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Durant la journée de lundi au cours de laquelle 4 anciens répresseurs étaient jugés, le témoin Roberto Reyes a révélé l’un des secrets les mieux gardés par les militaires : quand et où il avait appris à torturer, avec quelles méthodes, avec des instructeurs venus des Etats-Unis. Roberto Reyes a ajouté que les Usaméricains avaient fini pour apprendre la torture des militaires argentins.
Dans ce tribunal fédéral n°2 de San Rafael, où sont jugé 4 anciens répresseurs, a été la scène d’un des révélations les plus attendues par les familles de disparus. C’est la première fois que ce type de témoignage est entendu au cours d’un procès pour crimes contre l’humanité en Argentine.
Face aux juges, Roberto Reyes, ancien militaire aujourd’hui policier, a reconnu qu’en 1967 il avait suivi un cours anti guérilla à Tartagal, province de Salta. Le contenu de ce cours était loin de ressembler à une méthode propre à un Etat de droit. Il s’agissait plutôt de sombres méthodes. Robert Reyes a précisé que pour cette expérience, 20 rangers usaméricains étaient venus entraîner 20 collègues argentins.
Le cours s’appuyait sur des livres et des explications pour effectuer tout type de torture à des détenus. Ces techniques avaient pour objectif, a expliqué Roberto Reyes, de faire parler les personnes arrêtées afin qu’ils dénoncent leurs compagnons ou les militants. Les tortures devaient être si fortes que certains demanderaient à ce qu’on les tue, ont expliqué les rangers aux Argentins. Mais, d’après Roberto Reyes a dit, ce sont les Usaméricains qui ont fini par apprendre comment maltraiter les gens. C’est-à-dire que les Argentins étaient plus doués que les instructeurs du nord.
Les manuels abordaient les techniques de la « Gégène », du sous-marin, comment couper les paupières, entre autres méthodes, a détaillé Roberto Reyes qui a ajouté qu’à ce cours avaient participé 200 hommes, des officiers et des sous-officiers venus de tout le pays.
Pour l’avocat des plaignants, Pablo Salinas, « la confession de Reyes démontre qu’il y a bien eu un plan systématique de terrorisme d’Etat, le plan Condor, préparé dès les années 60 pour être mis en marche dans les années 70 ».
Dans ce procès sont jugés Raul Alberto Ruiz Soppe (chef de l’unité régionale II de la police de Mendoza), Anibal Alberto Guevara (lieutenant dans l’armée), José Martin Mussere (liaison entre la police et le commandement militaire), Juan Roberto Labarta (D2 de San Rafaël). Le 5e accusé, Ruiz Pozo, a été suspendu parce qu’il est hospitalisé pour une maladie au stade terminal.
MDZ Diario de Mendoza, Argentine, le 27 juillet 2010.