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2 juin 2004

Mouvement pour la Justice Mondiale : Une arme qui a besoin d’être affûtée" Arundhati Roy. VF/VA

 

Par Arundhati Roy
Mumbai. 24 janvier 2004

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En janvier dernier, venus du monde entier par milliers, nous nous sommes réunis à Porto Alegre, au Brésil, et nous avons déclaré et répété qu’ « un Autre Monde est Possible ». A quelques milliers de kilomètres au nord, à Washington, George W. Bush et ses conseillers pensaient la même chose.

Notre projet, c’était le Forum Social Mondial. Le leur, poursuivre ce que beaucoup appellent le Projet pour le Nouveau Siècle Etasunien.

Dans les grandes villes d’Europe et des Etats-Unis, où quelques années plus tôt l’on n’aurait dit ces choses qu’à voix basse, les gens parlent aujourd’hui ouvertement du bon côté de l’Impérialisme et de la nécessité qu’un Empire fort maintienne l’ordre dans un monde indiscipliné. Les nouveaux missionnaires veulent l’ordre au prix de la justice. La discipline au prix de la dignité. Et l’ascendant à tout prix. Ils invitent à l’occasion quelques uns d’entre nous à « débattre » cette question dans des plateformes « neutres » offertes par les médias commerciaux. Débattre l’impérialisme, c’est un peu comme débattre les avantages et les inconvénients du viol. Que pouvons-nous en dire ? Que ça nous échappe vraiment ?

En tout cas, le Nouvel Impérialisme est déjà là. C’est une version remaniée, aérodynamique, de ce que nous avons autrefois connu. Pour la première fois dans l’histoire, un seul Empire, doté d’un arsenal d’armes qui pourrait anéantir le monde en un seul après-midi, possède une hégémonie absolue, unipolaire, économique et militaire. Il utilise des armes différentes pour ouvrir de force différents marchés. Il n’existe pas de pays sur la terre de Dieu qui ne soit dans la mire du missile de croisière étasunien et du chéquier du FMI. L’Argentine est l’exemple à suivre si tu veux être la vitrine du capitalisme néolibéral ; l’Irak, si tu veux être sa brebis galeuse.

Les pays pauvres qui possèdent une valeur stratégique pour la géopolitique de l’Empire, ou un « marché » de n’importe quelle taille, ou une infrastructure privatisable, ou, Dieu les en garde, des ressources naturelles de valeur - du pétrole, de l’or, des diamants, du cobalt, du charbon - doivent faire ce qu’on leur demande, ou devenir des cibles militaires. Ceux qui possèdent les plus grandes réserves de richesse naturelle courent les plus gros risques. A moins qu’ils ne livrent de plein gré leurs ressources à la machine commerciale, on leur fomentera des troubles civils, ou on leur fera la guerre. Dans cette nouvelle ère de l’Empire, où rien n’est comme il y paraît, on permet aux cadres des entreprises concernées d’influencer les décisions de politique extérieure. Le Centre for Public Integrity de Washington révèle que neuf des 30 membres du Defence Policy Board du gouvernement étasunien étaient liés aux compagnies bénéficiaires des contrats de défense pour 76 milliards de dollars entre 2001 et 2002. George Schultz, l’ancien secrétaire d’Etat étasunien, fut président du Comité pour la libération de l’Irak. Il siège également au conseil d’administration du groupe Bechtel. Quand on lui a demandé s’il existait un conflit d’intérêts, dans le cas d’une guerre en Irak, il a déclaré : « Je ne suis pas sûr que Bechtel en tirerait un profit particulier. Mais s’il y a du travail à faire, Bechtel est le type de compagnie qui pourrait le faire. Mais personne ne le voit comme une chose dont tirer profit ». Après la guerre, Bechtel a signé un contrat de 680 millions de dollars pour la reconstruction en Irak.

Le Nouveau Racisme

Cette politique brutale a été maintes et maintes fois pratiquée, dans toute l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie centrale et du sud-est. Elle a coûté des millions de vies. Il va sans dire que chaque guerre entreprise par l’Empire devient une Guerre juste. Ceci est dû, dans une large mesure, au rôle joué par les médias commerciaux. Il est important de comprendre que les médias commerciaux ne font pas que soutenir le projet néolibéral. Ils sont le projet néolibéral. Il ne s’agit pas d’une position morale qu’ils ont choisi d’assumer, c’est structurel. C’est intrinsèque aux aspects économiques du fonctionnement des mass médias.

