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20 août 2012

Robert Castel : « Il y a des conditions pour dire que l’Argentine est dans le postnéolibéralisme »

 

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L ’Argentine « est dans le postnéolibéralisme parce qu’elle développe des pratiques étrangères à l’idéologie et au pouvoir du libéralisme », ont affirmé plusieurs penseurs européens, dont parmi eux le sociologue français Robert Castel, lors d’une visite à l’organisation Tupac Amaru.

« L’expérience de la Tupac est inédite, particulière et originale. J’ai pensé que c’était quelque chose de beaucoup plus artisanal, improvisé, des gens vivant au jour le jour qui essaient d’être organisé pour répondre aux besoins mais ce n’est pas ainsi  », a signalé Castel en se référant à l’organisation dirigée par Milagro Sala.

Le sociologue français, directeur à l’école des Hautes Études dans Sciences Sociales, a visité pendant quatre jours aux côté de ses collèges italiens Enrico Pugliese, Ota De Leonardis, Diane Mauris et l’urbanista Massimo Bricocoli, des quartiers construits dans les localités de San Pedro, Alto Comedero, Tilcara y Humahuaca dans la Province de Jujuy.

Les Européens ont aussi participé à la marche du lundi 13 août pour demander l’arrêt du procès et la liberté de deux femmes dénoncées par l’équipe de [très contestée réactionnaire] Jorge Lanata, à laquelle se sont ajoutés Emilio Pérsico et Leonardo Grosso, le Mouvement Evita, Marcelo Santillán, de La Cámpora, notamment.

Lors de la visite, en plus d’apprécier les quartiers de logements, d’écoles et de services de santé et sportifs de la Tupac, ils ont aussi décidé de partager la marche de la protestation qui a occupé les rues de la capitale de la province de Jujuy, avec les couleurs et le timbre habituel qui caractérisent ce regroupement.

C’est pourquoi Castel a avoué qu’il ne s’attendait pas « une expérience aussi grande » et il a défini ce collectif social comme « une institution réelle avec beaucoup de pouvoir et beaucoup de mouvement ».

La visite a suscité chez les visiteurs des comparaisons avec la réalité de leurs pays. Ils se sont montrés préoccupés « du manque d’idées » des gouvernements européens, en particulier celui de l’Italie, où la gauche n’offre pas de sorties parce que selon le sociologue du travail, Enrico Pugliese « il n’y a pas de possibilité de penser hors du libéralisme  ».

« La classe ouvrière, les jeunes et les immigrants n’ont aucune possibilité de parole ou de pensée qui puisse se traduire dans des questions et des revendications politiques », a indiqué Pugliese alarmé parce qu’, comme il a décrit, « il n’y a pas de mobilisation des gens, mais il y a oui beaucoup de fragmentation et sensation d’isolement et de résignation ».

De Leonardis, pour sa part a soutenu que « les libéraux ont une recette claire, sûre, obligatoire, tandis que dans l’opposition de petites corrections de cette recette sont cherchées mais il n’y a pas de perspective différente parce qu’il y a une énorme fragmentation de l’opposition, politique et culturelle ».

Au sujet de la gauche, il a admis que cette force politique « existe » mais « elle est totalement subalterne, et n’a pas d’idées autonomes sur la situation. Ici (en Argentine) la situation est complètement différente ».

Enfin Castel, parmi les remarques qu’il a faites a souligné : « vous avez affronté ces problèmes (chômage, pauvreté, rôle de d’État) d’une manière différente de ce que nous avons fait », et il a dit après avoir mis au même plan les problèmes que « il n’y a plus de premier ni de troisième monde, il y a un monde commun que nous essayons de développer ».

« Je pense que c’est l’occasion pour avoir une relations d’échange plus démocratique, plus équilibrée et très différente de la perspective impérialiste de l’Europe et avec l’Amérique en général », a –il assuré en ce qui concerne l’Argentine.

En ce qui concerne la Tupac, le sociologue français a considéré que « il y a une spécificité historique des peuples originaires qui a besoin d’être prise en compte pour la comprendre dans le cadre des luttes populaires ».

«  Il est important de penser à la perspective de généraliser l’expérience de construction et qui n’a pas à voir seulement avec l’Argentine », a-t-il dit.

« C’est important par rapport au risque de s’enfermer dans une logique communautaire séparée des autres et enfermé sur soi même. Ou se placer comme une alternative plus générale et ouverte », a-t-il dit après avoir décrit le défi pour les peuples autochtones qui est de construire des alliances politiques à l’extérieur de leurs cultures.

Alba Silva, envoyée spéciale.

Télam. Buenos Aires, le 20 août 2012.

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi.

El Correo. Paris, le 20 août 2012.

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