Accueil > Notre Amérique > Frère Indigène > Première mondiale à Buenos Aires pour un opéra en langue indienne mapuche
La langue des indiens mapuches, qui peuplaient jadis la Patagonie dans le sud de l’Argentine, va résonner pour la première fois sur une scène à Buenos Aires grâce à "Wallontu Mapu" (Cosmos), opéra composé par un jeune musicien argentin qui allie musique ethnique, classique et électronique.
Cette première mondiale aura lieu vendredi au planétarium Galileo Galilei, choisi pour son plafond imitant la voûte céleste, et spécialement adapté pour cette oeuvre basée sur des mythes de la tradition mapuche expliquant l’origine du monde.
"J’ai toujours pensé à un espace circulaire comme le planétarium, lieu cosmique par excellence", a expliqué à l’AFP Oliverio Duhalde.
Ce lieu permettra aussi au public d’être au centre de l’oeuvre et non face à une scène comme dans un théâtre traditionnel, selon ce musicien, âgé seulement de 31 ans, mais déjà récompensé à plusieurs reprises pour une autre facette de son talent : le documentaire. Il a ainsi collaboré à plusieurs reprises pour les chaînes de télévision National Geographic et Discovery.
Wallontu Mapu "est un opéra de chambre expérimental qui, comme tout opéra, comprend différents aspects de la création artistique comme la musique, la littérature et les arts de la scène", a-t-il ajouté.
Mais l’innovation principale vient de l’utilisation du mapudungun, langue mapuche, et des mythes de ce peuple indien.
Les mythes mapuche au coeur de cette oeuvre insolite ont été retrouvés grâce à l’aide d’anthropologues. Le livret a ensuite été écrit en espagnol, avant d’être traduit en langue mapuche par un musicologue argentin qui a vécu plusieurs années dans cette communauté indienne.
"Avec cette oeuvre, j’ai voulu créer un climat mystique, une des caractéristiques que la musique actuelle est en train de perdre. Notre art est en train de perdre de sa force. Il faut revenir aux manifestations viscérales de l’art et je crois que c’est important de les chercher dans les peuples premiers", a-t-il encore expliqué.
Un quartette à cordes, composé de deux violons, un alto et un violoncelle, sera dispersé dans la salle, aux quatre points cardinaux, pour que la musique emplisse tout l’espace.
"En même temps, la soprano Flora Yunguerman, qui représentera symboliquement le +chaman+ (sorcier), se déplacera au milieu du public pour raconter l’origine du monde et inviter la communauté à se connecter avec l’univers", a expliqué Oliverio Duhalde.
"Dans les sociétés primitives, tous faisaient partie de la création artistique", a-t-il ajouté.
Le texte de cette narration sera disponible pour permettre au public de comprendre l’oeuvre.
Selon des estimations, les Mapuches seraient aujourd’hui quelque 90.000, essentiellement concentrés dans le sud du pays, après avoir été une des ethnies principales de cette partie de l’Argentine avant la colonisation espagnole et les massacres qui s’ensuivirent.
Par Josefa Suarez
AFP. Buenos Aires, 7 septembre 2005