La plupart des nations ont des secrets de famille suffisamment horribles pour que les médias n’aient pas besoin de mentir souvent. La question porte sur ce que l’on met en relief et sur ce que l’on ignore. Supposons, par exemple, qu’ils prennent l’Inde pour cible d’une guerre vertueuse. Le fait que 80 mille personnes environ ont été assassinées au Cachemire depuis 1989, la majorité d’entre elles musulmanes, la majorité d’entre elles par les Forces de sécurité indiennes (ce qui donne un nombre moyen d’environ 6000 victimes par an) ; le fait qu’il y a moins d’un an, en mars 2003, plus de 2 mille musulmans furent assassinés dans les rues de Gujarat, que des femmes furent violées en série, des enfants brûlés vifs et que 150 mille personnes furent chassées de leurs foyers sous les yeux de la police et de l’administration, et parfois avec leur participation active ; le fait que personne n’a été puni pour ces crimes et que le gouvernement qui les a supervisés fut réélu… tout cela ferait parfaitement la une des journaux internationaux dans la dernière ligne droite avant la guerre.

Nous connaissons la suite, des missiles de croisière seront braqués sur nos villes, nos villages seront entourés de barbelés, des soldats étasuniens patrouilleront dans nos rues, et Narendra Modi, Pravin Togadia ou l’un quelconque de nos populaires bigots pourraient être placés, comme Saddam Hussein, sous la garde des Etats-Unis, on s’assurerait qu’ils n’ont pas de pous dans les cheveux et on examinerait les plombages de leurs dents en prime-time à la télévision.

Mais tant que nos « marchés » sont ouverts, tant que des compagnies comme Enron, Bechtel, Halliburton, Arthur Andersen y auront les coudées franches, nos leaders « élus démocratiquement » peuvent sans crainte brouiller les lignes qui séparent la démocratie du majoritarisme et du fascisme.

Disposé par lâcheté à abandonner l’orgueilleuse tradition indienne de Non-alignement, pressé de prendre la tête du cortège des Complètement alignés (la phrase à la mode est « allié naturel » - l’Inde, Israël et les Etats-Unis sont des « alliés naturels »), notre gouvernement a trouvé assez d’espace pour se transformer en régime oppresseur sans compromettre sa légitimité.

Les victimes d’un gouvernement ne sont pas seulement ceux qu’il tue ou qu’il emprisonne. Ceux qu’il déplace et exproprie et condamne à une vie de famine et de privations doivent être portés au nombre de ses victimes. Des millions de personnes ont été expropriées par des projets de « développement ». Dans les 55 dernières années, les Grands barrages ont à eux seuls déplacé entre 33 et 55 millions de personnes en Inde. Elle n’ont pas accès à la justice.

Il s’est produit ces deux dernières années une série d’incidents où la police a ouvert le feu sur des manifestants pacifiques, en majorité des Adivasi et des Dalit. Quand il s’agit de pauvres, et en particulier des communautés dalit et adivasi, on les tue pour empiéter sur leurs terres forestières, et on les tue quand ils cherchent à défendre les terres forestières contre les empiètements - des barrages, des mines, des usines sidérurgiques et des autres projets de « développement ». Dans presque toutes les situations où la police a ouvert le feu, la stratégie du gouvernement fut de dire que la fusillade avait été provoquée par un acte de violence. Ceux qui furent la cible des tirs sont aussitôt appelés agitateurs.

Dans tout le pays, des milliers de personnes innocentes, y compris des mineurs, ont été arrêtées sous la POTA (Prevention of Terrorism Act, Loi de prévention du terrorisme) et sont maintenues en prison indéfiniment et sans jugement. A l’ère de la Guerre contre la Terreur, la pauvreté est sournoisement amalgamée au terrorisme. A l’ère de la mondialisation commerciale, la pauvreté est un crime. Protester contre l’aggravation de la paupérisation est un crime. Et aujourd’hui, notre Cour Suprême dit que se mettre en grève est un crime. Critiquer la Cour c’est, bien sûr, aussi un crime. Ils sont en train de sceller les issues.

