Accueil > Les Cousins > Colombie > Un émissaire de la France a rencontré un chef des FARC
Un émissaire du président français Jacques Chirac a rencontré début juillet Raul Reyes, numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) qui détiennent la franco-colombienne Ingrid Betancourt, affirme mercredi le quotidien El Tiempo.
Par l’Agence France-Presse
Bogota, Le mercredi 20 juillet 2005
Le ministre colombien de l’Intérieur Sabas Pretelt a confirmé mercredi après-midi, sans donner de précisions, qu’un émissaire français avait récemment rencontré Raul Reyes pour évoquer un échange d’otages contre des guérilleros détenus.
« Je ne veux pas donner de détails, l’important est que le gouvernement colombien ait facilité la démarche de la France pour intercéder en faveur des personnes séquestrées », a dit le ministre.
La venue d’un fonctionnaire français avait également été évoquée par le chef guérillero dans le cadre d’un entretien début juillet avec le correspondant de l’AFP.
Selon le quotidien El Tiempo, dont les sources seraient proches des services de renseignement colombiens, Raul Reyes aurait fait part à l’émissaire français de « l’intérêt des FARC pour un échange de guérilleros malades enfermés dans les prisons colombiennes ».
El Tiempo affirme également que le président colombien Alvaro Uribe aurait « autorisé cette rencontre secrète ».
Raul Reyes avait déclaré à l’AFP le 4 juillet que les FARC seraient disposées à faire un geste « de bonne volonté » si l’Union européenne retirait cette organisation de sa liste des groupes terroristes. « De plus, cela nous permettrait d’éviter d’avoir des conversations dans la clandestinité », avait-il ajouté, s’adressant notamment à la France.
« Les Français jouent avec le feu en envoyant un ancien petit fonctionnaire d’ambassade tenter de négocier unilatéralement avec les FARC la libération de Betancourt », a estimé un diplomate européen qui a requis l’anonymat.
« Ils risquent une fois encore de provoquer une crise diplomatique et de se ridiculiser comme avec l’affaire de l’avion français en Amazonie », a déclaré ce diplomate.
Un avion français C-130 Hercules s’était rendu le 9 juillet 2003 à Manaus (Brésil) pour tenter de ramener de Colombie l’otage des rebelles, mais l’opération, effectuée sans aucune consultation préalable de Brasilia ni de Bogota, avait capoté le 13 juillet, provoquant une crise diplomatique. À l’époque, des membres de la famille Betancourt avaient accusé le président Uribe d’être à l’origine de cette fausse annonce de libération.
Ingrid Betancourt, 42 ans, est otage des FARC, principale guérilla du pays andin avec 17 000 hommes, depuis le 23 février 2002.