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Le Monde.fr | 5.12.06 | 15h05
Mis à jour le 06.12.06 | 17h26
Voici l’intégralité du débat avec Sylvia Zappi, journaliste au "Monde", mercredi 6 décembre 2006
teven Latch : Sans la LCR, LO et Bové, le front unitaire de la gauche du "non" est déjà bien entamé, au moins symboliquement. A ce stade, l’enjeu ne serait-il pas plutôt de savoir si, à partir du 11 décembre, les non-communistes vont accepter de grossir les rangs d’une candidature "PC plus" avec Mme Buffet comme candidate, ou si le PC va accepter de n’être qu’une force de soutien pour un candidat non issu de ses rangs, alors que ses deux rivaux historiques (LO, LCR) font campagne en leur nom propre ?
Sylvia Zappi : Vu le comportement de la direction du Parti communiste français (PCF), il paraît évident qu’ils ne veulent pas admettre que Marie-George Buffet n’est pas acceptée comme candidate unitaire. Et vont donc tout faire pour l’imposer lors de la réunion des collectifs les 9 et 10 décembre. La question va donc effectivement se poser à tous ses partenaires de soutenir ou non une candidature de Mme Buffet. Pour l’instant, ils ont tous juré qu’ils ne suivraient pas. Quant au front lézardé, il l’était déjà depuis le refus de Besancenot [Ligue communiste révolutionnaire, LCR] de suivre. Lutte ouvrière (LO), quant à elle, n’a jamais été dans le film en refusant dès la campagne du "non" d’être dans ce front antilibéral.
Red-linger : Les collectifs antilibéraux ont commencé à débattre et à se prononcer. Pour l’instant, il semble que la candidature de Marie-George Buffet soit largement en tête des choix exprimés. Les composantes du rassemblement seront-elles assez responsables pour accepter la démocratie et se rassembler derrière la candidate ?
Sylvia Zappi : C’est vrai qu’on peut percevoir le problème en termes de démocratie, car Mme Buffet semble pour le moment en tête. Il faut quand même attendre la fin de la semaine, car seuls 300 collectifs sur 800 se sont prononcés.
Mais la procédure arrêtée prévoyait un "double consensus" : c’est-à-dire qu’en plus du choix des collectifs, il fallait examiner celui de l’ensemble des mouvements politiques qui composaient le collectif national. Et là, il y avait unanimité contre l’option Buffet. Donc on peut aussi penser qu’il aurait été "responsable" de la part du PCF de comprendre qu’il devait mieux entendre ça, retirer Marie-George et accepter un candidat ou une candidate de consensus.
I_bzh : Face au doute, voire au désarroi, provoqué dans l’aile gauche des sympathisants du Parti socialiste (PS) après la désignation de Ségolène Royal, comment se fait-il que la gauche, dite extrême, soit incapable de faire taire ses divergences pour espérer capter ces voix ?
Sylvia Zappi : Il y a un vrai potentiel électoral à gauche depuis la nomination de Ségolène Royal et la gauche antilibérale pouvait espérer le capter. Mais ses querelles d’ego et l’incapacité du PCF à s’effacer devant le collectif ont eu raison de son unité. Mme Buffet voulait ramasser la mise. Elle risque de perdre la partie par manque de troupes et de votes.
Nicolas_Guyard : Quel serait l’enjeu d’un tel rassemblement antilibéral - qui semble bien compromis - dans l’élection présidentielle ? Avoir un véritable poids politique et influencer un futur gouvernement de gauche, si celui-ci est élu, avec en ligne de mire les élections législatives ?
Sylvia Zappi : L’enjeu était de montrer qu’une autre gauche que celle de Ségolène Royal était vivante, proposait une politique de rupture avec la logique dominante. C’était leur objectif en se rassemblant. Ces antilibéraux avaient concocté un programme de 125 propositions qui n’avait pas à rougir devant celui du PS. Quant à la participation gouvernementale, ils étaient clairs : ils ne voulaient pas participer à un accord avec le PS tel qu’il était, c’est-à-dire social-libéral.
Faf : Est-ce que l’annonce du retrait de José Bové est définitive, ou peut-il encore revenir, sous la demande pressante des collectifs ?
Sylvia Zappi : Il a renoncé à sa candidature pour donner un coup de semonce face à l’attitude sectaire de la LCR et la tentation hégémonique du PCF. Il ne reviendra pas sur sa décision. D’autant qu’il s’est aussi aperçu qu’il n’avait pas tant de soutiens que ça dans les collectifs, et ne voulait pas affronter un vote minoritaire.
Gab : Si le rassemblement réussit à se faire, le PCF est-il en capacité (ou a-t-il la volonté) de renoncer à demander le soutien du PS pour les législatives ? Ne risque-t-il alors pas de perdre tous ses députés ?
Sylvia Zappi : Marie-George Buffet a singulièrement durci le ton à l’égard du PS depuis la nomination de Ségolène Royal. A ses yeux, cette dernière entraîne la gauche vers la droite avec ses valeurs d’ordre et de respect des équilibres économiques actuels. Il n’y a pour le moment aucun contact ni négociation entre les deux partis. Et vu le rétrécissement du rassemblement entraîné par la désignation attendue de la candidate du PCF, il risque de faire un petit score et de perdre son groupe parlementaire.
Alain : Existe-t-il vraiment un consensus idéologique entre les différents prétendants pour faire une gauche unitaire ?
Sylvia Zappi : Oui. Cela s’est vu lors de l’élaboration de leur programme. Malgré des histoires et des cultures politiques différentes, ils ont réussi à se mettre d’accord sur 125 mesures qu’un gouvernement de gauche prendrait s’ils arrivaient au pouvoir. Ce n’est pas rien. Mais il demeure encore des désaccords - sur le nucléaire, le droit de vote des étrangers ou encore la laïcité -, qu’ils assument.
Ronald Duchene : Clémentine Autain veut être la candidate de la gauche antilibérale mais critique ouvertement le Parti communiste. Pensez-vous qu’elle puisse créer son propre parti si elle n’est pas désignée par les collectifs ?
Sylvia Zappi : Non, ce n’est pas son projet. Elle ne souhaite pas ajouter un énième petit parti à gauche, mais veut rassembler de la LCR à la gauche du PS type Mélenchon.