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30 juin 2004

Que se passerait-il si brusquement l’OPEP passait a l’ EURO ?

 

Il y a beaucoup de raisons à l’obsession de George Bush envers Bagdad. Dans d’autres articles que j’ai écrits pour Yellow Times.org, j’ai fait une allusion à une raison pas tellement évidente à propos de l’Irak, mais à la guerre de Bush contre l’Europe. De fait je crois que c’est la raison principale de sa fixation contre l’Irak.

Par Paul Harris
Soberanía.info, juin 2004
Texto en español
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Dès qu’une nation décide d’aller en guerre, on fait des plans sur qui gagnera et qui perdra ; personne ne va en guerre en espérant perdre, mais la raison évidente de l’agression n’est pas toujours le véritable motif de la guerre. Parfois il ne s’agit pas d’espérer gagner mais, plutôt, de ce que l’autre perd ; et ne doit pas être ton ennemi déclaré celui dont tu espères qu’il assumera les pertes.

Dans ce cas, la victime attendue par Bush est l’économie européenne, qui est robuste et probablement appelée a devenir plus forte dans le futur proche. L’entrée de la Grande-Bretagne dans la zone euro est inévitable ; La Scandinavie la rejoindra tôt ou tard . Il y aura déjà 10 nouveaux pays membres en mai 2004, ce qui gonflera le PIB de l’Union Européenne environ à 9,6 trillons de dollars, avec 450 millions de personnes, par rapport à 10,5 trillons de dollars et 280 millions de personnes aux Etats Unis. Ceci représente un bloc redoutable en matière concurrence pour les Etats Unis mais la situation est beaucoup plus complexe que ce que révèlent ces chiffres et de cela dépend le futur de l’Irak.

J’ai écrit avant, comme beaucoup d’autres, que cette guerre est sous surveillance à cause du pétrole. Il est certain qu’il y a d’autres raisons, mais le pétrole est la force qui la propulse. Pas de la manière qu’on pourrait croire.

Ce n’est pas tant qu’on croit qu’il y a d’énormes réserves de pétrole non exploitées en Irak et qu’elles n’ont pas été exploitées compte tenu d’une technologie désuète ; ce n’est pas tant le désir de l’Amérique du Nord de mettre ses mains sales sur ce pétrole. C’est plutôt qu’elle veut que les mains sales qui ne sont pas américaines soient maintenues éloignées de lui.

Ce qui a précipité tout ceci n’a pas été le 11 septembre, ni un désir soudain de se rendre compte que Sadam était toujours un type répugnant, ni le changement de direction aux Etats Unis. Ce qui a précipité ceci c’est ce qu’a fait l’Irak le 6 novembre 2000 en en choisissant l’EURO comme la monnaie avec laquelle il menait ses transactions pétrolières. Au moment du changement, cela a pu paraître idiot que l’Irak renonce à une telle quantité de profits pétroliers pour prendre une position politique. Mais cette position politique a été choisie et la dépréciation constante du dollar contre le EURO depuis lors, signifie que l’Irak a obtenu de bons profits en changeant ses réserves et sa devise pour mener ses transactions. L’EURO a gagné près 17% sur le dollar depuis ce moment, ce qui doit aussi être appliqué aux 10 milliards de dollars qui sont dans le fonds de réserve des Nations Unies "pétrole contre nourriture " de l’Irak.

La question qui apparaît, et celle que s’est posée George Bush est : Que passerait-il si l’OPEP, brusquement passe à l’EURO ? En un mot, c’est une grosse bourde.

À la fin de la Seconde Guerre Mondiale on est arrivé à un accord lors de la conférence de Bretton Woods qui a fixé la valeur de l’or à 35 dollars l’once et ceci s’est transformé en un Standard international avec lequel on mesurait les devises. Mais en 1971, Richard Nixon a sorti le dollar de la parité avec l’or et depuis lors, le dollar a été l’instrument monétaire global plus important et seulement les Etats-Unis peuvent le fabriquer. Le dollar, maintenant une monnaie sans soutien, est élevé malgré le déficit enregistré dans le compte courant du pays et le statut des Etats-Unis comme la principale nation endettée. La dette des Etats-Unis le 4 avril 2002, était de 6.021 trillons de dollars contre un PIB de 9 trillons.

Le commerce entre les nations s’est transformé un cycle dans lequel les Etats-Unis produisent des dollars et le reste du monde produit ce que les dollars peuvent acheter. Les nations ne font pas du commerce pour obtenir des avantages compétitifs, mais plutôt pour obtenir les dollars dont ils ont besoin pour le service en dollars de leurs dettes externes et pour accumuler des dollars comme réserve, afin de maintenir la valeur de change de leurs devises domestiques. Afin de prévoir des attaques spéculatives et des attaques potentielles nuisibles à leur monnaie, les banques centrales de ces nations doivent acquérir et maintenir des réserves de dollars équivalentes au montant de leurs monnaies en circulation. Ceci crée un appui intégré pour un dollar fort, qui oblige à la fois les banques centrales du monde à acquérir et à maintenir davantage de réserves en dollars, en rendant ainsi le dollar plus fort.

