Un attentat suicide en Afganistan renseigne Cheney de quoi il s’agit.

Par Richard Hétu
La Presse. New York, Le 28 février 2007.

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De passage dans la région pour transmettre un message de fermeté sur le terrorisme, Dick Cheney en a reçu un de nature différente hier lorsqu’un kamikaze a tué une vingtaine de personnes devant la principale base militaire américaine en Afghanistan, où il se trouvait au lendemain d’une visite au Pakistan.

Le vice-président des États-Unis n’a pas été blessé dans l’attentat suicide, qui est survenu vers 10 h. Les talibans ont rapidement revendiqué la responsabilité de cette action, précisant qu’ils avaient bel et bien visé le numéro deux étasunien.

Le commandant de la base de Bagram, William Mitchell, a mis en doute les allégations des talibans, soulignant que Cheney n’était pas près du site de l’explosion. « Il était en sécurité dans la base au moment de l’explosion », a déclaré l’officier américain.

Il faut franchir au moins trois grilles de sécurité pour accéder à la base aérienne américaine, qui est située à 60 km au nord de Kaboul. La déflagration s’est produite à la première grille, où 20 civils afghans ont été fauchés ainsi qu’un soldat américain, un entrepreneur américain et un soldat sud-coréen de la coalition.

« J’ai entendu un gros boum et très vite les agents des services secrets sont venus m’informer qu’une attaque avait été perpétrée à l’entrée principale », a par la suite raconté Dick Cheney aux journalistes qui l’accompagnaient à bord d’Air Force 2.

Aussitôt après l’explosion, le vice-président a été conduit dans un abri antibombes. Environ deux heures plus tard, il s’est rendu en avion à Kaboul, où il a eu un entretien avec le président Hamid Karzaï. Il devait rencontrer le dirigeant afghan lundi, mais la neige l’avait contraint à passer la nuit à Bagram.

Cheney bel et bien ciblé

« De toute évidence, on a cherché à mettre en cause l’autorité du gouvernement central, a dit le numéro deux américain. Frapper à Bagram avec un kamikaze est, je pense, l’un des moyens d’y arriver. »

Dans des entrevues à plusieurs agences de presse, un porte-parole des talibans a présenté l’attentat sous un autre jour.

« Nous savions que Dick Cheney serait à l’intérieur de la base, a déclaré Youssouf Ahmadi dans un entretien avec AP. L’assaillant tentait d’atteindre Cheney. »

Le porte-parole a indiqué que l’attentat suicide avait été perpétré par un Afghan, le mollah Abdul Rahim, originaire de la province du Logar.

L’action d’hier est l’une des plus meurtrières perpétrées en Afghanistan depuis la chute des talibans, il y a cinq ans. Elle survient à quelques semaines d’une saison printanière qui devrait donner lieu à une nouvelle vague de violences. Selon certains experts, elle démontre le degré d’infiltration des services de renseignement afghans auquel sont parvenus les talibans et les militants d’Al-Qaeda.

Le vice-président des États-Unis avait gardé secrète sa visite en Afghanistan ainsi que celle de la veille au Pakistan.

À Islamabad, Dick Cheney avait demandé au président Pervez Musharraf de mener un combat plus résolu contre les talibans et les autres terroristes qui se servent du territoire pakistanais pour se replier et s’entraîner.

Les États-Unis ont annoncé récemment un renforcement de leurs effectifs en Afghanistan pour faire face à l’offensive printanière des talibans. Ils déploieront ainsi 27 000 soldats supplémentaires au sein de la coalition dont ils sont déjà les principaux fournisseurs en troupes.