recherche

Accueil > Notre Amérique > Terrorisme d’Etat > Argentine > Après 25 ans d’existence, voici venu le temps de la dernière Marche de la (…)

16 février 2006

Merci pour tout, les mamies !

Après 25 ans d’existence, voici venu le temps de la dernière Marche de la Résistance des Mères de la Place de Mai.

 

Toutes les versions de cet article : [Español] [français]

L’association présidée par Hebe de Bonafini a décidé qu’elle n’organiserait plus de marches car dit-elle, « il n’y a plus d’ennemi à la Maison Rose ». Des musiciens et des artistes se produiront alors. Hebe de Bonafini sera aujourd’hui sur la Place de Mai, à la tête de sa dernière Marche de la Résistance.

La marche qui aura lieu aujourd’hui sera la dernière Marche de la Résistance. L’association des Mères de la Place de Mai présidée par Hebe de Bonafini a estimé que la journée de lutte surgie il y a 25 ans de cela ne sera répètera pas, car « il n’y a plus d’ennemi ni de dictature à la Maison Rose ». Sur la consigne « 1500 jeudi de lutte et de résistance, contre la faim qui est un crime », les Mères de la Place de Mai commenceront, dès 18 heures, à faire le tour de la Pyramide, et ce 24 heures d’affilée, comme elles le firent la toute première fois, en pleine dictature, pour réclamer leurs fils disparus. Sur la place, deux scènes où défileront des dizaines de musiciens et groupes de musique, seront également montées ; et des artistes plastiques peindront en outre une peinture murale sur laquelle ils représenteront l’histoire des marches et les différents slogans qui ont les ont rythmé.

« Nous en avons décidé ainsi car il n’y a plus d’ennemi ni de dictature à la Maison Rose, pas plus qu’il n’y en a eu avec les présidents précédents, et il n’y plus lieu de s’opposer au gouvernement actuel ; il faut au contraire l’accompagner dans sa démarche ; nous assistons à l’heure actuelle à une ère politique nouvelle, à un projet latino-américain nouveau, et c’est de cela qu’on a toujours rêvé » avait indiqué De Bonafini à Página/12 lorsque l’Association des Mères de la Place de Mai a décidé de mettre fin au cycle des marches, même si elle n’abandonnerait pas ses traditionnelles réunions du jeudi. « En plus de rendre hommage aux 30000 enfants qui ont combattu la dictature, cette dernière marche a également pour but de saluer toutes les travailleuses et tous les travailleurs des usines et des entreprises récupérées », signale le portail web de l’association.

Cette décision a suscité une polémique parmi les organismes de défense des droits de l’homme. « Nous n’avons pas été consultés ; [De Bonafini] a peut-être décidé d’y mettre fin, et c’est son choix, mais nous ne partageons pas son avis, car contrairement à ce qu’elle dit, ce n’est pas une marche contre le Gouvernement, et même si cela ne va pas à son encontre, il est nécessaire de continuer à exiger la vérité ; on ne sait toujours pas ce qu’il est advenu des 30000 disparus, les assassins sont en liberté et 500 enfants enlevés n’ont toujours pas été retrouvés », a également expliqué Estela Carlotto, présidence de l’association des Grands-Mères de la Place de Mai, à ce journal.

Et même « Mères de la Place de Mai - Ligne Fondatrice », l’autre courrant qui représente les mères de la Place de Mai, a effectué sa propre Marche de la Résistance aux premiers jours du mois de décembre, marche durant laquelle ses membres ont répandu les cendres de Azucena Villaflor - fondatrice de l’organisation, qui avait été séquestrée et assassinée par la dictature - juste à côté de la Pyramide de la Place. Le slogan scandé en cette occasion a été celui de « hissons les bannières et continuons la lutte ».

En 1981, les Mères de la Place de Mai avaient décidé de redoubler d’efforts pour que leur combat pour réclamer la vie de leurs enfants disparus se renforce et ne passe pas inaperçu. Elles décidèrent alors, en plus des réunions qu’elles faisaient le jeudi soir, d’organiser une journée complète, à faire le tour de la Pyramide de la Place de Mai. La nuit de la première Marche de la Résistance, elles se retrouvèrent « seules et dénuées de tout, à cause de la fatigue » - a souvent répété Bonafini - tout en marchant sur la place, en pleine dictature. Et 25 ans après, une partie des mères de la Place de Mai a donc jugé qu’il était nécessaire de mettre fin à cette forme de lutte, en se retirant massivement.

Por Página 12.
Buenos Aires, Mercredi, 25 janvier 2006

Traduction pour El Correo de Pierre Molines

Retour en haut de la page

El Correo

|

Patte blanche

|

Plan du site