Comme sous l’Ancien Impérialisme, le succès du Nouvel Impérialisme dépend d’un réseau d’agents - d’élites locales corrompues qui servent l’Empire. Nous connaissons tous la sordide histoire d’Enron en Inde. Le gouvernement Maharashtra de l’époque signa un accord pour l’achat d’électricité qui offrit à Enron des bénéfices pour un montant égal à 60% du budjet total du développement rural de l’Inde. On a garanti à une seule compagnie étasunienne un profit équivalent aux fonds qui permettraient le développement d’infrastructures pour 500 millions de personnes environ !

A la différence des temps passés, le Nouvel Impérialisme n’a plus besoin de se traîner de tropique en tropique au risque de contracter la malaria ou la diarrhée ou une mort précoce. Le Nouvel Impérialisme peut se transmettre par courrier électronique. Désormais, le vulgaire racisme de terrain pratiqué par l’Ancien Impérialisme est dépassé. La pierre angulaire du Nouvel Impérialisme est le Nouveau Racisme.

Accorder la vie sauve à la dinde

Aux Etats-Unis, la tradition d’ « accorder la vie sauve à la dinde » est une merveilleuse allégorie du Nouveau Racisme. Tous les ans depuis 1947, La Fédération nationale de la dinde offre une dinde au président des Etats-Unis pour l’Action de Grâces. Tous les ans, dans une démonstration de magnanimité cérémonielle, le président épargne cet oiseau en particulier (et il en mange un autre). La grâce présidentielle obtenue, l’Elue est envoyée à Frying Pan Park (Parc de la Poële à Frire) en Virginie, pour y achever sa vie naturelle. Le reste des 50 millions de dindes élevées pour l’Action de Grâces sont abattues et mangées le Jour d’Action de Grâces. ConAgra Foods, la compagnie qui a obtenu le contrat de la Dinde Présidentielle, affirme entraîner ces veinards d’oiseaux à se montrer sociables, à communiquer avec les dignitaires, les enfants des écoles et la presse. (Bientôt, ils parleront même l’anglais !)

Ainsi fonctionne le Nouveau Racisme à l’ère des grandes entreprises. Au petit nombre de dindes élevées avec soin - les élites locales de plusieurs pays, une communauté de riches immigrants, de banquiers investisseurs, quelques rares Colin Powell ou Condoleezza Rice, quelques chanteurs, quelques écrivains (comme moi) -, l’absolution et un laissez-passer pour Frying Pan Park. Les millions restants perdent leur emploi, sont expulsés de leurs foyers, voient leur électricité et leur eau coupées, et meurent du sida. En fait, ils sont pour la casserole. Mais les Heureuses Volailles de Frying Pan Park se débrouillent bien. Certaines d’entre elles travaillent même pour le FMI et l’OMC - aussi, qui peut accuser ces organisations d’être anti-dindes ? Certaines sont conseillères du Comité électoral des dindes - aussi, qui peut affirmer que les dindes sont contre le Jour d’Action de Grâces ? Elles y participent ! Qui peut dire que les pauvres sont contre la mondialisation commerciale ? C’est la ruée pour entrer à Frying Pan Park. Alors qu’importe si la plupart périssent en chemin ?

Le Nouveau Génocide

Une partie du projet du Nouveau Racisme est le Nouveau Génocide. Dans cette nouvelle ère d’interdépendance économique, on peut faciliter le Nouveau Génocide par des sanctions économiques. C’est-à-dire en créant les conditions d’une mort massive sans avoir effectivement à sortir pour tuer les gens. Denis Halliday, le coordinateur humanitaire de l’ONU en Irak entre 1997 et 1998 (depuis, dégoûté, il a démissionné), a employé le mot de génocide pour décrire les sanctions contre Irak. En Irak, les sanctions ont surpassé les meilleurs efforts de Saddam Hussein en causant la mort de plus d’un demi-million d’enfants.

