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10 décembre 2009

Opération Mexique :
Programme argentin de « reddition extraordinaire » révélé par des documents déclassifiés.

 

L’analyste du National Security Archive présente de nouvelles preuves devant un tribunal argentin. Des documents des archives paraguayennes corroborent la version du seul témoin survivant, Jaime Dri.

Par Carlos Osorio
Assisté par Marianna Enamoneta
National Security Archive Electronic Briefing Book 300.
Washington, DC, le 8 décembre 2009.

Pour plus d’information contacter :
Carlos Osorio - 202/994-7061 cosorio@gwu.edu

Leer en español / English version

Le National Security Archive révèle aujourd’hui un document que Jaime Dri, seul survivant, a directement connu sur l’ Opération Mexique qui a forcé des disparus détenus à Rosario à participer à un escadron de la mort pour infiltrer la direction des Montoneros dans la ville de Mexico en janvier 1978. « DRI, JAIME « Pelado » (Chauve) » indique le document, fut présent quand vint « de retour de Mexico, la commission officielle » qui partie de Rosario.

Dri a été capturé en décembre 1977 et ensuite est passé par un périple qui l’a porté à plusieurs centres de détention clandestine y compris celui de Rosario où il a trouvé 14 détenus aujourd’hui disparus, « Tucho » Valenzuela et des agents d’intelligence qui ont obligé plusieurs d’eux à aller au Mexique. Le 19 juillet Dri s’est échappé de Asuncion au Paraguay. Ses kidnappeurs clandestins, ont envoyé demandes désespérées à leurs homologues au Paraguay et ont laissé des pistes selon lesquelles Dri a été vu ces huit mois. Un rapport du 21 juillet 1978 de l’État Major Général des Forces Armées Paraguayennes trouvé dans les Archives de la Terreur dit qu’ils ont reçu une demande de recherche d’une agence secrète argentine pour Jaime Dri qui « s’est échappé des Autorités Argentines de Pilcomayo, Argentine » vers le Paraguay. La demande de l’Argentine inclut un manuel de deux pages sur Dri où ils établissent clairement que « de retour du Mexique, la commission officielle qui accompagne « TUCHO » fit savoir à DRI JAIME « Chauve » » des nouvelles du Mexique. « TUCHO » » Valenzuela fut un des séquestrés sorti d’une prison en Argentine et obligé à voyager avec les agents d’intelligence.

Le rapport découvert par Carlos Osorio, directeur du Projet de Documentation du Cône Sud du National Security Archive, dans les Archives de la Terreur du Paraguay, a été présenté hier devant le tribunal numéro 1 de Rosario Argentine, où sont jugés des agents du détachement d’intelligence 121. L’affaire Guerrieri, du nom d’un des inculpés, traite de la détention illégale et du meurtre qui a suivi de 14 insurgés Montoneros dans une prison secrète dans la ville de Rosario, Argentine. Les prisonniers ont ét témoins et forcés de collaborer à ce que l’on appelle l’Opération Mexique, un groupe d’intelligence militaire envoyé à Mexico pour éliminer des dirigeants Montoneros en janvier 1978. [Voir : 1978 : Opération Clandestine de l’Intelligence Militaire Argentine au Mexique</U> , National Security Archivez Electronic Briefing Book 241]

Les documents du Paraguay sont complétés par la demie douzième d’autres publiés en janvier 2008 par le National Security Archive provenant de la Direction Fédérale de Sécurité du Mexique (DFS) qui rendent compte que la DFS a capturé et a interrogé deux des agents secrets argentins et les a expulsé vers leur pays. « Les nouveaux documents concluent une triangulation de preuves documentaires internationales sur l’Opération Mexique et confirment la véracité du témoignage de Dri qui durant des années, fut seulement connu à travers le livre Recuerdos de la Muerte » a dit Carlos Osorio.

