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Courrier international
9 août 2004
L’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), mouvement révolutionnaire né en 1994 sous la gouverne du sous-commandant Marcos, a maintenant son école. Ce projet, qui montre bien la manière dont les zapatistes entendent gérer leur autonomie et leurs relations avec la société civile internationale, a été inauguré les 5 et 6 août avec la participation d’une centaine d’invités venus du continent américain et même d’Europe, rapporte le quotidien mexicain La Jornada.
Blotti au cœur de la jungle chiapanèque, au sein de la Culebra, une communauté appartenant à la municipalité de Ricardo Flores Magón, le Centre de formation des promoteurs d’éducation Compañero Manuel s’occupera d’enseigner la "résistance" à de futurs professeurs âgés de 15 à 25 ans, qui transmettront ce savoir à leur tour dans leurs villages. Financée en partie par une organisation danoise, cette initiative a pu voir le jour grâce à l’étroite collaboration entre un groupe d’Indiens et de métis tzeltal et un collectif de solidarité venant de Grèce, qui a notamment fourni les plans et les matériaux pour la construction de l’école.
Une association multiculturelle avec un seul objectif : former cent promoteurs indigènes (ainsi les appelle-t-on) d’éducation autonome. "Ce n’est pas pour rien que les premiers mots que les enfants zapatistes apprendront seront ’toit, travail, éducation, justice, démocratie, indépendance’, au lieu de ’papa, maman et ballon’", commente le quotidien de gauche mexicain. Fini les phrases simples à mémoriser que tous les enfants répètent, les enfants de 8 ans et plus "réfléchiront sur l’Histoire, les mathématiques, la langue, la vie et l’environnement, associant chaque nouvelle connaissance aux treize requêtes de la lutte zapatiste", explique le journal.
"Nous étions tout petits lorsqu’a débuté le soulèvement de notre armée de libération nationale. Nous ne connaissons pas autre chose que la lutte", raconte Hortense, une jeune "promoteur" d’éducation. "Nous pensons que l’éducation ne consiste pas seulement à enseigner à lire, à écrire, à compter ; c’est aussi résoudre les problèmes que nous avons dans nos villages. Qu’on nous apprenne plutôt à nous défendre et à continuer de lutter", poursuit-elle.
L’école, de style "gréco-tzeltal", se situe sur une sorte de campus, avec cafétéria, logements, parc, etc., qui occupe une superficie de 1,6 km2. L’inauguration a eu lieu avant même que la construction de l’ensemble ne soit tout à fait finie. Le complexe a coûté au total plus de 100 000 euros.