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5 mars 2014

Ainsi respire l’Ukraine

par Rafael Poch de Feliu*

 

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Désir majoritaire de bonnes relations avec la Russie. Fort sentiment démocratisateur et anti-corruption. Une grande disparité géographique dans les équilibres de la situation.

S’il fallait résumer l’état de l’opinion publique ukrainienne sur la destin de son pays, le sentiment majoritaire pourrait être, aujourd’hui, le suivant : oui à l’unité et à l’indépendance de l’État ukrainien et oui à de bonnes et fluides relations amicales avec la Russie. Ainsi le suggère la dernière enquête disponible effectuée par l’Institut KMIS de Kiev entre les 21 et 25 février et diffusée hier par des médias en syntonie avec le gouvernement contesté pro-occidental installé dans la capitale.

 Option 1 : 68% a déclaré que l’Ukraine et la Russie doivent continuer à être des pays indépendants mais amis, avec des frontières ouvertes, sans visas, ni douane.

 Option 2 : Un autre 12.5% porte l’amitié jusqu’à l’extrémité de la dissolution nationale de l’État ukrainien pour être fondu dans un seul État avec la Russie.

 Option 3 : Finalement, 14.7% sont ne faveur que la relation avec la Russie soit aussi stricte que celle qui correspondrait à tout autre état : avec des frontières, des visas et des douanes.

Le problème est que ce sentiment qui suggère un sens commun majoritaire vers une solution de consensus et d’équilibre, a une distribution régionale très contrastée, ce qui le transforme en quelque chose de beaucoup plus complexe et dramatique capable de créditer un scénario de fédéralisation ou de séparation du pays, spécialement en tenant compte de l’influence négative des deux grands voisins : La Russie et l’Euroatlantide.

Divisé en quatre secteurs géographiques (Est, Sud, Centre et Ouest) l’Option 1 gagne partout (72.2% dans l’Est, la région russophile ; 63.8% dans le Sud – qui inclut la péninsule de Crimée occupée par la Russie ; 69.7% dans le Centre ; et 66.7% dans l’Ouest, qui inclut la région de Galicie qui a appartenu à l’Empire austro-hongrois et qui dans sa majorité fut seulement intégrée à la Russie soviétique en 1945.

L’Option 2, renoncer à l’indépendance de l’Ukraine et être réunifié avec la Russie dans un seul État, est soutenue par 0.7% des opinions dans l’Ouest, 5.4% dans le Centre, 19.4% dans le Sud et 25.8% dans l’Est russophile.

Le panorama qui fait apparaître l’Option 3, qui contient une suggestion de fermeté et d’entêtement envers le voisin russe, avec des frontières strictes, est soutenue seulement par 2% de l’opinion de l’Est de l’Ukraine et 10.5% de celle du Sud. Toutefois, dans le Centre et dans l’Ouest cette position, très bien représentée dans l’actuel gouvernement pro-occidental de Kiev, trouve beaucoup de partisans : 20.9% (Centre) et 24% (Ouest), respectivement.

Mais, aussi important quelle soit, la relation avec la Russie est seulement un aspect de la crise actuelle. Interrogés, en février, sur le motif des manifestations dans la place centrale de Kiev (Maidán), la majorité (43%) répondait « la colère envers le régime corrompu (du Président) Yanukovich ». 30% expliquait la manifestation dans « l’influence occidentale qui veut attirer l’Ukraine vers l’orbite de ses intérêts ».

En ce qui concerne la responsabilité de l’escalade du conflit à Kiev, 49% accusait Yanukovich, entre les 21 et 25 février quand la victoire de l’opposition paraissait totale et que n’était pas encore apparue un fort rejet « anti- Maidán » dans l’Est et le Sud du pays. 34% accusait l’opposition. Une fois de plus : tous ces avis reflètent un vif contraste régional à l’intérieur du pays.

Etant donné le désir de bonnes relations avec la Russie et le désir de maintenir l’indépendance et l’intégrité de l’État ukrainien, les deux axes de la situation, celui qui est vu comme une menace pour chacun d’eux sera discrédités. Ceci affecte tant les joueurs locaux, que les « empires » qui entourent le pays.

Le gouvernement de Kiev a été discrédité et ne représente pas l’ensemble du pays par sa russophobie et parce que nombre de ses membres viennent de l’Ouest ou sont des magnats dans l’orbite occidentale. D’autre part, Poutine est discrédité aussi étant vu comme une menace à l’intégrité et l’indépendance de la nation et pour s’appuyer sur des magnats dont les affaires sont en rapport avec la Russie.

Tant le désir occidental d’une Ukraine contre la Russie, que celui de Poutine que pour l’éviter, remet en question l’intégrité territoriale du pays avec l’occupation militaire d’un morceau de celui-ci , se heurtent avec le consensus majoritaire. Aucune des deux choses ne plaisent, mais quelle est la plus décisive pour former « la moyenne » de l’opinion publique ukrainienne ? Dans ce que ce conflit dépend de l’état de l’opinion publique – peut-être pas beaucoup- ceux-ci sont des facteurs à prendre en compte.

Quel est le motif de la protestation populaire à Kiev ?UkraineRussie
L’influence occidentale qui veut l’Ukraine dans son orbite 30% 43%
L’ambiance nationaliste 26% 31%
La colère à cause la corruption du régime de Yanukovich 43% 17%
Désir de se libérer de la dictat de la Russie 12% 11%
Désir que l’Ukraine soit civilisée comme l’Europe 27% 12%
Sens la dignité et rejet de l’arbitraire 25% 11%
Protestation devant la dureté des anti troubles 26% 4%
Autres 5% 1%
Ne sait pas, ne répond pas 9% 13%

 SOURCES : Centre Levée/Institut International de Sociologie de Kiev (KMIS).

Rafael Poch pour La Vanguardia

* Rafael Poch, Rafael Poch-de-Feliu (Barcelone, 1956) a été vingt ans correspondant de « La Vanguardia » à Moscou et à Pékin. Avant il a étudié l’Histoire contemporaine à Barcelone et à Berlin-Ouest, il a été correspondant en Espagne du « Die Tageszeitung », rédacteur de l’agence allemande de presse « DPA » à Hambourg et correspondant itinérant en Europe de l’Est (1983 à 1987). Actuellement correspondant de « La Vanguardia » à Berlin.

La Vanguardia. Barcelone, 4 mars 2014.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi.

El Correo. Paris, le 5 mars 2014.

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