Ce bulletin électronique comprend les documents centraux provenant des Archives de la Terreur et ils sont accompagnés de douze autres des USA, de l’Argentine et du Mexique qui vérifient la solidité de l’histoire parue dans le livre Recuerdos de la Muerte [de Miguel Bonasso]. Pas à pas, les documents que nous présentons aujourd’hui dans cette note présentent un récit qui colle parfaitement avec le témoignage de Dri : sa capture et blessure en Uruguay, son transfert clandestin à l’École de Mécanique de l’Armada (ESMA)[Marine Argentine] à Buenos Aires et ensuite Rosario, le fait d’être témoin de l’Opération Mexique, être à nouveau dans l’ESMA et s’être échappé par Asuncion au Paraguay. Un rapport de l’Ambassade des USA par exemple informe que Dri a été « prisonnier près de Montevideo le 15 décembre dernier » et livré « discrètement aux autorités argentines » en 1977. D’autre part un document secret d’une agence d’intelligence argentine informe qu’en juillet 1978 « il s’est échappé d’un Taxi en route pour Itá Enramada [Paraguay] de sa garde ».

Après s’être échappé au Paraguay, Dri s’est réfugié à l’Ambassade du Panama, pays d’origine de son épouse et où il s’est finalement établi.

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Documents :

Les documents des Archives de la Terreur utilisés dans cette publication sont propriété de la Cour Suprême de Justice et ont été mis à la disposition publique grâce à la courtoisie et l’assentiment de l’Excellentissime Cour Suprême de Justice, dans le cadre de plusieurs accords en appui au Centre de Documentation et Archives (CDyA). Des copies officielles des originaux peuvent être demandées au CDyA, au PALAIS de JUSTICE, Testanova et Mariano Roque Alonso, 8vo. Étage Of.13, Asuncion - Paraguay, Tel : 595-21-424212/15 Internes : 2269, e-mail : cdya_py@hotmail.com, http://www.pj.gov.py/cdya . Les nouvelles découvertes ont été faites en utilisant un outil clef de recherche du CDyA, les Archives de la Terreur Numérique (ATD). L’ATD est un instrument qui dispose de la digitalisation dans une base de données des 300.00 documents des Archives de la Terreur.

30 décembre 1977
 Droits Humains : Arrestation par le GOU du Pianiste Miguel Estrella et Autres Présumés Montoneros en Uruguay

Câble Secret de l’Ambassade des USA à Montevideo.

19771230

L’Ambassade des USA en Uruguay informe que l’arrestation du pianiste argentin réfugié en Uruguay Miguel Angel Estrella fait partie d’une série de coups de filet menés à bien entre le 15 et 16 décembre où ont été capturées huit Montoneros. Ces derniers « attendent d’être extradés vers l’Argentine ».

Jaime Dri, dans le récit de sa détention clandestine, raconte* qu’il est tombé dans ce filet. Le mot « extradés » est utilisé dans le câble comme un euphémisme. Des recherches effectuées postérieurement donnent la preuve que les prisonniers ont été illégalement transférés d’une force de sécurité uruguayenne à une force de sécurité argentine.

* « Au moins c’était tout ce que le Pelado [Jaime Dri] se rappelait. L’explication la plus simple était que toute la structure clandestine était tombée à partir de la surveillance du sommet de l’iceberg : la maison de [Miguel Angel] Estrella ». (Bonasso, 56)

4 janvier 1978
 Droits Humains : Rubén de Gregorio

Câble Secret de l’Ambassade des USA à Montevideo

19780104

L’Ambassade des Etats Unis à Montevideo informe que le citoyen argentin Rubén de Gregorio a été capturé par des autorités uruguayennes alors qu’il essayait d’entrer dans le pays …. Au moment d’être arrêté, de Gregorio était en possession d’un revolver calibre 38 … " Plus tard, dit le câble, il a été « livré aux autorités argentines ».

Jaime Dri dans ses déclarations* rend compte d’avoir été prisonnier avec de Gregorio dans le centre clandestin de détention de l’École de Mécanique de la marine Argentine, ESMA.

* « Sordo [Sourd] de Gregorio, un membre supérieur du Parti [Montoneros] qui était tombé à Colonia, quand ils l’ont trouvé avec un révolver dans un termos pour le maté » (Bonasso, 55-56)

6 janvier 1978
 Rubén de Gregorio

Câble secret de l’Ambassade des USA à Buenos Aires.

