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7 de abril de 2005

Travailler enchaîneés: Des saisonnières au Chili, esclaves du XXIe siècle.

 

Entrevista a Juana Carvajal, dirigeante de la Fédération Paysanne Bernardo O’Higgins, VI Région.

Por Patricia BRAVO
Punto final.cl, marzo 2005

C’est seulement lorsqu’elles furent licenciées sans être payées et que leurs moyens pour obliger l’employeur à les payer furent épuisés que les travailleuses saisonnières de l’emballage Santa Ana Export, de Requinoa (VI Région), ont osé raconter comment elles avaient été traitées.

Elles travaillaient entre 12 et 14 heures par jour, à trier des cerises, debout et enchaînées à la table de travail, pour ne pas aller aux toilettes. Tel quel. Avec deux chaînes, l’une autour de la ceinture et l’autre, autour des jambes.

« Il y en avait 50 de Rancagua, 30 de Graneros et 20 de Requinoa. La majorité était des femmes et toutes travaillaient dans les mêmes conditions. En outre, elles nous racontent que le plus terrible c’était un chef qui abusait sexuellement de toutes les femmes, sans faire de différence d’âge », dénonce Juana Carvajal, dirigeante de la Fédération Paysanne Bernardo O’Higgins, de Rancagua. Elles étaient arrivées à l’emballage en avril dernier et elles ont supporté en silence ce traitement humiliant afin de ne pas perdre la possibilité d’un salaire qui n’est jamais arrivé.

Juana Carvajal, a reçu le témoignage des saisonnières quand elles sont arrivées à la Fédération pour demander de l’aide devant l’Inspection de Travail. « Il y a eu plusieurs comparutions, mais l’entrepreneur n’a jamais reconnu qu’il y avait eu une relation de travail, encore moins le représentant de l’entreprise (Leo Romeu). Alors, l’affaire est restée sans suite, parce qu’il fallait déposer une plainte et nous n’avions ni les avocats ni l’argent. Nous avons eu recours aux autorités pour voir si ces dernières pouvaient faire pression sur l’entreprise pour qu’elle paye les salaires. C’est là qu’elles ont commencé à raconter dans quelles conditions elles travaillaient. Beaucoup de gens ont eu peur. Nous avons eu une entrevue avec le représentant du Travail, Rodrigo Vergara, et il ne pouvait pas le croire », raconte la dirigeante. Néanmoins, quand elles lui ont demandé de l’aide pour avoir un avocat, ce dernier les a envoyé à la Coopération d’Assistance Judiciaire. « Nous avons eu de très mauvaises expériences avec la Coopération, alors nous avons dit au représentant que si le problème de ces travailleuses ne s’arrangeait pas, nous contacterions la presse, » se souvient Juana Carvajal. Mais comme il ne s’est rien passé, elles ont eu un entretien avec El Rancagüino au mois d’octobre.

Le journal était en train de préparer un reportage sur les saisonniers et la supposée amélioration de leur situation avec les nouveaux traités de libre commerce. « L’affaire en est restée là -dit la dirigeante syndicale-. Luis Sepúlveda m’a contactée, le directeur régional du Travail, et il m’a dit que "les dirigeantes qui polémiquent ne restent pas longtemps à leurs postes… »et que je n’aurais pas dû amener ces femmes à la presse, parce que c’était faux, qu’il est impossible que les saisonnières aient travaillé enchaînées. Je lui ai expliqué que nous avions simplement dit ce qu’elles-mêmes avaient raconté.

Quatre intendants sont passés et aucun n’a voulu nous recevoir en tant qu’organisation paysanne. Pas même l’actuel intendant, Carlos Bravo. La seule chose qu’a faite la Direction du Travail a été de faire un contrôle fiscal à l’entreprise Santa Ana. Et il s’avère qu’entre 2003 et 2004 elle lui avait appliqué environ 10 procès verbaux, raison pour laquelle ils auraient déjà dû fermer. Il y avait beaucoup de gens qui n’avaient pas été payés, mais ce n’est que maintenant qu’elle a été fermée, grâce à cette plainte. Ce qui est lamentable c’est que cela ne s’est fait jour que parce que les salaires n’avaient pas été payés et pas pour la question de la dignité humaine. »

Après la plainte dans la presse, les ex-saisonnières de Santa Ana Export ont eu des menaces anonymes, on a su qu’elles provenaient des entrepreneurs. « Elles n’ont pas voulu continuer à faire des interviews, parce qu’elles disaient qu’elles s’exposaient à davantage de problèmes, qu’ont ne leur donneraient pas de travail et qu’elles ne pourraient pas se faire payer les salaires qu’on leur devait », ajoute Juana Carvajal.