Ce phénomène est connu comme "l’hégémonie du dollar" qui est créée par le particularisme que les marchandises critiques, notamment le pétrole, sont libellées principalement en dollars. Tout le monde accepte des dollars parce que les dollars peuvent acheter du pétrole.

La réalité est que la force du dollar depuis 1945 réside dans le fait d’être la devise internationale pour les transactions pétrolières globales (c’est-à-dire, "petro- dollar"). Les Etats-Unis en impriment des centaines de billions sans aucune contrepartie ; les "pétrodollars" sont utilisés par les nations pour acheter du pétrole et de l’énergie des producteurs de l’OPEP (sauf actuellement l’Irak et dans un certain degré Venezuela). Ces pétrodollars sont recyclés par l’OPEP depuis peu vers les Etats-Unis, par l’intermédiaire de lettres du trésor ou d’autres actifs libellés en dollars, comme des actions, biens immobiliers, etc.. Le recyclage des pétrodollars est le prix pour les US pour ce qu’ils ont extrait depuis 1973 des pays producteurs de pétrole grâce à la tolérance du cartel du pétrole.

Les réserves de dollars doivent être investies dans des actifs américains, ce qui produit un excédent dans des comptes en capital pour l’économie des Etats-Unis. Malgré le faible fonctionnement du marché pendant l’année passée, la valeur des réserves américaines est encore 25 % plus élevées et le commerce 56 % au-dessus de sa valeur comparée avec les marchés émergent. L’excédent des comptes en capital finance le déficit commercial.

Puisque les Ettas Unis impriment les pétrodollars, ils contrôlent le flux pétrole et point.
Comme le pétrole est payé en dollars et le dollar est la seule devise pour négocier le pétrole on peut s’arriver à la conclusion que les Etats Unis possèdent gratuitement le pétrole du monde.

Alors, que se passerait-il si l’OPEP décidait de suivre l’exemple de l’Irak et commençait à négocier du pétrole en EURO ? Explosion économique. Les nations consommatrices de pétrole devraient faire sortir leurs dollars des réserves de leurs banques centrales et les remplacer par des EURO. La valeur du dollar baisserait et les conséquences seraient celles qu’on peut attendre de tout effondrement de la devise et d’une inflation massive (il suffit de penser en Argentine, par exemple) ; les fonds étrangers pourraient brusquement sortir du marché des valeurs américain et il y aurait une fuite des actifs en dollars comme en 1930 ; le déficit budgétaire serait ainsi délaissé, et ainsi de suite.

Et ceci seulement aux Etats-Unis. Le Japon serait durement frappé en raison de sa dépendance totale du pétrole étranger et de sa sensibilité incroyable au dollar américain. Si l’économie du Japon tombe, tomberait aussi celle beaucoup d’autres pays, spécialement les Etats-Unis dans un effet de domino

Voila l’effet potentiel d’un passage "soudain" à l’ EURO. Un changement plus progressif pourrait être maniable, mais encore cela changerait le bilan financier et politique du monde. Vu la taille du marché européen, sa population, ses besoins de pétrole (l’Europe importe davantage de pétrole que les usa),l’euro pourrait rapidement se transformer de fait la monnaie de référence pour le monde.

Il existe quelques bonnes raisons pour que l’OPEP suive à l’Irak et commence à évaluer le pétrole en EURO. Il y a peu de doutes pour qu’ils puissent jouir de l’occasion de faire une déclaration politique après tant d’années de silence devant les Etats Unis, mais il y a des raisons économiques solides aussi.

Le dollar puissant a régné sans partage depuis 1945 et durant les dernières années a gagné encore plus terrain avec la domination économique des Etats Unis. À la fin des 90 plus de quatre cinquièmes des transactions en monnaie étrangère et la moitié de toutes les exportations mondiales ont été faites en dollars.

L’objectif de la guerre de Bush contre l’Irak, évidemment, est de s’assurer le contrôle de ces domaines pétroliers et de revenir à ce que sa valeur soit fixée en dollars, donc augmenter exponentiellement la production pour forcer les prix à baisser. Finalement l’objectif de la guerre de Bush est de menacer de prendre des actions significatives contre chacun des producteurs de pétrole qui pourraient être opter pour l’EURO.

À long terme, l’objectif n’est pas réellement Sadam, c’est le EURO et, évidemment, l’Europe. Les USA ne vont pas rester les bras croises tranquillement et laisser à ces parvenus européens prendre les rênes de son destin et encore moins celles des finances du monde. Évidemment, tout dépend du fait que le plan fou de Bush, ne se transforme pas en déclencheur d’une Troisième Guerre Mondiale, comme cela peut arriver.

Traduction pour El Correo : Carlos Debiasi

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