19780106

Faisant suite au câble de l’Ambassade à Montevideo du 4 janvier, l’Ambassade des USA en Argentine informe que « une source habituellement fiable… a dit le 19 décembre 1977 que Gregorio était un cadre du haut rang au sein des Montoneros et qu’il était détenu dans l École de Mécanique de l’Armada ».

De Gregorio a disparu après avoir été vu prisonnier à l’ESMA par plusieurs témoins y compris Jaime Dri*.

* « Près de l’ESMA ceux de la [voiture Ford] Falcon ont appelé Selenio, annonçant le retour. Dix minutes après les infirmiers déposaient le Sordo [de Gregorio] sur un brancard de l’infirmerie ». (Bonasso, 321)

12 janvier 1978
 Demande d’Assistance des USA pour Trouver un Parlementaire

Câble Secret de l’Ambassade des USA à Rome.

19780112

Le Ministre Conseil (Deputy Chief of Mission) étasunien à Rome explique au Département d’État et aux Ambassades à Montevideo et Buenos Aires que l’Ambassadeur a reçu une lettre du Nonce Apostolique demandant de l’aide pour localiser le parlementaire argentin Jaime Dri. Le Nonce a pris cette initiative à la demande du frère de Jaime Dri, qui est prêtre à Rome. Selon l’information fournie, Jaime Dri se trouvait en Uruguay quand il a cessé de communiquer avec sa famille en décembre. On dit que la famille Dri est amie du président panaméen Omar Torrijos. Le Nonce sollicite que l’ambassade étasunienne à Montevideo fasse des recherches pour clarifier ce qui est arrivé à Jaime Dri.

18 janvier 1978
 Conférence de Presse de Tucho Valenzuela</U>

Transcription de la Direction Fédérale de Sécurité du Mexique.

19780118

Dans une conférence de presse explosive à Mexico, le Montonero Tulio [Tucho] Valenzuela raconte comment il a été capturé à Rosario, en Argentine, à la fin de l’année 1977, détenu clandestinement avec un groupe de Montoneros forcés à collaborer avec l’Armée argentine, et emmené au Mexique avec un autre collaborateur et des agents d’intelligence argentins afin de porter un coup aux Montoneros qui ont une base politique à Mexico. Une fois dans cette ville, Valenzuela échappe au contrôle des agents d’intelligence argentins et dénonce l’opération devant la presse. Ce document obtenu de la Direction Fédérale de Sécurité du Mexique, transcrit les déclarations de Valenzuela. Parmi d’autres révélations, Valenzuela rend compte que :

« Dans un endroit du Second Corps de l’armée [argentine à Rosario] un des compagnons qui est dans cette villa est le compagnon Jaime Dri, qui m’a raconté l’histoire de sa détention et comment il est arrivé jusque là. Le compagnon a été arrêté dans la rue quand il était dans une voiture, après un rendez-vous avec le compagnon Juan Alejandro Barry. Ils les ont heurtés dans une voiture. Ils étaient désarmés. C’était en Uruguay. Ils ont essayé de s’échapper … ils ont tué le compagnon Barry et le compagnon Jaime Dri a reçu deux impacts, un dans chaque jambe. Il est immédiatement transféré … [à] des dépendances militaires de l’Armée de l’Uruguay et est torturé sauvagement pendant 15 jours …. Ils prennent part l’interrogatoire des membres de l’École de Mécanique de l’Armada … ils Transfèrent au compagnon Jaime Dri à l’École Mécanique de l’Armada … plus tard le compagnon Jaime Dri est transféré à Rosario, dans cette même maison où je suis … Il m’a aussi raconté les circonstances de la capture d’un commandant en second du parti [Montoneros], compagnon de Gregorio, qui a été capturé à Colonia [Uruguay] le 14 novembre … »

Tulio Valenzuela explique en outre qu’avant d’arriver au Mexique les agents d’intelligence et les prisonniers sont passés par le Brésil et le Guatemala. Dans ses déclarations parues dans le livre Recuerdo de la Muerte, Jaime Dri raconte qu’il a été transféré de l’ESMA à Rosario temporairement, où il a trouvé à Tulio Valenzuela et il a été informé de l’opération de l’intelligence militaire au Mexique.

