Accueil > Empire et Résistance > « Gringoland » (USA) > Si Bush avait été un "porteño"
Que ce serait-il passé aux USA si George Bush était né à la Boca à Buenos Aires ? Et si Joseph Staline avait obéi à sa mère, qui l’avait obligé à être séminariste à 15 ans après la mort de son père ? Sans parler, d’Adolf Hitler s’il avait été accepté à l’Académie de Beaux Arts de Vienne. Les vies de ces personnalités ne peuvent pas être changées, de même que l’échec de Vincent Vont Gogh comme pasteur protestant et le rêve frustré de Leonard de Vinci d’être un excellent Chef. Mais le futur de l’humanité est encore incertain et il est toujours en notre possession.
Si George Walker Bush avait été un descendant argentin d’un quelconque immigrant italien, il serait peut-être aujourd’hui un "Jorge Ángelo Fossati" ou « Jorge Luigi Marincioni."... c’est a dire un type quelconque sans aucune importance (sauf pour sa famille et les gens du quartier).
Il est probable que ses grands-pères soient arrivés au pays dans la vague de 1880, parmi les milliers de travailleurs rejetés par la première Grande Dépression du système capitaliste, alors que depuis 1850 elle s’été développée à un rythme galopant. Les rênes du libéralisme économique étaient dans les mains de puissances comme la Grande-Bretagne, qui partaient à la conquête à toute vapeur de nouveaux marchés d’outre-mer, en nourrissant leur ambition avec le prestige que représentaient les colonies, auxquelles après plusieurs années elles ont dû renoncer (bien qu’il faut admettre qu’il coûte encore toujours à quelques nations impérialistes de l’accepter).
En manipulant les peuples au moyen des artifices nationalistes, de symboles patriotiques, de défilés et monuments, les dirigeants ont obtenu de faire croire aux masses qu’ils étaient réellement supérieurs au reste. En faisant bouillir le sang avec des drapeaux et des discours, ils ont justifié les massacres les plus impitoyables de l’histoire, toujours en accusant l’ennemi extérieur (cela vous semble familier, non ?).
Un voile d’hypocrisie couvrait la politique, en l’honneur de l’expansion économique et de l’essor de l’industrialisation. Toutefois, la croissance s’est arrêtée pour la première fois depuis le célèbre "take off" et des centaines de milliers d’Européens ont dû s’embarquer pour faire "l’Amérique." Avec leurs esprits loués par la gloire nationale, ils ont abandonné leurs terres pour gagner plein d’argent avec l’expédition et retourner à leur lieu d’origine.
Imaginez vous si Bush avait été le fruit d’amour entre un quelconque grotesque italien et une robuste galicienne d’Espagne. Si, au lieu de grandir aux Etats Unis, sous un toit républicain et un sol en « coton », il avait été élevé dans le quartier portuaire de la Boca, près du Riachuelo, avec son « arôme » particulier depuis toujours, tangos de faubourg et dans une scène entourée de cheminées fumeuses...
Si George Bush avait joué au ballon (foot argentin, bien sur) sur le trottoir, pris du maté au lieu du milk shakes et avait vu ATC au lieu de CNN, Quelqu’un connaîtrait-il aujourd’hui Ben Laden ? "La nona" aurait envoyé peut-être "Jorgito" à l’école du coin, avec la blouse blanche immaculée des écoliers argentins et son père lui aurait acheté avec beaucoup d’effort « Le Manuel Santillana » (manuel d’Histoire, 2ème degré de l’école primaire argentine) pour qu’il étudie les guerres mondiales « illustrées » et les atrocités de l’Histoire Universelle condensées dans seulement quelques feuilles avec des cartes et en couleurs.
Peut-être, serait-il retourné tous les jours à sa maison pour déjeuner, fasciné avec les torpilles que lançaient les sous-marins allemands aux navires américains dans l’Atlantique Nord pendant 1917 ou aurait-il aimé jouer avec des « petits soldats en plomb » (non en chaire et en os) au moment de la sieste. Il aurait été peut-être affecté par l’histoire « des 1000 grues », qui fait partie de la tradition orientale et consiste à faire des pliés artisanaux pour sauver la vies des victimes des radiations libérées par les bombes nucléaires à Hiroshima et Nagasaki (1945).
Peut-être, avec le temps, l’adolescent "Jorge" aurait pu frissonner en s’informant de l’agonie des 80 000 innocents qui sont décédés dans les hôpitaux comblés de Tokyo et les portées des « futures jeunes entrepreneurs » qui ont perdu leur vie dans l’acharnée guerre du Vietnam. Peut-être n’aurait-il pas compris l’impatience de Truman pour terminer la Seconde Guerre Mondiale et encore moins l’accord par les puissances mondiales à Postdam, Allemagne.
Il est inévitable de nous demander aussi ce qu’il se serait passé si Staline avait écouté sa mère, comme la majorité des fils faisaient généralement alors. Toutefois, le provocant "José", a été un géorgien orphelin qui s’est transformé en "sauveteur des soviétiques" et successeur de Lenine en 1923 (bien que celui-ci a spécifié dans son testament, qu’il, par prudence, ne voulait pas lui livrer le pouvoir). Que serait la Russie si dans le couvent dans lequel il étudiait pour être prêtre, ils n’avaient pas découvert qu’il prenait part à des mouvements antizaristes en 1904 ? Il est probable que Staline aurait fini en donnant la messe dans un bled perdu et poussiéreux de Géorgie (même si son tempérament et son peu de foi en Dieu, ne l’auraient pas permis).
Il serait aussi intéressant de savoir ce qui se serait passé si Adolf Hitler avait été accepté dans l’Académie de Beaux Arts de Vienne en Autriche, sa terre natale. On aurait peut-être évité qu’il déverse sa frustration dans le domaine militaire et que ce mélange incandescent de ressentiment, paranoïa et délires de grandeur soit entré en éruption, après le ridicule Traité de Versailles qu’ont signé les puissances gagnantes en 1919, en écrasant les allemands et en installant un air d’incertitude, et la crainte qui a guetté la paix du monde. (il pourrait être dit qu’on respire aujourd’hui un air semblable, grâce à la pression de Colin Powell et Bush).
Si le jeune George Bush avait vécu de plus près ce que Nixon et Kissinger ont fait le mardi 11 septembre 1973 dans la Maison du Gouvernement Chilien dans laquelle était Salvador Allende, il aurait peut-être compris certaines des raisons pour lesquelles l’indélébile 11 septembre 2001, a été payé avec du sang innocent. Ce fut indigne, il n’y a pas doute, le terrorisme ne devrait pas exister. Mais il existe. Peut-être devrions-nous nous demander pourquoi ?
Si est en train de se déclancher une autre guerre en Orient, espérons que les responsables, c’est-à-dire ceux qui la promeuvent avec tant ferveur, sont conscients de ce qu’il va arriver. S’ils sont sots et de toutes les manières qu’ils justifient la catastrophe parce qu’elle est rentable, il n’y a pas façon de l’arrêter. La guerre est un investissement ou un indice économique pour certains et une grande souffrance pour d’autres.
Mais il ne faut pas perdre l’espoir et beaucoup moins rester immobilisés. Il faut envoyer un « Manuel Santillana » à Bush pour nous assurer qu’il n’a pas oublié ce qu’il est déjà arrivé et qu’il mesurera les conséquences de ses actes. Peut-être le message des marches pacifistes et le manuel de second degré, arriveront trop tard pour changer la destinée de l’humanité.
Mais, peut-être pas !