Portada del sitio > Imperio y Resistencia > Unión Europea > Francia > France: La santé de mon président m’inquiète. Pas vous ?
Par Dominique Ruotte
El Correo. Paris, lundi 23 janvier 2006
Quelqu’un a-t-il eu connaissance d’un récent bulletin de santé émanant de l’Elysée ? Ayant parcouru son allocution de l’Ile longue, je m’inquiète réellement de son état de santé et de ses capacités mentales. Pour être franc, je suis inquiet à son sujet depuis bien plus longtemps, mais il m’apparaît que son cas ne fait qu’EMPIRER. La maladie semble inédite, relevant d’une déficience aiguë et sans doute multiple de son intellect. Moi-même n’étant pas médecin, je ne peux qu’émettre plusieurs hypothèses :
1 - S’agit-il d’un cas de paranoïa foudroyante ? Jacques, nous t’écoutons et nous t’aimons tous:
« Cette formule ne doit cependant pas laisser planer le doute sur notre volonté et notre capacité à mettre en oeuvre nos armes nucléaires. La menace crédible de leur utilisation pèse en permanence sur des dirigeants animés d’intentions hostiles à notre égard. »
Qui sont ces dirigeants qui osent troubler le sommeil de Jacques ? La privation de sommeil est une torture des plus abominable interdite par la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Jacques a-t-il des ennemis personnels ? Si tel est le cas, je veux connaître leurs noms. Jacques, dis-nous tout ; tes ennemis sont nos ennemis, cela va de soit.
2 - Jacques est-il autiste ? Jacques, nous t’écoutons et nous allons t’aider, c’est notre intérêt vital :
« Notre monde est en constante évolution, à la recherche de nouveaux équilibres politiques, économiques, démographiques, militaires. Il est caractérisé par l’émergence rapide de nouveaux pôles de puissance. Il est confronté à l’apparition de nouvelles sources de déséquilibres : le partage des matières premières, la distribution des ressources naturelles, l’évolution des équilibres démographiques notamment »
Les matières premières, les ressources naturelles etc. n’ont-elles pas toujours été la source de déséquilibres, de conflits et de toutes les convoitises. Alors, quoi de neuf docteur ? Tu vois, les raisons sont toujours les mêmes, les solutions aussi. Tu dois apprendre à partager.
3 - Jacques est-il mythomane ? Jacques, nous t’écoutons et nous te croyons sur parole, comme toujours :
« Dans le même temps, nous continuons à soutenir les efforts internationaux en faveur du désarmement général et complet, et, en particulier, la négociation d’un traité d’interdiction de la production de matières fissiles à usage nucléaire. Mais nous ne pourrons évidemment avancer sur la voie du désarmement que si les conditions de notre sécurité globale sont maintenues et si la volonté de progresser est unanimement partagée. »
Bien entendu, mais n’oublierais-tu un petit détail ? La France compte pour 15% des exportations d’armes dans le monde. Si l’on y ajoute les exportations d’armes de nos amis alliés américains et anglais, nous représentons à nous trois les trois quarts de ces exportations. Toutes les armes, conventionnelles ou non, de petits ou gros calibres, de par leur nombre toujours croissant et leur destination finale, ne sont-elles pas des armes de destruction massive ? Ne sommes-nous pas non seulement les complices, mais aussi et surtout les acteurs promoteurs principaux de la prolifération générale, accélérée, à grande échelle, des armes de destruction massive ?
4 - Jacques souffre d’amnésie. Jacques, nous t’écoutons et nous allons rafraîchir ta mémoire :
« Certes, il n’y a aucune fatalité à voir, dans un futur prochain, la relation entre les différents pôles de puissance sombrer dans l’hostilité. C’est d’ailleurs pour prévenir ce danger que nous devons œuvrer à un ordre international fondé sur la règle de droit et sur la sécurité collective, sur un ordre plus juste, plus représentatif. Que nous devons aussi engager tous nos grands partenaires à faire le choix de la coopération plutôt que celui de la confrontation. Mais nous ne sommes à l’abri, ni d’un retournement imprévu du système international, ni d’une surprise stratégique. Toute notre Histoire nous l’enseigne. »
Le 27 mars 2003, Dominique de Villepin disait :
« Nous ne refusons pas l’usage de la force, mais nous voulons mettre en garde contre les risques d’un emploi préventif, érigé en doctrine : quel exemple donnerions-nous aux autres Etats de la planète ? Quelle légitimité accorderions-nous à notre action ? Et quelle limite mettons-nous à l’exercice de la puissance ? En souscrivant à cette doctrine, il y aurait alors le risque d’introduire un principe d’instabilité et d’incertitude permanents, de ne pas maîtriser les situations et de nous lancer dans une fuite en avant.
N’ouvrons pas cette boîte de Pandore. »
Jacques mon ami, tu dois te montrer beaucoup plus persuasif quand tu engages nos grands partenaires à plus de coopération et à moins de confrontation. L’Histoire récente nous l’enseigne aussi. L’amnésie n’est pas collective. Quand tu retrouveras tes petits camarades de première classe au prochain G8, ne cède pas aux tentations, mais délivre nous du mal. Amen.
Et bien vois-tu Jacques, le président d’une nation qui ne représente (après tout) qu’1% (approximativement) de la population mondiale mais qui possède l’arme nucléaire devrait modérer ses propos et éviter les déclarations menaçantes, conformément au paragraphe 4 de l’article 2 de la Charte des Nations Unies que je te rappelle :
« Les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies. »
Cette même charte prévoit un règlement pacifique des différents qui peuvent opposer les nations. Si tu estimes que les intérêts vitaux de ta nation sont mis en danger, et avant de péter les plombs, tu peux trouver une assistance 24h/24, 7j/7 auprès du Médecin-Conseil de sécurité des Nations Unies.
J’ajoute sur ton ordonnance une piqûre de rappel de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : « La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux à qui elle est confiée (article 12) ».
Et quand je t’écoute nous dire :
« C’est la responsabilité du chef de l’Etat d’apprécier, en permanence, la limite de nos intérêts vitaux. L’incertitude de cette limite est consubstantielle à la doctrine de dissuasion. », j’ai envie de te demander : pouvons-nous en discuter tout de même avec toi, de manière responsable, ou persistes-tu à nous faire la sourde oreille ?
Allez, Jacques, je te prescris un repos forcé. Détends-toi. Vas donc faire trempette quelque temps, à Mururoa par exemple. Et si à ton retour les symptômes persistent, nous ferons valoir tes droits à une retraire anticipée, bien méritée.
C’est dans notre intérêt.
Pour ceux qui souhaitent ne pas perdre une miette des récentes élucubrations de mon président :
Allocution de M. Jacques CHIRAC, Président de la République, lors de sa visite aux forces aériennes, océaniques et stratégiques Landivisiau - l’Ile Longue / Brest (Finistère) - Jeudi 19 janvier 2006.
Pour ceux qui souhaitent connaître les sources d’inspiration de mon président, le plan prospective à 30 ans :