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Comme on pouvait s’y attendre, ce qui s’est passé à Tachkent n’a pas été rapporté par l’Occident collectif et n’a toujours pas été digéré par une grande partie de l’Est.
La réunion du Conseil des Ministres des Affaires Etrangères de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) à Tachkent, vendredi dernier [29/07], a porté sur des affaires très sérieuses.
Il s’agissait de la réunion préparatoire clé avant le sommet de l’OCS qui se tiendra à la mi-septembre dans la légendaire Samarkand, où l’OCS publiera une « déclaration de Samarkand » très attendue.
Comme on pouvait s’y attendre, ce qui s’est passé à Tachkent n’a pas été rapporté par l’Occident collectif et n’a toujours pas été digéré par une grande partie de l’Est.
Une fois encore, c’est au Ministre russe des Affaires Etrangères, Sergueï Lavrov, qu’il est revenu de trancher dans le vif. Le plus grand diplomate du monde, au milieu du drame tragique de l’ère de la non-diplomatie, des menaces et des sanctions inventées par les Etats-Unis d’Amérique [&Co], a mis en évidence les deux thèmes principaux qui se chevauchent et qui font de l’OCS l’une des organisations clés sur la voie de l’intégration de l’Eurasie.
C’est pourtant lors de la session Q@R que Lavrov a, à toutes fins utiles, détaillé toutes les grandes tendances de l’état actuel, incandescent, des relations internationales. Voici les principaux points à retenir.
– Afrique : « Nous sommes convenus de soumettre aux dirigeants, pour examen, des propositions d’actions spécifiques pour passer à des règlements en monnaies nationales. Je pense que tout le monde va maintenant y réfléchir. L’Afrique a déjà une expérience similaire : des monnaies communes dans certaines structures sous-régionales, qui, néanmoins, dans l’ensemble, sont liées aux monnaies occidentales. À partir de 2023, une zone de libre-échange continentale commencera à fonctionner sur le continent africain. Une étape logique serait de la renforcer par des accords monétaires ».
– La Biélorussie - et bien d’autres - est impatiente de rejoindre l’OCS : « Il existe un large consensus sur la candidature biélorusse (...) Je l’ai ressenti aujourd’hui. Il y a un certain nombre de prétendants au statut d’observateur, de partenaire de dialogue. Certains pays arabes montrent un tel intérêt, tout comme l’Arménie, l’Azerbaïdjan et un certain nombre d’États asiatiques ».
– La diplomatie du grain : « En ce qui concerne la question des céréales russes, ce sont les sanctions US qui n’ont pas permis la pleine application des contrats signés en raison des restrictions imposées : Les navires russes sont interdits d’accès à un certain nombre de ports, il y a une interdiction pour les navires étrangers d’entrer dans les ports russes pour prendre des cargaisons d’exportation, et les taux d’assurance ont augmenté (...) Les chaînes financières sont également interrompues par les sanctions illégitimes des États-Unis et de l’UE. En particulier, la Rosselkhozbank, par laquelle transitent tous les principaux règlements des exportations alimentaires, a été l’une des premières à figurer sur la liste des sanctions. Le secrétaire général de l’ONU, A. Guterres, s’est engagé à supprimer ces obstacles pour faire face à la crise alimentaire mondiale. Nous verrons ».
– Taiwan : « Nous n’en discutons pas avec notre collègue chinois. La position de la Russie sur l’existence d’une seule Chine reste inchangée. Les États-Unis confirment périodiquement la même ligne en paroles, mais dans la pratique, leurs « actes » ne coïncident pas toujours avec les paroles. Nous n’avons aucun problème à défendre le principe de souveraineté chinoise ».
– L’OCS doit-elle abandonner le dollar US ? « Chaque pays de l’OCS doit décider lui-même dans quelle mesure il se sent à l’aise de dépendre du dollar, en tenant compte du manque absolu de fiabilité de cette monnaie pour d’éventuels abus. Les Etasuniens y ont eu recours plus d’une fois à l’égard d’un certain nombre d’États ».
– Pourquoi l’OCS est importante : « Il n’y a pas de leaders et de suiveurs dans l’OCS. Il n’y a pas de situations dans l’organisation comme dans l’OTAN, lorsque les États-Unis et leurs alliés les plus proches imposent une ligne ou une autre à tous les autres membres de l’alliance. Dans l’Organisation de coopération de Shanghai, la situation que nous observons actuellement dans l’UE n’existe pas : des pays souverains sont littéralement « assommés », on leur demande soit de cesser d’acheter du gaz, soit d’en réduire la consommation en violation des plans et des intérêts nationaux ».
Lavrov a également tenu à souligner comment « d’autres structures dans l’espace eurasiatique, par exemple l’UEE et les BRICS, sont fondées et fonctionnent sur les mêmes principes » que l’OCS. Il a également évoqué la coopération cruciale avec les dix pays membres de l’ANASE.
Il a ainsi préparé le terrain pour le clou du spectacle : « Tous ces processus, interconnectés, contribuent à former le grand partenariat eurasiatique, dont le président Vladimir Poutine a parlé à plusieurs reprises. Nous y voyons un avantage pour l’ensemble de la population du continent eurasiatique ».
La véritable grande histoire des Raging Twenties [Livre de Pepe Escobar NDLT] est de savoir comment l’opération militaire spéciale (OMS) en Ukraine a de facto donné le coup d’envoi de « tous ces processus », comme l’a mentionné Lavrov, menant simultanément à l’inexorable intégration de l’Eurasie.
Une fois de plus, il a dû rappeler deux faits fondamentaux qui continuent d’échapper à toute analyse sérieuse dans tout l’Occident collectif :
Il est également opportun que Lavrov remette une fois de plus l’Afghanistan, l’Irak et la Libye dans leur contexte :
Poutine, Lavrov, Patrouchev, Medvedev ont tous souligné ces derniers temps le caractère raciste et néocolonial de la matrice OTANistan. L’OCS et d’autres organisations pan-eurasiennes jouent un jeu complètement différent - respectueux, consensuel. Et c’est pourquoi elles attirent toute l’attention de la plupart des pays du Sud. Prochain arrêt : Samarkand.
Pepe Escobar pour Strategic Culture Foundation
Strategic Culture Foundation, le 30 juillet 2022
Traduction de l’espagnol pour El Correo de la Diaspora par : El Correo de la Diaspora
El Correo de la Diaspora. Paris le 31 juillet 2022
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