Portada del sitio > Nuestra América > Fernando Lugo, espoir du peuple de Paraguay et de la Grande Patrie Bolivarienne.
Dialogue avec le futur Président.
Par Heinz Dieterich
Rebelión . Espagne, le 19 Avril 2008.
Pendant la Première Guerre d’Indépendance il était courant que des prêtres des peuples combattent dans les rangs de l’insurrection populaire (Miguel Hidalgo y Costilla, José Maria Morelos), tandis que les évêques de l’Église renforçaient la main assassine du colonialisme espagnol. Fernando Lugo, ex évêque du Paraguay, casse cette règle. Comme l’évêque martyr d’El Salvador, Oscar Arnulfo Romarin, il est à la tête des luttes de son peuple et de toute personne décente au Paraguay, contre la dictature oligarchique de soixante années du Parti Colorado.
Devant l’effondrement virtuel du gouvernement de la Bolivie, l’incompréhensible inactivité des gouvernements progressistes latinoaméricains devant cet effondrement, les avances de la droite Chilienne à travers son stratagème de « délogement » du gouvernement de Michelle Bachelet, le paroxysme de la politique terroriste d’Uribe-Santos et la nécessité de consolider urgemment la structure politique (Organisation des Etats Latinoaméricains (OEL)), militaire (Conseil de la Défense d’Amérique du Sud), économique (ALBA) et financière (Banque du Sud) du naissant Bloc Régional de Pouvoir Latinoaméricain (BRPL), le triomphe de Fernando Lugo est d’une grande importance pour maintenir une corrélation de forces positives en Amérique Latine.
Fernando Lugo a suivi une politique réaliste de vastes alliances nationales et internationales, qui sont la seule possibilité pour mettre en échec la dictature de l’oligarchie paraguayenne. Dans un dialogue récent il a expliqué certains des aspects de sa lutte électorale, dont le triomphe serait le premier pas décisif dans la lutte épique pour la renaissance de la nation du Paraguay, brutalement détruite par l’Angleterre via le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et, dans la Guerre de la Triple Alliance, il y a 140 ans.
H.D. : Fernando, en octobre le 2007 tu as été invité par l’Organisation Démocrate Chrétienne d’Amérique (ODCA) et le Parti Démocrate des Etats-Unis à des entretiens au Mexique.
Quelles expériences as-tu eu à ce sujet ?
F.L. : Oui, l’ODCA m’a invité et le Secrétariat International du Parti Démocrate des Etats-Unis. Les deux événements vont dans une même direction. Nous voulons que la Communauté internationale porte le regard sur le Paraguay, parce que nous sommes convaincus que la justice électorale de notre pays n’est pas fiable ; nous croyons que se trame une grande fraude électorale au Paraguay ; nous voulons que les observateurs non seulement soient là le jour des élections mais bien avant, pour s’assurer du processus électoral paraguayen ; nous voulons avoir des garanties de transparence et de crédibilité dans la justice électorale, et tous ces sujets nous les abordons avec la Communauté Internationale. C’est aussi le sens de notre visite tant avec le Parti Démocrate des Etats-Unis, son Secrétariat International, et avec l’ODCA qui un lien avec la Démocratie Chrétienne au Paraguay.
Quel sont ces indicateurs de cette possible fraude ?
Je crois qu’il y en a plusieurs. D’abord, que les urnes électroniques utilisées dans les élections précédentes sont très vulnérables. Un fait significatif c’est que le Parti Colorado lui même dans ses élections internes du 16 décembre 2007, a exprimé des doutes sur les urnes électroniques, parce qu’elles sont vulnérables, elles ne sont pas crédibles, elles sont manipulables. Nous croyons que dans les élections précédentes où on a utilisé réellement ces urnes électroniques il y a eu une variation des résultats.
De l’ODCA, y a-t-il une disposition pour envoyer des observateurs ?