Note  : Le transcripteur de la conférence de presse est sûrement un agent d’intelligence mexicain qui ne connaît pas le contexte ce pourquoi plusieurs noms dans la transcription sont changés sûrement par ignorance du transcripteur sur comment écrire les noms originaux. Jaime Dri par exemple apparaît comme Jaime Lit. Une version originale de ces déclarations trouvée parmi les documents du Département des USA, a été publiée en 2008 dans la note électronique Opérations Clandestines de l’Intelligence Militaire Argentine au Mexique, National Security Archive Electronic Briefing Book 241.

20 janvier 1978
 Lettre au Président des USA James Carter de Olimpia Díaz</U>

Copie de lettre dans les archives du Département d’État des USA

19780120

Deux jours après avoir été informé du témoignage du citoyen argentin Tulio Valenzuela au Mexique, l’épouse de Jaime Dri, la panaméenne Olimpia Diaz, envoie une lettre adressée au président américain James Carter sollicitant son aide pour localiser son conjoint. Olimpia explique qu’avant de disparaître, son conjoint a été vu pour la dernière fois à Montevideo le 10 décembre 1977, en route vers Panama. En outre, elle a été informée que vers le milieu de décembre, plusieurs argentins ont été arrêtés en Uruguay et ont été transférés en Argentine, ce qui coïncide avec la disparition de son conjoint et elle craint qu’il se trouve parmi eux. Ce qui a confirmé ses soupçons ce fut les déclarations faites par Tulio Valenzuela. À la fin de sa lettre, Olimpia ajoute que son beau-frère, frère de Jaime Dri, « a fait des démarches auprès du Saint Siège ».

23 janvier 1978
 Parlementaire Disparu - Jaime Feliciano Dri Lodi

Câble Secret de l’Ambassade des USA à Montevideo

19780123

En réponse à la demande de l’ambassade étasunienne à Rome le 12 janvier 1978, l’ambassade étasunienne à Montevideo envoie un câble secret destiné à ses homologues à Rome, en expliquant que Jaime Dri a été fait « prisonnier près de Montevideo le 15 décembre dernier, pendant un coup de filet des forces de sécurité locales contre des terroristes argentins Montoneros ». Et il ajoute que « le sujet a offert une résistance armée et a été blessé à la jambe avant sa capture. De plus ils nous ont informé que le GOU [Gouvernement de l’Uruguay] a l’intention de livrer tous les prisonniers de façon cachée aux autorités argentines … la détention du sujet [Dri] n’est pas, répète t-on, de connaissance publique … les détails de l’incident, les identités de ceux arrêtés n’ont pas été publiés et leur destin éventuel, est information retenue fermement par le GOU ». Le câble termine en disant que « l’information précédente est classée et extrêmement sensible et c’est tout ce qui est à la disposition de l’ambassade et nous ne pensons pas qu’il est possible d’extraire une information utile et déclassifiée qui puisse être transmise au Nonce Apostolique à Rome ».

17 mars 1978
 Lettre à Olimpia Díaz

 Enquête sur ce qui concerne Jaime Dri
Documents de l’Ambassade des USA en Panama

19780317b
19780317a

À la demande de la Maison Blanche, la Seconde Secrétaire de l’ambassade étasunienne au Panama, Ruth Hansen, a pris contact avec Olimpia Díaz en l’informant qu’ils sont entrain de demander à l’Ambassade des USA en Argentine de recueillir toute information qu’ils ont en ce qui concerne Jaime Dri. Ce même jour, Hansen envoie un mémorandum à l’Ambassade des USA à Buenos Aires en lui demandant de l’information sur le cas de Jaime Dri. Étonnamment, on ne mentionne d’aucune part l’information que détient l’Ambassade des USA à Montevideo sur la détention effective de Jaime Dri et son transfert probable aux forces de sécurité argentines.

