela. Parce que le pays donne à la province, qui passe ensuite à la commune, qui gère, et c’est la façon de voler. Ils font alors ce petit mouvement de terre, et signent des contrats avec des camions de la zone, avec des gens qu’ils escroquent parce qu’ils ne les payent pas. Cela a coûté 30 millions de dollars. Et il n’existe actuellement ni la Digue Itiyuro I, ni la II., ils n’en ont fait aucune.

FH : De l’Itiyuro II clairement rien n’existe.
 JPF :
Nous manquons toujours d’eau parce qu’on n’a fait rien, aucun investissement. Alors, l’eau qui nous arrive à Mosconi est contaminée.

FPS : De quand date cette escroquerie des deux digues ?
 JPF :
de 2001, et 2002.

FPS : Mais de combien était l’investissement ?
 JPF :
De 60 millions de dollars.

FH : Qu’il l’a menée , le « gros » , connu comme l’Yabrán de Duhalde... non ?
 GF :
cela a porté sur 28 millions de dollars, parce que c’était « un pour un »...

FH : C’est une escroquerie.
 GF :
en remuant le sol, rien plus.
 JPF : Mosconi est le dernier village du département de San Martín qui reçoit de l’eau.

FPS : C’ est important.
 JPF :
C’est alors le dernier village qui reçoit de l’eau, parce qu’il y a Pocitos, qui est la digue d’Aguaray, Tartagal et Mosconi. Comme Tartagal est une grande ville, ils ferment les vannes, et alors nous recevons de l’eau rationnée pendant trois heures le matin, et trois heures l’après-midi. Et parfois, les samedis et dimanches nous n’avons pas de l’eau.

FPS : Mosconi reçoit l’eau rationnée, trois heures le matin et trois heures à l’après-midi ?
 JPF :
Oui.

FPS : Quelle température fait-il à Mosconi d’octobre à avril ?
 JPF :
Il fait une température qui va de 35º à 50º, à l’ombre.

FPS : Pendant six ou sept mois par an, on a une moyenne de 40º.
 JPF :
Nous à Mosconi, nous disons qu’il y a deux « estaciones » (jeu de mots), l’été et celle du chemin de fer, rien de plus. Il n’y a presque pas hiver. Alors, quand il fait ces températures et que l’eau est rationnée... -

FH : Depuis quand le rationnement de l’eau existe ?
 JPF :
Il a toujours existé, depuis qu’on a commencé à manquer l’eau dans les autres villages...

FH : Dix, quinze années ?
 JPF :
... avant, quand est arrivé « Obras sanitarias », quand la digue à commencer à fonctionner, déjà la population de Mosconi en souffrait.

La population indigène souffre d’une espèce de génocide silencieux

FPS : Tu me parles des habitants de la ville de Mosconi, qui est une ville d’un bon niveau urbain, etc.. Qu’est-ce qui se passe avec les campements indiens ?
 JPF :
Bon, si nous subissons des conséquences, l’indien n’a pas voix, ni vote. Il ne parle pas. Il meurt en silence.

FPS : D’où est extraite l’eau ?
 JPF :
Si nous recevons une goutte, ils reçoivent de cette goutte, une autre gouttelette. Et de cette eau stagnante c’est de là ce que les germes pathogènes se multiplient par millions.

FPS : Et c’est cette eau que vous prenez ?
 JPF :
C’est ce que nous prenons et qui nous détruit.

FPS : C’est-à-dire que la population indigène souffre d’une espèce de génocide silencieux.
 JPF :
Silencieux, oui, parce qu’ils n’ont ni voix, ni vote, et n’ont pas d’endroit pour se plaindre. Nous, nous réclamons, c’est pourquoi, et les grandes entreprises, les gouvernements disent « vous êtes fous, coupables, terroristes ». C’est plus facile de faire cela, que de faire une campagne, où les grands médias sont présents.
Parce que si nous avons toutes ces preuves, nous avons des preuves solides, liquides et gazeuses de comment ils contaminent l’environnement dans le nord, aucun programme de télévision ne va dire "nous passons ceci". En effet, ils vont passer tout autre chose qui n’a vraiment pas autant d’importance.

