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7 septembre 2005

Pourquoi l’ONU et les pays du monde doivent-ils aider un pays qui dépense 5.600 millions par mois pour en envahir un autre ?

 

Aide international pour les Etats Unis

Par Pascual Serrano
Rebelión
, 6 septembre 2005

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Les journalistes du monde entier se font l’écho de la décision du gouvernement américain d’accepter l’aide de plusieurs pays et institutions internationales pour pallier les dommages de l’ouragan Katrina. Beaucoup de ces aides sont sous forme d’argent, de rations alimentaires militaires, de pétrole, d’équipements sanitaires et de campagne.

Pour certains cela paraîtra un exemple de solidarité internationale digne d’éloge, mais je voudrais donner quelques précisions sur certaines de ces aides. Toutes les prestations et aides que j’ai précédemment citées sont distribuées par les Etats Unis en Iraq.

Rappelons que les États Unis destinent 5 600 millions de dollars par mois pour maintenir l’occupation de ce pays, où ils ont envoyé approximativement 175 000 soldats. Pour le moment, le président américain n’a pas manifesté la moindre intention de réduire les frais ou la présence militaire dans ce pays.

Nous avons ainsi le misérable gouvernement d’Afghanistan qui affirme être disposé à débourser cent mille dollars. Si nous faisons le compte, les Etats-Unis dépensent cet argent en moins d’une minute en Iraq.

L’Union européenne a annoncé à Bruxelles que les États Unis lui ont officiellement sollicité une aide d’urgence, consistant en boîtes de secours médicales, eau et 500 mille rations alimentaire. C’est-à-dire, ce que mangent les soldats américains en Iraq en trois jours.

Le ministre de Défense britannique, John Reid, annonçait que la Grande Bretagne enverrait lundi dernier un demi-million de rations repas, suffisantes pour nourrir chacune une personne pendant un jour. C’est ce que mangent les troupes d’occupation d’Iraq en trois autres jours.

Après avoir demandé dimanche l’aide de l’Union européenne, l’ambassadeur des USA à Madrid, Eduardo Aguirre, a livré au ministre des Affaires Extérieures Espagnol, Miguel Angel Moratinos, un "longue liste" de besoins qui font défaut aux autorités américaines pour affronter les effets de l’ouragan ’Katrina’. "Nous avons présenté au Ministère une longue liste de choses qui sont importantes. Une part d’entre elles est le pétrole, une part d’entre elles sont les repas de type militaire qui ne se gâtent pas, des batteries et des équipements médicaux ", a brièvement énuméré l’ambassadeur dans une comparution de presse avec Moratinos au terme de sa réunion au siège des Affaires Extérieures. Le ministre devrait dire à l’ambassadeur que de tout cela, là où il y en a beaucoup, c’est dans ses campements militaires en Iraq et que si l’Espagne a ce matériel c’est parce qu’elle n’a pas de troupes à maintenir dans le pays envahi. Et elle en aurait plus si l’Espagne n’en avait pas envoyé en Afghanistan.

D’autre part, Cuba a offert du personnel sanitaire et des médicaments, offre à laquelle le gouvernement américain n’avait pas répondu après 48 heures, et le Vénézuéla approvisionnera un million de baril d’essence. Je suppose qu’en Iraq les Etats-Unis ne dépensent pas beaucoup d’argent en essence, il la vole sur place.

Le gouvernement français a mis à disposition un ensemble de matériels comme des tentes de campagne, des boîtes de secours de cuisine et des lits pliants. De tout cela, il y en a sûrement beaucoup dans les campements militaires d’Iraq, probablement plus que dans toute la France.

La Suisse a annoncé avoir reçu une demande d’aide des États Unis, et la Norvège a indiqué qu’elle a offert 1,6 millions de dollars. Cette somme d’argent est dépensée par les Etats-Unis dans son occupation iraquienne en approximativement dix minutes.

Israël a annoncé qu’une mission chargée d’évaluer les besoins d’aide partira aux États Unis. Plusieurs pétro-monarchies (les Emirats Arabes Unis, le Koweït et le Qatar) ont aussi exprimé leur volonté de participer.

Nous pourrions faire des comptes semblables avec la Corée du Sud, qui a promis 30 millions de dollars, et le Canada qui enverra des milliers de lits pliants, de couvertures, de gants chirurgicaux et toute sorte de matériel médical.

Le Bangladesh, un des pays les plus pauvres du monde où la moitié des 140 millions d’habitants vit avec moins qu’un dollar quotidien, fera don d’un million de dollars.

Les pays du Golfe Persique apporteront un quart de millions de dollars pour les enfants touchés par l’ouragan. D’après les informations du prince de la couronne saoudienne Talal Bin Abdelasis, l’argent a été tiré d’un programme dont disposent les états du Golfe pour soutenir les organisations des Nations Unies pour le développement. C’est-à-dire que l’argent pour répondre aux demandes du gouvernement qui, nous rappelions, dépense 5 600 millions en Iraq, sortira du budget pour nourrir des zones appauvries de l’Afrique

Jusqu’à aujourd’hui nous savions que les États Unis était un des pays qui consacrait le moins d’argent à la coopération et au développement, celui qui devait le plus d’argent aux agences internationales humanitaires, celui qui récoltait les ressources de la majorité des pays du monde. Ce que nous ne savions pas c’est qu’il allait faire la quête à tous les dirigeants amis pour qu’ils lui donnent l’argent qu’ils avaient destiné aux pays en voie de développement. Les inondations ne devraient pas réveiller une solidarité mal comprise.

Il y a des pays, à l’égal des personnes, qui ne disposent pas de ressources pour affronter un imprévu et il est bon qu’ils provoquent la solidarité internationale, mais dans d’autres occasions, et celle-ci est l’une d’elles, ils disposent de ces ressources mais ne veulent pas les dévier pour s’occuper de leurs besoins. Les Etats-Unis sont un pays qui facture toutes les années 12 400 millions de dollars en vendant des armes, qui maintient des bases militaires dans une grande partie du monde avec des frais remarquables et dont le gouvernement ne souhaite pas faire payer d’impôts aux grandes fortunes.

Pourquoi un européen, un koweïtien, un coréen, un canadien ou un vénézuélien doivent-ils apporter des fonds au gouvernement américain pour affronter la catastrophe du Katrina si celui-ci n’est pas disposé à le faire avec les ressources qu’il destine à envahir l’Iraq ou ce qu’il n’exige pas fiscalement des grands millionnaires et des corporations patronales ? Pourquoi est-ce que ce doit être l’argent de l’aide internationale qui est utilisé pour s’occuper des victimes au lieu de celui des grandes assurances qui recevront sûrement des aides publiques substantielles comme cela s’est passé pour le 11-S ? Pourquoi l’habitant misérable d’un bidonville doit-il économiquement aider un millionnaire quand son jacuzzi s’inonde et qu’il ne veut pas payer un plombier ni recourir à l’argent dont il dispose pour des voyages vacances et des festivités d’anniversaires ?

J’ai une proposition qui est sûrement meilleure marché. Comme l’ Iraq est plus près de l’Europe et des pays du Golfe que les Etats-Unis, nous pourrions suggérer à Bush qu’il n’envoie pas les rations alimentaires, les équipements sanitaires et de campagne aux soldats occupants et qu’il les réserve pour la Nouvelle Orléans. Nous européens et ses petro-monarchies amies du Golfe nous les maintiendront bien nourris, assistés et installés.

Traduction pour El Correo : Thomas Solorzano

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