Dans la nouvelle ère, l’Apartheid, comme politique formelle, est archaïque et inutile. Les instruments internationaux du commerce et de la finance supervisent un système complexe de lois commerciales et d’accords financiers multilatéraux qui maintiennent de toute façon les pauvres dans leurs bantoustans. Tout leur projet vise à institutionnaliser l’iniquité. Pour quelle autre raison les Etats-Unis taxeraient-ils un vêtement fait par un manufacturier du Bangladesh 20 fois plus qu’un vêtement fait en Grande Bretagne ? Pour quelle autre raison les pays qui cultivent 90% du cacao mondial ne produiraient-ils que 5% du chocolat mondial ? Pour quelle autre raison les pays qui cultivent le cacao, comme la Côte d’Ivoire et le Ghana, seraient-ils éjectés du marché à coups de taxes s’ils essaient de le transformer en chocolat ? Pour quelle autre raison les pays riches, qui dépensent chaque jour plus d’un milliard de dollars en subventions à leurs agriculteurs, exigeraient-ils que les pays pauvres comme l’Inde retirent toutes leurs subventions agricoles, y compris la subvention de l’électricité ? Pour quelle autre raison les anciennes colonies, après avoir été pillées par les régimes colonisateurs pendant plus d’un demi-siècle, seraient-elles noyées dans les dettes contractées auprès de ces mêmes régimes, et leur rembourseraient-elles quelque 382 milliards de dollars par an ?

C’est pour toutes ces raisons que le déraillement des accords commerciaux à Cancún fut crucial pour nous. Bien que nos gouvernements tentent de s’en attribuer le mérite, nous savons qu’il fut le résultat des années de lutte de nombreux millions de personnes dans beaucoup, beaucoup de pays. Ce que Cancún nous a enseigné, c’est que pour infliger un dommage réel et provoquer de force un changement radical, il est vital que les mouvements de résistance locaux nouent des alliances internationales. De Cancún, nous avons appris l’importance de mondialiser la résistance.

Quand les héros se font tout petits

Aucune nation individuelle ne peut résister seule au projet de Mondialisation commerciale. Maintes fois, nous avons vu, lorsqu’il s’agit du projet néolibéral, les héros de notre temps se faire soudain tout petits. Les hommes extraordinaires et charismatiques, les géants de l’Opposition, lorsqu’ils prennent le pouvoir et sont Chefs d’Etat, deviennent impuissants sur la scène mondiale. Je pense ici au président Lula du Brésil. Lula fut le héros du Forum Social Mondial l’an dernier. Cette année, il est occupé à mettre en application les directives du FMI, en réduisant les avantages des retraites et en purgeant le Parti des travailleurs de ses éléments radicaux. Je pense aussi à l’ancien président d’Afrique du sud, Nelson Mandela. Moins de deux ans après sa prise de fonction en 1994, et à peine mis en garde, son gouvernement s’est agenouillé devant le Dieu du Marché. Il a institué un programme massif de privatisation et d’ajustement structurel qui a laissé des millions de personnes sans foyer, sans travail, sans eau et sans électricité.

Pourquoi les choses se passent-elles ainsi ? Il n’y a pas grand intérêt à nous frapper la poitrine et nous sentir trahis. Lula et Mandela sont, de toute évidence, des hommes magnifiques. Mais au moment qu’ils passent de l’Opposition au Gouvernement, ils deviennent les otages d’un éventail de menaces - dont la plus malveillante est la fuite des capitaux qui peut détruire du soir au matin n’importe quel gouvernement. Imaginer que le charisme personnel d’un leader et son curriculum de lutte impressionneront le Cartel des entrepreneurs, c’est ne pas avoir la moindre intelligence de la façon dont fonctionne le capitalisme, ou, en cette affaire, dont fonctionne le pouvoir. Un changement radical ne sera pas négocié par des gouvernements ; il ne peut qu’être imposé par le peuple.

Merveilleux, mais insuffisant

Cette semaine, au Forum Social Mondial, certains des meilleurs esprits du monde vont échanger des idées sur ce qui se passe autour de nous. Ces conversations affinent notre vision du type de monde pour lequel nous luttons. C’est un processus vital qui ne doit pas être sapé. Cependant, si toutes nos énergies sont canalisées vers ce processus aux dépens de l’action politique réelle, alors le FSM, qui a joué un rôle si crucial dans le Mouvement pour une Justice Mondiale, court le risque de devenir un atout pour nos ennemis. Ce que nous avons l’urgent besoin de discuter, ce sont les stratégies de résistance. Nous devons viser des cibles réelles, livrer des batailles réelles et infliger un dommage réel. La Marche du sel de Gandhi n’était pas seulement un théâtre politique. Lorsque, dans un simple acte de défi, des milliers d’Indiens marchèrent vers la mer et firent leur propre sel, ils brisèrent les lois fiscales sur le sel. C’était un coup direct porté à la base économique de l’Empire Britannique. C’était réel. Bien que notre mouvement ait remporté quelques victoires importantes, nous ne devons pas permettre que la résistance non violente dégénère en théâtre politique inefficace, faussement rassurant. C’est une arme très précieuse qui a constamment besoin d’être affûtée et réimaginée. Nous ne pouvons pas permettre qu’elle devienne un simple spectacle, une occasion donnée aux médias de prendre des photos.