DES CAISSIERES EN COUCHES

La dirigeante de la Fédération Paysanne Bernardo O’Higgins a raconté cette incroyable affaire dans une manifestation sur les conditions de travail des saisonnières qui s’est réalisée sur la Place d’Armes de Rancagua, le 14 décembre, avec la participation de différentes organisations de la zone de Santiago et Melipilla. À cette occasion, des dirigeants de l’Organisation de Consommateurs et Usagers (Odecu) de la VI Région, ont dit qu’ils avaient aussi reçu des plaintes qui semblent tout droit sortis d’une histoire de science fiction. « Des caissières de supermarchés disent qu’on les fait travailler avec des couches…pour qu’elles ne perdent pas de temps en allant aux toilettes - a signalé Alejandro Pujá-. Mais personne n’ose témoigner, parce qu’ils ont peur de perdre leur emploi."

Le traitement indigne, l’inexistence de contrats de travail, les salaires de plus en plus bas, à cause de l’intermédiaire d’entrepreneurs qui gardent la moitié du salaire; des journées exténuantes; le manque d’hygiène, de toilettes et d’eau potable sur les lieux de travail, et le risque de souffrir de graves maladies à cause du contact ou de l’exposition obligatoire à des produits toxiques pendant la journée de travail, ont été une partie des plaintes effectuées par les deux organisations citées et par des dirigeants du Réseau d’Action sur les Produits toxiques et leurs Alternatives en Amérique Latine (RAP-AL), de l’Observatoire Latino américain des Conflits Environnementaux (Olca), le syndicat Martralipo, de Pomaire, et « Rodrigo aide », organisation de la commune de Melipilla qui regroupe des familles d’enfants nés avec des malformations à cause de l’exposition de leurs parents aux produits agricoles toxiques pendant qu’ils effectuent des tâches agricoles. La manifestation s’est appuyée sur une exposition des répliques de fœtus malformés de l’artiste Juan Verdejo, exposée au public sur la place centrale de Rancagua.

Aussi bien la non application des maigres lois du travail que l’inaction des autorités et le manque de contrôle des entités de l’État, qui affectent spécialement les saisonniers agricoles, seront dénoncés par ces associations citoyennes devant l’Organisation Internationale du Travail (OIT) et des entités de consommateurs d’Europe et des États-Unis pour qu’ils sachent à quel prix sont produits les fruits chiliens qui sont exportés à leur pays.

Les femmes et les enfants sont ceux qui ont la pire part. Pendant la saison de la récolte, qui coïncide avec les vacances scolaires, des mineurs de 7 ans travaillent avec leurs parents et autres personnes de la famille dans les mêmes conditions que les adultes. Une étude menée dans le VIe Région par le docteur Angélica Moreno et d’autres spécialistes de la santé a constaté que 70% des enfants entre 7 et 16 ans des collèges de Coínco participent au travail de saison pendant l’été. « Nous nous sommes réunis plusieurs fois avec les autorités au sujet du travail infantile, interdit par la loi, mais elles ne prennent pas les mesures nécessaires- dit Juana Carvajal-. La véritable solution est que les salaires des parents soient augmentés pour que les enfants n’aient pas besoin de travailler pour aider le foyer ou pour trouver de l’argent pour payer leurs fournitures scolaires. » Si tout cela arrive sans que soit officialisée « la flexibilité » du travail que prétendent les entrepreneurs et les secteurs de droite et de la Concertation, Que se passera-t-il ensuite ?

Traduction: Isabel López (comité Chili-a.L. d’aix)

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