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28 septembre 2010

Elections au Brésil :
Presse et Forces armées alliées

par Darío Pignotti

 

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Le coup de force militaire qui n’a pas eu lieu. Le Club Militaire de Río de Janeiro est connu parce que chaque année à la fin mars il a l’habitude de se faire beau pour commémorer l’anniversaire du coup d’État qui a déchu en 1964 le président élu Joao Goulart, décédé 12 ans plus tard victime d’un étrange arrêt cardiaque que certains attribuent à un empoisonnement exécuté par le Plan le Condor, pendant son exil en Argentine.

Les généraux, à la retraite et en activité, se retrouvent pour célébrer l’une des dictatures les plus longues de la région (1964-1985) et tombent dans un piège disons sémantique, en évitant d’appeler le coup d’Etat par son nom et en le maquillant avec celui de Révolution de 1964. Les anomalies ne s’arrêtent pas là : ces jours-ci, tandis que les brésiliens semblent décidés à voter majoritairement pour Dilma Rousseff lors de la sixième élection présidentielle depuis la fin du régime [militaire], l’organisme militaire a convoqué une table ronde pour débattre des « menaces » dont souffrent « la démocratie et la liberté d’expression ».

« Le Club Militaire, préoccupé apar le panorama politique brésilien, réalise une série d’activités orientées vers la préservation de l’unité nationale et de la démocratie dans notre pays. » La lunatique convocation a disposé de l’appui actif de la très puissante chaîne O Globo qui a envoyé comme fer de lance son principal chroniqueur politique, Merval Pereira, et de l’hebdomadaire Veja, celui qui a le plus grand tirage. Tandis que, à Río, les représentants des grands médias (different de dire de grands moyens) confraternisaient avec généraux et colonels, de même à San Pablo où se tenait une réunion similaire.

« Tout cela me rappelle les manifestes qui étaient publiés en 1964 avant le coup d’Etat contre Joao Goulart, la teneur agressive, jusqu’à offensante envers le président Lula ; je ne dis pas que cela peut mener à un coup, l’articulation est totalement différente, mais cela m’inquiète », a déclaré Laurindo Leal Filho, professeur de Communication de l’Université de San Pablo.

« Ils se passent des choses inquiétantes parce qu’on nourrit un climat d’affrontement jamais vu depuis la dictature », rajoute le spécialiste interviewé par Página/12. La réédition de cette alliance médiatico-militaire, « si connue au Brésil comme en Argentine et d’autres pays qui ont vu comment les grands groupes d’information se sont entendus avec les dictatures », ne va pas peut être pas au-delà de l’anecdote de mauvais goût.

Ce qui importe, c’est de comprendre pourquoi surgissent des discours de ce type dans une campagne presque monotone qui donne depuis deux mois la candidate du Parti des Travailleurs, Dilma Rousseff, comme claire favorite pour gagner dimanche prochain, et probablement avec plus de 50 %, si les pronostics de tous les sondages d’opinion publique sont bons.

Laurindo Loyal Filho défend l’hypothèse selon que cette « radicalisation » est fille de la frustration expérimentée par le Groupe O Globo et d’autres conglomérats, qui voient comment se détériore leur pouvoir de conviction dans l’opinion publique.

« Ils ne sont pas finis, leur pouvoir économique reste intact, ce gouvernement ne les a pas affronté dans des termes légaux ni économiques, et ils savent comment se récupérer », prévient-il pour que personne ne se laisse saisir par un optimisme démesuré. Mais c’est certain que les entreprises de l’information ont fait tout ce qui était à leur portée, même fabriquer des informations, pour « empêcher la réélection de Lula en 2006 et ils n’y ont pas réussi ».

Le plan se répète maintenant, pour faire avorter la victoire de la disciple de Lula, Dilma Rousseff, et à cinq jours des élections tout semble indiquer qu’ils n’ont pas non plus atteint leur mission. Le coup de force militaro-médiatique a échoué de nouveau. Lula a prévenu et il a répété durant les dernières semaines, même lors de plusieurs réunions de campagne à côté de Rousseff, que l’actuel modèle de communication « dominé par neuf ou dix familles est anachronique », et il a « besoin d’un nouveau cadre de régulation » pour le secteur.

Laurindo Loyal Filho considère plausible de penser que Dilma Rousseff va avoir le courage de réformer la législation sur communication, qui est déjà analysée par Lula. Si elle prend finalement le taureau par les cornes, « elle aura à affronter une très dure opposition, au Congrès et dans la presse », anticipe le professeur de l’Université de San Pablo. Peut-être les veillées du Club Militaire sont les prémisses des coups de force militaire qui approchent si Dilma gagne.

Página 12 . Depuis Brasilia, le 28 septembre 2010.

Traduit de l’Espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

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