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L’une des premières mesures fortes qui devrait être annoncée par le président élu de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, après son investiture début janvier, sera un ample programme de réforme agraire, rapporte samedi la presse brésilienne.
Au lendemain de sa victoire le 27 octobre, Lula avait annoncé un plan de lutte contre la faim et la création d’un "secrétariat d’urgence sociale contre la faim" dès son investiture.
Le Brésil, 12ème économie du monde en termes de PIB, compte quelque 54 millions de pauvres pour 170 millions d’habitants.
Le coordinateur du programme "Faim Zéro", José Graziano, a indiqué au quotidien Estado de Sao Paulo que le futur gouvernement disposait de 5 milliards de reals (1,35 milliard de dollars) en 2003 pour ce programme.
Mais l’apport de nouvelles ressources de la part d’institutions internationales, telles que la Banque Interaméricaine de Développement (BID) et de la Banque Mondiale (BIRD) devrait favoriser une anticipation des plans de Lula dans le domaine de la réforme agraire, selon l’équipe de Graziano.
Le 7 novembre dernier notamment, le BID a annoncé une enveloppe de 9 milliards de dollars pour des programmes sociaux du prochain gouvernement.
L’agronome Gerson Teixeira, principal responsable technique du programme agraire du Parti des Travailleurs (PT-gauche) de Lula, a indiqué que "deux milliards de reals (543 millions de USD) étaient suffisants pour donner un lopin de terre et un crédit à quelque 100.000 familles de paysans sans terre" qui sont parqués dans des campements précaires dans le pays.
Il a précisé "qu’avec environ 2 millions d’hectares, il était possible de donner une terre à ces familles".
D’après lui, il existe au Brésil "près de 90 millions de terres cultivables en friches au Brésil".
"Entre 1999 et 2001, près de 5 millions de personnes ont abandonné les campagnes. Il y a beaucoup de terres disponibles pour la réforme agraire, a estimé Teixeira".
"Nous faisons les comptes. Il y a des terres suffisantes pour un projet d’impact, capable de répondre à la demande qui est de moins de 100.000 familles", a déclaré de son côté à Estado de Sao Paulo le géographe Bernardo Fernandes, lié au Mouvement des Sans Terre (MST).
La grande réforme agraire aurait pour but de tenir les promesses faites par Lula pendant la campagne électorale et de calmer les secteurs les plus radicaux du MST au cours de la première année de son mandat.
Le coordinateur national du MST, Jaime Amorim, a déclaré la semaine dernière que son mouvement n’a pas l’intention de renoncer aux occupations de terres comme méthode de pression pour accélérer la réforme agraire, "même avec Lula au pouvoir".
Le MST a diffusé une lettre ouverte au "peuple brésilien et au président élu Lula" la semaine dernière dans laquelle il se déclare prêt à "coopérer dans toute la mesure du possible avec le nouveau gouvernement" mais en soulignant qu’il maintiendra "sa néscessaire autonomie par rapport à l’Etat".