FPS : Quelle est l’importance de la population indienne dans la région Mosconi et de Tartagal, dans toute cette zone ?
 JPF :
En Mosconi et Tartagal et tout le département de San Martín, il y a 7 ethnies indigènes, soit 70.000 personnes. Et je parle de la ligne indigène, rien plus, pas de la population créole.

FPS : Qui vivent dans les missions...
 JPF :
Clairement. Rappelle toi cette époque du choléra ? Pourquoi meurent tous les habitants de la côte du Pilcomayo ? Parce qu’ils ont jeté des écoulements chimiques de pétrole tant en Bolivie qu’en Argentine. Ils tuent les micro-organismes et ces micro-organismes pénètrent l’organisme et se transforment en parasite. Et de là, se créent les maladies.

FH : Et toute la nourriture a disparu
 JPF :
Ils ont tué les poissons. Ils disent ensuite, qu’il faut jeter les citronset la lavande, c’est un mensonge,ils ont poussé là pendant des années,naturellement depuis des milliers d’années. Quelqu’un les a pollués, mais il est impossible de dénoncer les multinationales. C’est très difficile de se battre contre eux.

FH : Ils achètent nombre de dirigeants et de juges (rires). Et des médecins aussi, il semble.
 JPF :
Oui.

FPS : Il y a ici un graphique. Quel est ceci ?
 GF :
C’est le graphique des écoulements de produits chimiques qui ont existé, comme vous pouvez le voir sur cette carte, presque toutes les écoulements sont dans zones basses ; c’est pourquoi, le projet d’eau que nous présentons pour qu’il soit réalisé, et nous demandons de l’eau 24 heures/24 sans pollution,nous demandons que l’eau vienne d’en haut, dans les collines, mais dans la partie de l’"Aguaí" et non dans les autres endroits, comme la partie de Campo Durán, la parte de Aguaran, la parte de Virgen La Peña, de la Sierra de San Antonio, Cuchara, Laguna del Cielo, où les eaux sont contaminées. C’est l’eau que nous prenons actuellement, parce qu’en fait Aguas de Salta, après des travaux, veut faire disparaître l’Aguaí, pour livrer toutes les eaux de l’Aguaí aux entreprises pétrolières privées. Au lieu de nous la livrer, nous qui sommes les êtres humains qui avons besoin de l’eau et qui sommes la vie, ils veulent la donner aux usines.

FPS : A Qui, ils veulent la donner ?
 GF :
Ils lui veulent la donner à des entreprises comme Pluspetrol, Tecpetrol, Panamerican...

FPS. : Mais, à qui appartient Aguaí ?
 GF :
Cela devrait appartenir à la commune de Général Mosconi, mais à l’heure actuelle, c’est Aguas de Salta qui est privatisée (Suez) qui le gère, mais cela appartenait à YPF et cela devrait directement appartenir à notre Communauté et non à Aguas de salta.
Parce que cela n’appartenait pas à Aguas de Salta, qui avant était Obras Sanitarias, mais d’YPF. La commune de Général Mosconi a reçu toutes les infrastructures d’YPF. Mais nous ne savons pas pourquoi, on leur a livré confié l’Aguaí, alors que c’est notre eau, de notre Communauté. Il ya eu cinq bombes et Aguas de Salta a déménagé trois fois pour d’autres lieux dans la vallée de Salta, et nous a laissés avec deux bombes. Ils n’ont pas fait de réparations dans les canalisations d’Aguaí, parce que quand la bombe a explosé, les canalisations ont éclaté. Ils n’ont pas pratiquement fait de réparation. Ce qu’ils font, c’est un empoisonnement et ils nous tuent peu à peu, toute la population, parce qu’ils ne nous donnent pas l’eau.