10 avril 1978
 Lettre de Horacio Dimanche Maggio à Associated Press
 Lettre de Horacio Dimanche Maggio à l’Ambassadeur des Etats-Unis

Lettre personnelle dans les archives du Département d’État

19780410b
19780410

Un prisonnier clandestin qui s’est échappé de l’École Mécanique de la Marine envoie une longue lettre à l’Ambassadeur des Etats-Unis Raúl Castro. Dans celle-ci il rend compte d’un immense centre de détention dans ces installations et des aberrantes pratiques de torture. En particulier, Horacio Domingo Maggio raconte qu « ils m’ont transféré à ce que j’ai ensuite su était l’École Mécanique de la Marine. J’ai été soumis à des tortures (« picana » ou « machine » et « sous-marin ») tout comme la majorité des gens qui étaient là et qui continuent encore à l’être. Parmi eux… le dirigeant national du Mouvement Peronista Montonero, Jaime Dri, qui fut kidnappé en Uruguay ».

Juin 23, 1978
 Disparition de Jaime Dri

19780623

En réponse à la lettre de l’ambassade étasunienne au Panama du 17 mars 1978, l’ambassade à Buenos Aires informe qu’elle a présenté le cas de Jaime Dri au Groupe de Travail de Droits Humains du Bureau du Ministère des Relations Extérieures argentin. Toutefois, Buenos Aires fait remarquer que ce bureau seulement répond généralement « à des demandes où les personnes ont été légalement arrêtées sous des charges criminelles ou par décret de l’exécutif ». L’implication est qu’ils n’obtiendront probablement pas réponse positive du au fait que Dri est disparu, c’est-à-dire arrêté clandestinement. Il surprend qu’à la fin le câble laisse entrevoir qui ne connaissent pas l’information que l’Ambassade de Montevideo a en ce qui concerne l’effective détention de Dri. L’Ambassadeur Castro conclut en remettant « Pour l’Ambassade de Montevideo : Des matériels sur ce cas sont des envoyés par valise diplomatique parce qu’il paraît que le kidnapping s’est produit en Uruguay ».

20 juillet 1978
 Disparition de Jaime Dri

19780720a

Une brève note de l’Ambassade du Panama répond au memo de Buenos Aires et indique que Olimpia Diaz a été informée des maigres résultats qui ont été obtenus en Argentine. Selon le rapport, Olimpia Díaz a été aussi mise en contact avec le gouvernement de Panama, qui fait soit disant des recherches sur ce cas à travers son ambassade en Argentine.

20 juillet 1978
 Données Personnelles du sujet Jaime Dri

Note de la Police de Asuncion, Paraguay

19780720b

Le Chef de la police de Asuncion, Paraguay, remet à son subalterne le Chef de la Direction de Recherches « photocopie de la photographie et des données personnelles du sujet Jaime Dri, afin que cela permettre sa capture ». Les données ont été évidemment fournies aux paraguayens par une force de sécurité argentine.

Avec la photographie, une série de données indiquent « Jaime Dri, « Pelado », cadre des Montoneros … Chemise à carreaux, pantalon gris ». Et ils concluent « Hier, s’est échappé d’un Taxi sur la route de Itá Enramada et de sa garde » *.

* Dans Recuerdo de la Muerte cet épisode est ainsi rapporté : « - Je me prends un taxi …

 Nous Allons à Itá Enramada ! - ordonne [le garde] Alberto … En marche, Pelado [Jaime Dri] ouvre la porte et se lance … » (Bonasso, 428)

21 juillet 1978

 Demande de recherche N° 020/78 : Activités d’éléments subversifs Montoneros

 Annexe 1 : Photos, signalement et document d’identité
Document de l’État Major Général de la Force Armée du Paraguay (ESMAGENFA)

19780721b
19780721a

La Police d’Asuncion, Paraguay, transcrit un rapport du Département II d’Intelligence de l’État Major Général des Forces Armées Paraguayennes (ESMAGENFA). L’Armée a reçu « d’une Agence d’Intelligence de pays ami » une demande pour capturer Jaime Dri qui « s’est échappé des Autorités Argentines de Pilcomayo, Argentine » vers le Paraguay. « Au moment de la fuite, l’individu était habillé d’une chemise manches longues à raies verticales, de couleur rosé et d’un pantalon gris " *. Parmi les annexes à l’avis de recherche sont incluses des photos, signalement, un document d’identité et un rapport sur Jaime Dri.

