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À 86 ans, alors que la fin s’approche de lui, Videla, catholique de style médiéval, a recours à la magie de sa religion pour avouer ses crimes.
« Dieu sait ce qu’il fait, pourquoi il le fait et à quelles fins il le fait », a déclaré cet ex-général, condamné à la réclusion à perpétuité pour tant d’assassinats qu’il n’a jamais reconnu. La religion tolère de se disculper en se déchargeant de ses crimes sur son dieu. L’infantilisme auquel cette religion le soumet lui sert pour s’abriter derrière la fatalité divine. Un destin fatal qui offense sa propre dignité parce qu’il nie la liberté humaine et la responsabilité qui en découle des actes que chacun doit assumer, s’il n’a pas perdu la raison et croit au Dieu de la Bible. Il est clair que Videla ne croit pas à ce Dieu. Son dieu est celui pour lequel les vicaires militaires ont prêché. C’ est le dieu de la mort. Un dieu justificateur des bains de sang « pour racheter la Nation », comme encourageait Mons. Bonamín. Un dieu défendant un ordre « occidental et chrétien » c’est-à-dire qui n’est pas pour tous, mais réduit à la nécessité égoïste du désordre établi par des minorités puissantes cause d’injustices sociales. Le dieu de Videla est celui qui sauve en tuant, « environ sept ou huit mille », selon ses dires, comme s’il s’agissait de briques ou de poteaux. Très loin du Dieu bon de la Bible, respectueux de la liberté de l’être humain et plein de miséricorde, qui libère les captifs (Lc.4, 18), abat les puissants de leurs trônes et assouvit la faim des pauvres. (Lc.1, 52).
L’ex-général est si lache, qu’ en reconnaissant les crimes, il les cache. « Chaque disparition peut être comprise comme le camouflage, la dissimulation de la mort », a-t-il dit. Si nous ne connaissions pas les mécanismes du terrorisme d’état qui grâce aux jugements ont été dévoilés, nous pourrions soupçonner une maladie mentale, qu’il le rendrait inaccusable. Mais, cet assassin applaudi comme président de la nation par certains qui maintenant le renient, se réfugie dans un langage menteur, essayant de s’auto-tromper à l’heure de la vérité, où il ne pourra pas cacher, bien qu’il cherche à se croire choisi depuis l’éternité pour commettre ses crimes. « J’accepte la volonté de dieu. Je crois que dieu ne m’a lâché jamais la main ». Ne l’ont pas lâchés non plus certains de ses plus hauts dignitaires représentants sur terre. Comme l’ a déclaré le même Videla comme inculpé et accusé dans l’assassinat de Mons. Enrique Angelelli, ce fut le Nonce Apostolique Pio Laghi qui« sans hésiter, m’a répondu : Président, l’Église a admis que le décès de Mons. Angelelli fut produit (sic) par un accident ; Vous pouvez dormir tranquille à propos de ce sujet ».
S’il est certain que la lâcheté est un cousin au troisième degré de l’orgueil, Videla est bon défenseur de la famille. Dans un délire coléreux messianique, il assume le destin signalé par la volonté de son dieu. Mais ce dieu, selon la théologie lâche de Videla, l’aime toujours comme un enfant en culottes courtes. C’est pourquoi il est nécessaire qu’il ne lâche pas la main. Et si doute il y avait, pour l’évacuer, existaient des personnages de la haute hiérarchie comme Pio Laghi, qui le berçait pour qu’il pût dormir tranquille.
Tout le contraire du Messie de la Bible, qui a fini torturé et crucifié. Plus encore, en se plaignant par l’abandon de Dieu : « Eloí, Eloí : lamá sabactaní ?... Mon dieu, mon Dieu ! Pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mc.15, 34).
Malgré l’attaque de mysticisme dont il souffre à l’approche de l’heure inexorable, Videla ne sera pas pardonné ni par son dieu. Parce que selon le catéchisme le plus antique, pour le mériter, il faut examiner la conscience, reconnaître la faute, se plaindre du péché et se proposer de le corriger. Au lieu de tout cela, l’enfant Videla a choisi d’accuser son dieu, qui comme cela se déduit de ses propres mots est le dieu de la mort. Rien à voir avec le Dieu de la Bible qu’il dit : « Je suis venu pour qu’ils aient une vie et une vie en abobndance ». (Jn.10, 10).
Luis Miguel Baronetto *
* Directeur de la Revue le Tiemp Latino-américano. Plaignant dans la cause par l’homicide de monseigneur Angelelli.
Página 12. Buenos Aires, le 6 mai 2012.
Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi
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El Correo. Paris, 5 juin 2012.