FPS : Quelle est la situation de ce grand réservoir d’eau d’une capacité de plusieurs millions de litres d’eau ? Pourquoi est-il entre les mains des compagnies pétrolières ? Ce réservoir, dans une certaine mesure, leur servirait de réserve d’eau potable ?
 JPF :
Avant YPF donnait des bénéfices à toute la population, dans des endroits où il n’y avait pas d’eau, il a fait les puits, et a créé ces réservoirs au dessus du niveau de la mer où on stocke 20 millions de litres...

FPS : Il y a-t-il plusieurs réservoirs comme ceux-là ?
 JPF :
plus ou moins dix.

FPS : Ah, ils ont créé dix réservoirs !
 JPF :
Clairement. Un de 20 millions de litres, et il y a ensuite plusieurs de dix millions, d’un million de litres, dans différents endroits pour que la population ne reste jamais sans eau.

 JPF : YPF comprenait, ceux qui étaient en charge de l’administration à l’époque, que l’eau c’est l’être humain. Alors toute l’eau était gratuite. Et je ne sais pas ce qui s’est produit pour penser que l’eau est privée.

Il y a des plaintes pénales

FPS : Faut privatiser l’air, Pepino, c’est une meilleure affaire.
 JPF :
Là ils t’enlèvent davantage de vie, encore. Ces réservoirs sont alors restés là sur la zone. Et que font les multinationales ? Là où s’accrochent ces intendants qui ne savent réellement rien, les conseillers municipaux, les députés, disent : "Non, enlève le, celui ci ne nous sert pas à nous", "Ah, oui, prend, 10.000 pesos" et tout est réglé. C’est ainsi qu’ils prennent et gèrent ces réservoirs. Qui sont utilisés par pétrolières. Nous avons de l’eau six heures par jour, mais les pétroliers utilisent cette eau pour leurs forages, pour le refroidissement, avec les températures élevées qui existent dans la zone. Les industries pétrolières sont celles qui utilisent le plus d’eau, pour les distilleries, de tous côtés. Il est alors préférable qu’un groupe de personnes gagne plus d’argent et que la vie de population ne s’améliore pas.

FPS : vous avez présenté des plaintes pénales sur ces préjudices graves ? Et si oui, devant quels organismes ?
 GF :
Oui, nous avons porté plainte et fait des pétitions quand on a coupé la route ; on est alors présenté des plaintes pour pollutions à l’environnement.

FPS : Mais y a t- il eu des plaintes pénales ?
 JPF :
Oui, tout ceci a été fait.

FPS : À Buenos Aires ou là bas ?
JPF :
À Buenos Aires et, nous avons aussi fait là dénonciation quand nous sommes allés témoigner à la cour fédérale.

FPS : Devant quel juge ?
 JPF :
Là, ion l’a mis sur la table devant la cour fédérale, dans le Palais de Justice de la nation.

FPS : Devant quelle cour ?
 JPF :
A la Cour Suprême qui est rue Talcahuano. Nous sommes allés ensuite au secrétariat des Droits Humains, devant Luis Duhalde, et aussi chez le Médiateur du Peuple.

FPS : Il y a-t-il une copie de cette dénonciation ?
 JPF :
Oui, la copie existe.

FH : Ainsi nous la sortirons dans InfoMoreno.
 JPF :
voilà la copie de la plainte, mais jusqu’à présent, le seul qui s’est vraiment intéressé et qui voulait plus ou moins voir, à qui nous avons même apporté des échantillons pour des analyses, ce fut le Médiateur du peuple.

FPS : Mondino ?
 JPF :
Mondino. Mais après cela il n’est pas allé plus loin, et s’est arrêté. Il n’a pas allé au nord faire des recherches. Mais si toi tu renversais du pétrole ou toute chose à Mar del Plata, Uy !, ils sortiraient là tous les moyens, en effet ils réagiraient.