C’était merveilleux quand, le 15 février de l’année dernière, dans une spectaculaire démonstration de moralité publique, 10 millions de personnes sur cinq continents ont marché contre la guerre en Irak. C’était merveilleux, mais pas suffisant. Le 15 février tombait une fin de semaine. Personne n’eut même à manquer un jour de travail. Les protestations pendant les congés n’arrêtent pas les guerres. George Bush le sait. La confiance avec laquelle il a méprisé l’extraordinaire opinion publique devrait être une leçon pour nous tous. Bush pense que l’Irak peut être occupé et colonisé - comme l’a été l’Afghanistan, comme l’a été le Tibet, comme est en train de l’être la Tchétchénie, comme le fut autrefois le Timor oriental, comme l’est toujours la Palestine. Il pense qu’il n’a rien d’autre à faire que de s’accroupir et d’attendre que les médias, excités par la crise, la dévorent jusqu’aux os, puis la jettent et passent à un autre sujet. Bientôt, la carcasse glissera de la liste des bestsellers, et nous, tous les indignés, nous nous en désintéresserons. Ou c’est ce qu’il espère.

***

Ce mouvement, notre mouvement, a besoin d’une victoire majeure, globale. Il ne suffit pas d’avoir raison. Quelquefois, même si ce n’est que pour tester notre détermination, il est important de remporter quelque chose. Pour remporter quelque chose, nous - qui sommes réunis ici et ceux qui sont un peu plus loin à Mumbai Resistance - avons besoin d’être d’accord sur quelque chose. Ce quelque chose n’a pas besoin d’être une idéologie suprême et préétablie dans laquelle loger de force notre moi délicieusement factieux et chicanier. Il n’a pas besoin d’être une allégeance inconditionnelle à une forme ou une autre de résistance, à l’exclusion de tout le reste. Il pourrait être un programme minimum.

Si nous sommes tous effectivement contre l’Impérialisme et contre le projet du néolibéralisme, alors tournons nos regards vers l’Irak. L’Irak est l’inévitable point culminant des deux. Beaucoup d’activistes anti-guerre ont battu en retraite, dans la confusion la plus totale depuis la capture de Saddam Hussein. Est-ce que le monde n’est pas meilleur sans Saddam Hussein ?, demandent-ils timidement.

Regardons cette chose en face une fois pour toutes. Applaudir l’armée étasunienne pour avoir capturé Saddam Hussein, et s’en servir pour justifier après coup son invasion et son occupation de l’Irak, c’est comme déifier Jack l’Eventreur pour avoir éviscéré l’Etrangleur de Boston. Et cela, après un quart de siècle de partenariat pendant lequel l’Eventreur et Etrangleur était une coentreprise. C’est une querelle interne. Ce sont des associés qui se sont brouillés à propos d’un sale coup. Jack en est le directeur général.

Donc, si nous sommes contre l’Impérialisme, conviendrons-nous que nous sommes contre l’occupation étasunienne et que nous croyons que les Etats-Unis doivent se retirer de l’Irak et payer des réparations au peuple irakien pour le dommage que la guerre lui a causé ?

Comment commençons nous à organiser notre résistance ? Commençons par quelque chose de vraiment petit. La question n’est pas de soutenir la résistance en Irak contre l’occupation ni de discuter pour déterminer qui constitue exactement la résistance ? (Est-ce que ce sont de vieux assassins Baatistes, est-ce que ce sont des fondamentalistes islamiques ?)

Nous devons devenir la résistance mondiale à l’occupation.

