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5 septembre 2005

Crise politique brésilienne :
Lula au milieu d’un "tous contre tous"

par Nora Di Pacce

 

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Tout indique que, pour le moment, le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, pourrait se sauver d’un procès politique. Toutefois, devant la grave crise actuelle, la question de la succession présidentielle n’est pas un mince sujet.

Cette semaine, le président de la Chambre de Députés, José Cavalcanti, a aussi été accusé de recevoir des pots de vins et sa destitution de son poste, entre autre a été demandée. Selon l’hebdomadaire ’Veja’, José Cavalcanti, qui est en outre le troisième dans la succession pour assumer à la présidence de la République en cas d’un départ forcé de Lula et de son vice président, José Alencar, aurait reçu plusieurs dépôts sur son compte bancaire via le propriétaire du restaurant situé au 10º étage du Palais Législatif à Brasilia. Il convient de rappeler que ce fut cet hebdomadaire qui a publié les premières dénonciations qui ont donné lieu à la crise politique actuelle.

Les bars et les restaurants de la Chambre sont choisis par appel d’offres, et fonctionnent comme concessionnaires des espaces cédés. C’est le propriétaire du restaurant lui même qui a dénoncé Cavalcanti et a assuré à cet hebdomadaire qu’il lui avait versé approximativement quelque 4 000 dollars par mois. Le président de la Chambre nie ces accusations et se dit victime d’une extorsion. Cavalcanti appartient à un parti d’opposition au Gouvernement, le parti Libéral, et il est arrivé à la présidence de la Chambre il y a quelques mois avec l’appui d’autres partis de l’opposition. C’est ainsi qu’ils ont arraché un poste stratégique au Parti des Travailleurs (PT) et à ses alliés.

Toutefois, par dégoût de ceux - qui ont confié que Cavalcanti serait un bâton dans les roues du Gouvernement, en peu de temps, le député a changé son discours et s’est approché chaque fois plus de Lula. L’importance d’avoir Cavalcanti comme allié était telle, qu’en juillet passé, le Gouvernement a sacrifié Olivio Dutra, un « petiste » historique, pour nommer au Ministère des Villes Marcio Fortes, du parti de Cavalcanti.

Pour sa part, le deuxième dans la ligne de succession présidentielle, le vice-président José Alencar, un industriel important avec un certain profil progressiste, vient de démissionner de son parti. Dans une réunion vendredi dernier avec le président de sa formation, Alencar n’a pas dissimulé son mécontentement par la position prise par son parti, retirant son appui au Gouvernement au Congrès. Mais le vice-président Alencar a une autre raison pour quitter les rangs, parce que certains députés « coreligionnaires » faisaient aussi partie du schéma de corruption monté au sein du Congrès, par lequel a été déclenchée une crise politique dont peu échappe.

Entre-temps, plusieurs se lèchent le babines face à la possibilité d’une succession. Le Parti da Social Democracia Brasileira ((PSDB), de l’ex président Fernando Henrique Cardoso, a les yeux rivés sur la chaise que, peut-être, Cavalcanti laissera libre. Cardoso lui-même est un des politiciens qui insistent le plus sur la possibilité d’un procès en destitution, et même quelques membres du PT accusent le PSDB de manœuvres putschistes contre le président Lula pour l’empêcher de terminer son mandat.

Pendant ce temps, le PT se débat entre le ménage interne et une possible rupture. Cette semaine, plusieurs de ses dirigeants ont annoncé quitter le parti, et il est très probable qu’ils essayent d’en former un nouveau, en assumant la ligne idéologique originale du parti fondé par Lula dans la décennie 80. Et tandis que beaucoup spéculent sur sa succession, le président brésilien semble être un équilibriste sur une corde molle, parce que tout faux mouvement peut provoquer une chute sans filet. Lula a promis "de couper sa propre chère lui-même" et doit maintenant tenir promesse, s’il ne veut pas que sa popularité continue à tomber, comme montrent les derniers sondages.

Des bruits tenaces circulent selon lesquels Lula est disposé à "livrer la tête" de son ex homme de confiance, aussi l’ex ministre et l’actuel député, José Dirceu ; celui qui, depuis le début, a été désigné comme un des ’cerveaux’ du schéma de corruption. Dirceu, un des artisans de l’arrivée de Lula au Gouvernement, s’est déjà préparé à livrer bataille, et a déclaré à la presse qu’en aucune manière il acceptera passivement une "exécution politique".

Radio Nederland. Sao Paolo, 5 septembre 2005

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Traduction pour El Correo : Estelle et Carlos Debiasi

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