Etrange société : on perd entre temps un million de pesos, les corrompus sont encore impunis

FPS : Effectivement toute la plainte que vous faites démontre clairement comment dans ces politiques nationales d’énergie il y a des zones de premier choix, des citoyens argentins de pleins droits, et des citoyens argentins de seconde zone, de troisième ou de quatrième. Les indiens, qui n’ont ni voix, ni vote, personne ne les écoute, et c’est le cas de vous qui êtes maltraités. Il n’y a là personne qui est informé de ceci, c’est pourquoi c’est très important que la plainte soit au pénal.
 JPF :
Ils reste maintenant à porter plainte contre les différentes entreprises. Les entreprises ont porte plaine contre moi parce qu’elles disaient qu’on leur avait fait perdre entre deux et quatre millions de dollars. Beaucoup de gens des cours fédérales, les juges (Antonio Medina et Abel Cornejo)... Ils exigent des choses ! Jusqu’à 10.000 pesos de caution ! Je crois actuellement que j’ai environ un million de pesos pour des embargos, donc je suis empêché d’avoir quoi qur ce soit. Alors moi je me vais avoir l’audace de porter plainte, par exemple contre Repsol, pour 36.000 millions de dollars.

FPS : Pourquoi ce chiffre ?
 JPF :
Ce chiffre parce qu’ils nous ont enlevés les entreprises de l’État et qu’ils détruisent la vie. La vie humaine n’a pas prix.

FPS : Il me semble intéressant d’avoir la plainte et de savoir comment tu arrives à ce calcul, pour que ceci ne résulte pas d’un caprice.
 JPF :
Ce n’est pas un caprice, parce que s’ils avaient été vraiment préoccupés ils auraient utilisés des fluides écologiques mais ils ne l’ont pas fait parce que pour eux, cela signifie une perte d’argent. Alors, c’est doublement criminel... croyez-vous qu’on va arriver à indemniser tout ceci ? A moins qu’on régénère la forêt, la montagne. Ils disent actuellement que pour démonter un arbre qui est contaminé c’est comme un enfant mal nourri, c’est un arbre maigre qui ne dure ni cinq, ni dix années. Avant les arbres avaient 300 années, et c’était une pépinière. Il se passe la même chose avec la faune et la flore. Alors, que tout cet argent revienne, cet investissement revienne pour récupérer tout cela.
 GF : Ce que vous dites au sujet de l’eau et de la plainte, c’est comme une plainte, qui n’est pas faite devant une cour mais en effet devant le Secrétariat d’Oeuvres Publiques de la nation, où le projet de l’eau est présenté, une usine épuratrice, avec un rapport technique sur les maladies qui existent et avec 4.700 signatures qui ont été apportées.

FH : C’est une demande ?
 GF :
Non, concrètement c’est pour que ce soit fait, comme si on obligeait le gouvernement à réaliser ceci, par les atrocités qui arrivent. Et les 4.700 signatures, validées par un juge de paix, le plus difficile qui reste à faire c’est que signe l’entité régulatrice. Déjà, ceci a la signature de l’entité régulatrice de la province de Salta.

FH : De l’EPRE.
 GF :
Il y a la signature de l’EPRE et a 4.700 signatures qui sont actuellement présentées.

FH : où est-il, au le Ministère la Planification et des travaux Publics ?
 GF :
Oui. il a été présenté le 17 février 2005.

FH : au le Ministère... dans l’ETOSS ?
 JPF :
Oui. Alors, faut reconstruire à nouveau tout cela, parce que le sol peut être traité. Ils saisissent le dossier et nous disent "cherchent de nouvelles alternatives de travail" l’alternative de travail est de régénérer à travers l’écologie. Restituer cet argent, que cet argent soit enlevé aux entreprises multinationales, qui nous ont amenées à la faillite d’YPF. YPF est arrivé à faire du nord au sud, de l’est à l’ouest, dans la Patagonie, des contours forestiers qui ont ensuite été des potagers. Quelle entreprise multinationale fait actuellement quelque chose pour la végétation ?

FH : Le titre est intéressant : "36.000 millions de dollars enlevés aux argentins".
FPS : C’est pourquoi, cela a attiré mon attention et c’est pourquoi je voulais savoir comment tu arrives à ce chiffre.
FH : Ce titre est le plus bon, clairement, c’est la vie humaine. La vie humaine n’a pas limite...
 JPF :
elle n’a pas de prix.

FH : le double ou le triple ou beaucoup plus de ce qui a rapporté la vente de Repsol. Clairement, c’est bien. Mais c’est un titre joli.
FPS : Pepino, Moreno, ou l’InfoMoreno, pourraient s’ajouter à cette dénonciation.
 JPF :
Ce que nous voulons réellement, nous devons parler de nous, de tout un village, de tous ces villages, nous avons besoin de la solidarité de beaucoup de gens qui nous accompagnent, parce que nous seuls ne pourrons rien faire, avec des monstres semblables


Les Communautés mapuches ont obtenu un jugement favorable

FPS : Non, ce n’est pas cela, je ne me réfère pas seulement à la solidarité. Il y a là deux actions, la contre information, l’information publique ; mais il faut en outre attaquer pénalement, il faut exiger des indemnisations. Les Communautés mapuches à Neuquén ont porté l’affaire devant l’organisation de Droits Humains des États Interaméricains et ont obtenu un jugement favorable. Ils ont obligé les entreprises à une série de choses. Ils ont un jugement en suspens de 1.000 millions de dollars.
 JPF :
Nous avons même envoyé des analyses d’eau à l’Université Nationale de Salta et Tucuman, et ils ont refusé de faire les analyses.

FH : Non !
FPS : Ils ont refusé !
 JPF. :
Oui, ils ont refusé, parce qu’elles sont en cheville avec les multinationales. Même Panamerican Energy est arrivé payer à des gens de l’Université Nationale de Salta pour gagner et s’approprier des terrains où nous cherchions une alternative de travail, dans une partie de la forêt dans la Montagne sub andine. Et nous en avons parlé à Greenpeace aussi, pour qu’il s’en mêle, parce que pour nous c’est une zone d’accès difficile.

FPS : Quelles sont les mesures que recommande l’Union de trabajadores desocupados (UTD) pour faire face à cette véritable catastrophe ?
 GF :
Je crois que pour faire face à cette catastrophe nous devrions travailler, pas seulement une fois le mal fait...

FPS : Non, clairement, quels sont les projets, les mesures que proposez-vous ?
 GF :
nous devons attaquer avec des propositions, avec le travail, ce qui a été perdu en Argentine, avec le travail de recherche que nous faisons, auquel participe presque toute la Communauté. Nous parlons deux ou trois jours en sollicitant des signatures dans une place centrale, et apportons 4.700 sur pratiquement 19.000 ou 20.000 habitants. Je crois que cela est important, dans le sens où il y a un village qui nous accompagne. Rien de plus qu’inconsciemment souvent, parce qu’il ne sait pas ce qui se passe à l’heure actuelle. Mais ceci non seulement va se produire a notre village, sans différence de sexe, ni d’âge... et ceci avance. C’est pourquoi le projet de recherche sur la pollution de l’eau, où on demande de prendre de l’eau pure, pas de l’eau dure, et aussi le sujet de l’usine d’épuration, comme pour purifier l’eau : ce sont des choses qui nous vont donner travail et des alternatives pour que nous ayons une meilleure qualité de vie. Je crois que cela est important pour nous, non seulement dans notre Communauté mais en toute l’Argentine. Il y a des endroits comme le nôtre, parce qu’il faut dire que toute la partie de la cordillère où il existe des mines, sont des lieux contaminés où l’arsenic fait des désastres. Et ils ont eu l’occasion de travailler sur le secteur minier, dans la Cordillère où l’arsenic est fort. Ou le cyanure est, tous les produits chimiques, l’arsenic, tout cela tue les gens. Alors, la possibilité de travailler avec des projets alternatifs, comme dire, progressifs, est une façon d’attaquer aussi, et une façon de défendre.

FPS : Face aux couches contaminées de la zone de Mosconi, quelles seraient les mesures concrètes à prendre d’urgence ? Nous allons supposer que tu tiens le pouvoir public ?
 JPF :
La première mesure serait d’essayer d’éliminer le système de produits chimiques comme l’émulsion inversée, ce serait une des grandes mesures. Et la seconde mesure est de traiter tous ces toxiques qui ont été jetés dans la terre et dans l’eau.