Oui. L’ODCA nous a promis notamment un assessorat technique dans les questions électorales, très important pour nous … le Paraguay a entamé un processus de nettoyage des listes électorales, par exemple, mais jusqu’à présent la composition, surtout de la justice électorale, n’est pas crédible. Et l’ODCA a des relations très proches avec le parti de la Démocratie Chrétienne au Paraguay, qui est le parti que j’ai choisi pour la candidature, dans l’Alianza Patriótica para el Cambio (APC) [Alliance Patriotique pour le Changement].
Quel intérêt le Parti Démocrate des Etats-Unis a-t-il dans des élections propres?
Bon, ils ont surtout la fondation Jimmy Carter, qui s’est offerte comme observateur des élections, et qui l’a fait dans plusieurs pays. Et tout type d’observations sont bienvenues aujourd’hui au Paraguay, non ? Surtout, je disais ceux du Parti Démocrate, que eux aussi s’ils sont au gouvernement, je crois qu’il y a une grande possibilité, que nous espérons pouvoir aborder les grands sujets des relations internationales. Je leur ai dit que depuis le Paraguay et depuis l’Amérique Latine, nombre d’actions des Etats-Unis, au niveau international, sont l’objet de beaucoup de questions surtout, et que, espérons-le que quand le Parti Démocrate pourra réorienter sa politique internationale, nous pourrions dialoguer d’égal à égal en termes de relations internationales, surtout dans la composition des rapports de force dans la planète.
Quand nous parlons cette nuit là dans la forêt, au Paraguay, tu étais une personne différente. Comment l’expérience avec le peuple dans cette campagne électorale t’a formé ?
Bon, nous avons terminé la première ronde du grand dialogue avec le peuple. Cela, m’a aidé énormément à connaître le pays et à me faire connaître dans le pays. Nous avons aussi terminé la seconde ronde, où les gens ont préparé leurs propositions pour sortir des grandes difficultés qu’a le pays. Je crois que le pays a grandi en conscience et nous pouvons aujourd’hui le dire, c’est un peuple qui a des propositions concrètes pour sortir et pouvoir dépasser les difficultés. Et cela pour moi fut une grande joie, parce qu’aucun politicien au Paraguay n’est jamais allé demander aux citoyens, ni leurs besoins et encore moins leurs propositions ; de plus, c’est donner l’occasion d’être un sujet transformateur de l’histoire et de la création de la nouvelle société à cette masse électorale, qui a un visage, un nom, une personne et qui veut être le sujet de transformation.
Le Président Duarte a sorti de prison Lino Oviedo, cela a été fait avec l’intention d’affaiblir ton appui populaire ?
D’affaiblir l’opposition, de diviser l’opposition et de diminuer le grand appui populaire que nous avons. Toutefois, malgré toute la stratégie, malgré toute la campagne de démolition d’image menées par les gens du gouvernement et les moyens de communication, jusqu’à présent ils ne sont pas parvenus à nous affaiblir. Nous continuons à avancer dans les enquêtes, dans la popularité, dans la connaissance de la citoyenneté, parce que nous croyons que Fernando Lugo est un candidat qui naît de la citoyenneté et en même temps, qui génère la crédibilité dans l’alternance et dans un réel changement qui va arriver en 2008.
En Bolivie, au Venezuela et en Équateur il y a ou il y a eu des Assemblées Constituantes après le triomphe du Président. Penses-tu à quelque chose de la sorte ?
C’est nécessaire. Au Paraguay il y a des institutions créées lors de la le dernière Constituante, qui a donné la Constitution de 1992, dont nous voyons après 15 années qu’elles ne fonctionnent pas. Je crois qu’une réforme constitutionnelle est nécessaire. Je crois que le Paraguay, son modèle de pays, le renforcement de la démocratie, le fait d’être plus institutionnaliste, a besoin d’une nouvelle Constitution. Il y a des modèles, il y a des schémas, il y a des travaux et des propositions qui sont faites. Je crois que c’est aussi une impérieuse nécessité des grandes majorités de reformuler notre Constitution, pour que ceci puisse aussi aider à redéfinir le modèle de pays où voulons vivre.
Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi.