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Por El Correo
12 de mayo del 2004
Alors que la colère gronde sur fonds de crise énergétique en Argentine, le gouvernement essaie de reprendre la main. Difficile d’admettre pour les argentins que leur pays qui dispose d’importantes réserves gazières et pétrolières connaît une crise énergétique, et qu’il doivent se préparer à traverser un hiver marqué par des économies de chauffage, des coupures d’électricité et des hausse de tarifs. Chaque jour de nouvelles pubs incitent les argentins à faire des économies d’énergie. Et le gouvernement a annoncé que dès que leur consommation dépassera de 5% celle de l’an dernier, les ménages seront surtaxer.
Voulant donner le change dans un contexte qui s’avère de plus en plus tendu, le gouvernement argentin a annoncé mardi la création d’une entreprise pétrolière semi-publique, à laquelle sera confiée la tâche de stimuler la production nationale de gaz et de pétrole. Energia Argentina SA (ENARSA) sera détenue à 53% par l’état fédéral, à 12% par les provinces et 35% par le secteur privé, a indiqué le ministre de la Planification Julio de Vido, lors de l’annonce du plan énergétique gouvernemental.
On ne connaît pas le montant de l’investissement que compte consacrer l’état fédéral à la création de cette nouvelle entreprise mais il est acquis que les parts détenues par l’Etat fédéral ne seront pas cessibles.
Pour mémoire, l’Etat argentin avait privatisé la compagnie nationale du pétrole YPF, en la vendant, en deux tranches (1993 et 1995), à l’espagnol Repsol. Ce dernier a depuis fait ses choux gras, a encaissé les bénéficies de cette exploitation, bénéfices qu’elle n’a pas d’ailleurs rapatrié dans le pays.
La semaine dernière, lors de son dernier voyage aux Etats-Unis, le président Nestor Kirchner avait accusé Repsol-YPF de maintenir artificiellement basse sa production nationale d’hydrocarbures, accentuant ainsi la gravité de la crise énergétique que connaît actuellement le pays latino-américain.
Un constat que tous les analystes partagent, il est totalement anormal qu’un pays disposant d’autant de ressources énergétiques connaisse une crise et soit obligé de mendier à certains de ses voisins du gaz ou du pétrole. Les coupables sont connus. Les compagnies privatisées qui exploitent les ressources ont volontairement négligé les investissements à moyen terme , adoptant une politique de terre brulée, et limiter les capacités de production pour obliger l’Etat à relever les tarifs.
L’objectif d’ENARSA serait "de participer au marché des carburants, afin de garantir la disponibilité et les prix des produits" du secteur. Elle devra faire en sorte de "retrouver un niveau de réserves, de production, de fourniture de gaz et de génération électrique compatible avec la demande". Le ministre a précisé, sans donner de chiffres, qu’il sera mis en oeuvre "rapidement un plan d’investissement décennal pour l’exploration et l’exploitation" d’hydrocarbures, afin que la production "puisse satisfaire la demande".