* Dans Recuerdo de la Muerte, Jaime Dri indique que « [l] à policier doit avoir ou la description d’un homme haut, chauve, ainsi et ainsi, habillé avec un jean et une chemise de couleur attrayante » (Bonasso, 430).

21 juillet 1978
 Annexe 1 : Manuel : Rapport Sur la Situation Personnelle de Jaime Dri, Pelado

Document d’Agence de Sécurité Argentine.

19780721c

L’avis de Recherche 020/78 de l’ESAMGENFA du Paraguay inclut un Casier d’une agence d’intelligence Argentine inconnue. Le document donne un panorama général de Jaime Dri et de ses attitudes dissidentes de Montoneros. Dans un paragraphe remarquable, le document confirme une demi douzaine d’aspects secrets clé de l’’Opération Mexique, qui jusqu’à aujourd’hui étaient seulement connus par le témoignage de Jaime Dri. Lancée en janvier 1978, l’Opération Mexique a impliqué des fonctionnaires de l’intelligence argentine, et des Montoneros capturés, ceux qui ont voyagé depuis l’Argentine vers le Mexique afin d’assassiner la direction des Montoneros à Mexico. L’Opération a échoué, les agents sont retournés en Argentine et ont assassiné les prisonniers témoins. Jaime Dri a survécu.

Entre autres, Dri dans son témoignage publié rend compte que  :

1. le groupe d’intelligence est sorti en mission officielle de Rosario, Argentine direction le Mexique
2. ils emmenaient prisonnier le Montonero Tulio [Tucho] Valenzuela
3. les agents d’intelligence allaient en mission officielle au Mexique
4. sur le chemin ils ont fait que Tucho feigne de ne pas être capturé et appelle à ses contacts au Mexique
5. a répondu l’épouse de Jaime Dri, Olimpia Díaz, qui a informé qu’elle retournerait bientôt à Panama.
6. Jaime Dri a vu les agents d’intelligence repartir après l’échec de l’Opération Mexique

Le manuel ratifie ce récit en disant,

« De retour du Mexique, la commission officielle qui accompagne « TUCHO » a fait savoir à DRI JAIME « Pelado », que à l’occasion d’un appel de « TUCHO » depuis le Brésil à la maison Argentine à Mexico, il est entré en contact avec elle [son épouse] qui à ce moment se trouvait là ; et avait déclaré que le jour suivant elle retournait au Panama ».

*Dans Recuerdos de la Muerte plusieurs épisodes sont ainsi rapportés :

« Valenzuela appelle au Mexique … A sa surprise lui répond Olimpia Díaz. La « negra » lui dit … qu’elle retourne à Panama … » (Bonasso, 208)

« Les protagonistes de l’Opération Mexique s’étaient déjà réintégrés …. » (Bonasso, 280)

4 octobre 1978
 Disparition de Jaime Dri

19781004

En octobre le 1978, l’ambassade étasunienne en Argentine, envoie un rapport à l’ambassade de Panama regrettant le manque d’information obtenue sur le cas de Jaime Dri. Selon le rapport, « il nous semble que Jaime Dri est un parmi les milliers de disparus dont le destin est inconnu … à de très rares occasions quelqu’un qui a disparu apparaît dans une liste d’une prison. La réponse standard pour quelqu’un qui a disparu est il n’y a pas registre de détention ».

Et conclut « nous sommes désolés de ne pas pouvoir offrir à Madame Dri quelque élément positif ou y compris d’information solide.
Les fonctionnaires de l’ambassade [du Panama] se rendront compte du niveau de secret qui règne au sein des fonctionnaires argentins sur cet aspect de la campagne anti subversive, et sur pourquoi il est peu probable qu’un jour qu’on connaisse le destin de Jaime Dri à moins - que pour une raison - il soit toujours en vie et les autorités militaires décident de le faire apparaître ».

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* [En juillet 1978, des forces de sécurité argentines, ont envoyé une documentation à leurs homologues au Paraguay cherchant l’évadé Jaime Dri, seul témoin survivant de l’Opération Mexique.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi.

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