Accueil > Les Cousins > Cuba > Washington rejet avec du bla-bla Raul Castro mais... on verras....
Par l’Agence France-Presse
Washington. Le lundi 4 décembre 2006.
Les États-Unis ont rejeté lundi l’offre de dialogue lancée samedi par Raul Castro, qualifié de « dictateur en puissance », en dépit d’avis d’experts jugeant que le retrait du pouvoir de son frère Fidel crée un contexte favorable à des discussions.
« Je ne vois pas comment on pourrait faire avancer la cause de la démocratie dans ce pays en ouvrant le dialogue avec un dictateur en puissance qui veut poursuivre le système de gouvernement qui a servi à réprimer le peuple Cubain pendant des décennies », a déclaré le porte-parole du département d’État, Sean McCormack.
« Le dialogue qui doit s’ouvrir, c’est celui avec le peuple cubain », a ajouté le porte-parole. « Le peuple cubain ne devrait pas se trouver dans la situation où il va remplacer un dictateur par un autre ».
Samedi, Raul Castro, 75 ans, avait choisi une date symbolique, celle du 50e anniversaire du débarquement à Cuba de Fidel Castro et de ses guérilleros, pour proposer qu’un dialogue soit renoué entre les deux pays.
« Ce que Raul a voulu faire comprendre à Washington, c’est que Cuba sans Fidel, c’est un terrain inconnu pour tout le monde et qu’il serait mieux que les relations (entre les deux pays) soient normalisées », explique Marifeli Pérez-Stable, vice-présidente du centre de recherches Diálogo Interamericano.
Quatre mois après une passation de pouvoir temporaire entre les deux frères, l’absence de Fidel lors des cérémonies qui se sont déroulées à la Havane en fin de semaine dernière pour son 80e anniversaire, montre qu’il est « en mauvaise santé » et que « tout est entre les mains de son frère », estime aussi Ana Faya, de la Fondation canadienne pour l’Amérique latine (FOCAL).
En août, Raul Castro, 75 ans, avait déjà fait une proposition similaire dans un entretien au quotidien officiel cubain Granma.
Cuba est soumis à un embargo économique américain depuis 1962.
Mais...
Pour Mme Pérez-Stable toutefois, Washington « va prendre au sérieux la proposition » de Raul Castro. « Le contexte a changé : Fidel Castro est quasiment mort (...), les républicains ont perdu la majorité au Congrès le 7 novembre » et la campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2008 aux États-Unis est sur le point de débuter.
Janette Habel, spécialiste de l’Amérique latine à l’Institut français des Hautes études, souligne également l’importance du contexte politique latino-américain avec la réélection de Hugo Chavez et de Daniel Ortega et l’arrivée au pouvoir de Alvaro Correa en Equateur.
Selon elle, il y a une « nécessité pour Washington de faire un geste diplomatique envers l’Amérique latine ».
Ana Faya estime « qu’il y a eu des changements réels » à Cuba depuis que Fidel a été contraint de passer les rênes du pouvoir à son frère à la suite d’une grave opération à l’intestin à la fin juillet. « Ils sont en train de mettre au point pour 2007 des initiatives économiques qui étaient paralysées depuis longtemps », fait remarquer Mme Pérez-Stable, suggérant que le gouvernement dirigé par Raul pourrait « légaliser les petites entreprises privées en 2007 ».
Dans ces conditions, « il devrait y avoir un geste des États-Unis, que ce soit par des canaux directs ou parallèles », estime-t-elle.
En Floride, plusieurs groupes d’exilés cubains de Miami ont demandé lundi au gouvernement américain d’assouplir l’embargo économique imposé à Cuba, en autorisant notamment le commerce des biens et les voyages familiaux entre les deux pays. Cette demande a été formulée par le groupe du Consenso Cubano qui réunit plus de 20 organisations d’exilés aux États-Unis.