L’état néo-libéral ne contrôle pas

FS : Quoi de plus ?
 JPF :
Une autre mesure est de suivre une action pour purifier l’air de la zone, parce qu’ils rejettent là le gaz et alors, comme le gaz est plus lourd que l’air, il stagne et produit la pluie acide. Une autre mesure est qu’ils fassent l’investissement nécessaire pour qu’on traite ce gaz, le gaz carbonique, le gaz sulfurique, ces gaz qui sont jetés, ce qui pourrait même donner beaucoup de travail.

FH : Il n’y a pas contrôle non plus.
 JPF :
la population indigène souffre d’une espèce de génocide silencieux. Alors, ils nous contaminent le sous-sol, la surface et l’atmosphère, les trois choses.

FPS : Comment se produit la pollution de l’atmosphère ?
 JPF :
pour essayer de purger l’extraction, quand vient le gaz qui ne sert pas, ils le ventilent. S’ils ne le brûlent pas. Mais plus dangereux, est de le ventiler que de le brûler. De plus, il fait le double de dommages. Alors, ainsi ils nous contaminent par en haut, par le bas et par le sous-sol.

FPS : Et quelles mesures seraient prises pour avoir dans un bref délai de l’eau potable ?
 JPF :
Comme nous avons en outre les eaux de versant, des eaux d’en haut de la colline, il y a le projet de faire l’aqueduc, un vieil aqueduc, que la Standard Oil a pris aussi à YPF, dans la zone de San Pedrito, qui est une confluence de ruisseaux et versants.

FPS : Quel est ce projet ?
 JPF :
Le projet s’appelle "Alto Rio Seco", il faut faire un aqueduc de 25 kilomètres, l’eau qui a été analysée est très pure. C’est une zone vierge où ils ne peuvent pas entrer, parce qu’il n’y a pas de chemins encore.
 GF : Il a même des eaux thermales. Pour vous donner une idée il a un versant qui s’appelle encore aujourd’hui "la 26", qui a seulement une traverse fait par le Régiment 28 durant les années 20, et on ne peut pas entrer, seul le régiment peut y entrer.

FH : Celle-ci a grandi, évidemment, c’est déjà la forêt.
 GF :
Clairement. À cet endroit appelé par "Laguna del Cielo" et qui a six lagunes, qui est comme un œil de la mer parce qu’elle n’a pas profondeur, et où le versant "la 26" rejoint l’eau qui vient de la "Lagune du Ciel".

FH : À quelle hauteur on le trouve ?
 GF :
Nous parlons d’eaux en haut...
 JPF : De 1.200 à 2.800 mètres.
 GF : c’est loin du forage d’eau, alors ceci nous donne nous de l’eau pure.
 JPF : Et l’exploration qui est dite géophysique, la résonance magnétique est ensuite l’autre alternative, parce qu’il y a aussi beaucoup de puits géothermiques, c’est eau minérale qui sort a 75º de température à la bouche de puits.
 GF : Et à tout ceci nous pouvons ajouter les puits aquifères, qui sont ceux de la zone est de Mosconi, où on a pas foré pratiquement. celui-là est l’autre alternative pour avoir une réserve d’eau. voilà les alternatives que peut avoir Mosconi pour avoir de l’eau 24 /24 heures, et pour pouvoir irriguer.

FH : J’ai deux questions, une pour l’enregistreur et une autre après l’enregistreur. D’abord, la présentation au Droits Humains, au Défenseur, à la Cour Suprême quand cela s’est passé ?
 JPF :
plus ou moins en juin 2003.

FH : Et il ne s’est rien passé à la Cour Suprême ? Ou est-on, l’avocat n’a pas suivi, il n’y a-rien ?
 JPF :
Bon, je suis allé demander mais ils me disent qu’ils ne savent pas où il est le dossier...

FPS : Ah, c’est à la Cour de Justice Suprême ?
 JPF :
Oui.

FH : Bon, cette copie nous en avons besoin.
 GF :
J’ai la copie.

Traduction de l’espagnol pour El Correo de : Estelle et Carlos Debiasi

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