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Ceci a été déjà souvent raconté, mais celle-ci a un ton d’héroïcité quotidienne qui lui donne un caractère permanent. La répétition, de toute façon, est le privilège de l’immortalité et c’est pourquoi qu’il s’agit d’une histoire qui mérite d’être répétée encore et encore.
Tout a commencé le jeudi 1er de décembre 1955, à Montgomery, Alabama, Etats-Unis d’Amérique. Rosa Parks, une ouvrière couturière noire, est montée dans omnibus et s’assoit au cinquième rang, dans la première que les noirs pouvaient occuper, avec autres trois noirs. Trois arrêts plus loin montent quelques blancs, et qui occupent les quatre rangs du devant avant, mais il en reste un debout. Quand le conducteur s’est rendu compte qu’il y avait un blanc debout, il a dit aux quatre noirs de la cinquième file de se déplacer vers le fonds et les autres trois se sont levés et sont partis, mais elle non. Quand il l’a vue encore là, il lui a dit de se lever (les blancs et les noirs ne pouvaient pas être assis dans la même file).
Et elle a dit : « Non ».
Le conducteur a menacé : « je vais te faire arrêter ». Et il a arrêté l’omnibus. Et elle a répondu : « Fait-le »". Et ils l’ont arrêtée. |
C’était ce que les dirigeants des droits civiques attendaient. Cette même nuit ils ont organisé un boycott contre la compagnie d’omnibus, qui a été un franc succès, et une assemblée a décidé de le maintenir et de former un comité, à la tête duquel ils ont mis un jeune pasteur noir, un tel Martin Luther King.
Une semaine plus tard, quand la compagnie a vu que l’affaire était sérieuse, elle a appelé à une réunion de conciliation ; les dirigeants noirs ont proposé un plan d’intégration assez modéré, mais la compagnie ne l’a pas accepté. Le boycott a suivi son cours.
En janvier, la compagnie a fait une tentative de diviser à la Communauté noire et, comme elle n’a pas réussi, elle a décidé de passer à l’action : le 30 janvier, ont été attaquées les maisons de Martin Luther King et d’autres dirigeants comme Jo Ann Robinson. Le 21 février, 89 noirs ont été jugés sur la base d’une vieille loi qui interdisait les boycottages et ont reçu des amendes.
Ce qu’il se passait, en réalité, c’est que le boycott à la compagnie d’omnibus commençait à altérer toute la vie de la localité. Non seulement c’est préjudiciable pour la compagnie, mais aussi les commerçants du centre ville sentaient diminuer leurs ventes, puisque la population noire se déplaçaient beaucoup moins. Les commerçants ont essayé de négocier avec les chefs noirs pour qu’ils lèvent le boycott, mais n’ont rien obtenu.
Les dirigeants noirs, pour leur part, ont porté la question devant le Tribunal Fédéral. Mais ils ne demandaient déjà plus une diminution de la ségrégation, comme ils l’avaient fait pendant les premières réunions de négociation avec la compagnie, mais son abolition, pure et simple, et ont eu gain de cause, puisque la Cour Fédérale leur a donné raison.
Même si cela paraît incroyable, la ville d’Alabama a fait appel. Et c’est ainsi que, le 13 novembre 1956, la Court Suprême des Etats-Unis a déclaré inconstitutionnelle la ségrégation dans l’omnibus. Le boycott avait fini par payer et le 21 décembre, quand le mandat de la Cour Suprême a été communiqué à Montgomery, les noirs ont repris les omnibus. La lutte avait duré une année et vingt jours.
L’année suivante Parks a déménagé dans le Michigan, à cause des menaces blanches, où de 1965, elle a travaillé pour le législateur démocrate John Conyers, qui l’a qualifiée comme « mère du mouvement de droits civiques ». En 1996, le président US Bill Clinton lui a donné la Médaille de la Liberté. Ce lundi, Rosa Parks est morte à 92 ans.
Et comme la répétition est la seule garantie d’immortalité, cette histoire devra être racontée maintes et maintes fois, et Rosa Parks, maintes et maintes fois continuera à refuser de se déplacer de son siège, avec la fermeté et la fatigue, la fatigue infinie de ceux qui sont capables de dire « non » devant l’injustice.
Par Leonardo Moledo
Página 12. Buenos Aires. Mercredi, 26 octobre 2005
Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi
El Correo. Paris, 26 octobre 2005
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