Notre résistance doit commencer par notre refus d’accepter la légitimité de l’occupation étasunienne de l’Irak. Ce qui veut dire agir de telle sorte qu’il soit matériellement impossible à l’Empire d’atteindre ses objectifs. Cela veut dire que les soldats devraient refuser de combattre, la réserve devrait refuser de servir, les travailleurs devraient refuser de charger des armes dans les bateaux et les avions. Cela veut dire à coup sûr que dans des pays comme l’Inde et le Pakistan, nous devons faire obstacle aux plans du gouvernement étasunien de faire envoyer des soldats indiens et pakistanais en Irak nettoyer après son passage.

Je suggère qu’à la cérémonie commune de clôture du Forum Social Mondial et de Mumbai Resistance, nous choisissions, de quelque manière, deux des principales entreprises qui profitent de la destruction de l’Irak. Nous pourrions ensuite faire la liste de tous les projets dans lesquels elles sont engagées. Nous pourrions localiser leurs bureaux dans toutes les villes et tous les pays du monde entier. Nous pourrions leur faire la chasse. Nous pourrions les faire fermer. Il s’agit d’apporter notre savoir collectif et notre expérience des luttes passées et de les appliquer à une seule cible. Il s’agit de désirer la victoire.

Le Projet pour le Nouveau Siècle Etasunien cherche à perpétuer l’injustice et à établir l’hégémonie étasunienne quel qu’en soit le prix, fût-ce même l’apocalypse. Le Forum Social Mondial réclame la justice et la survie.

Pour ces raisons, nous devons nous considérer en guerre.

Traduction : Hapifil
Traductions de l’anglais et l’espagnol
Contacter : hapifil@yahoo.fr


Do turkeys enjoy thanksgiving ?
A Global Resistance to Empire

by Arundhati Roy
January 24, 2004

LAST JANUARY thousands of us from across the world gathered in Porto Allegre in Brazil and declared - reiterated - that "Another World is Possible". A few thousand miles north, in Washington, George Bush and his aides were thinking the same thing.

Our project was the World Social Forum. Theirs - to further what many call The Project for the New American Century.

In the great cities of Europe and America, where a few years ago these things would only have been whispered, now people are openly talking about the good side of Imperialism and the need for a strong Empire to police an unruly world. The new missionaries want order at the cost of justice. Discipline at the cost of dignity. And ascendancy at any price. Occasionally some of us are invited to debate' the issue onneutral’ platforms provided by the corporate media. Debating Imperialism is a bit like debating the pros and cons of rape. What can we say ? That we really miss it ?

In any case, New Imperialism is already upon us. It’s a remodelled, streamlined version of what we once knew. For the first time in history, a single Empire with an arsenal of weapons that could obliterate the world in an afternoon has complete, unipolar, economic and military hegemony. It uses different weapons to break open different markets. There isn’t a country on God’s earth that is not caught in the cross hairs of the American cruise missile and the IMF chequebook. Argentina’s the model if you want to be the poster-boy of neoliberal capitalism, Iraq if you’re the black sheep.

Poor countries that are geo-politically of strategic value to Empire, or have a market' of any size, or infrastructure that can be privatized, or, god forbid, natural resources of value - oil, gold, diamonds, cobalt, coal - must do as they're told, or become military targets. Those with the greatest reserves of natural wealth are most at risk. Unless they surrender their resources willingly to the corporate machine, civil unrest will be fomented, or war will be waged. In this new age of Empire, when nothing is as it appears to be, executives of concerned companies are allowed to influence foreign policy decisions. The Centre for Public Integrity in Washington found that nine out of the 30 members of the Defence Policy Board of the U.S. Government were connected to companies that were awarded defence contracts for $ 76 billion between 2001 and 2002. George Shultz, former U.S. Secretary of State, was Chairman of the Committee for the Liberation of Iraq. He is also on the Board of Directors of the Bechtel Group. When asked about a conflict of interest, in the case of a war in Iraq he said, " I don't know that Bechtel would particularly benefit from it. But if there's work to be done, Bechtel is the type of company that could do it. But nobody looks at it as something you benefit from." After the war, Bechtel signed a $680 million contract for reconstruction in Iraq. This brutal blueprint has been used over and over again, across Latin America, Africa, Central and South-East Asia. It has cost millions of lives. It goes without saying that every war Empire wages becomes a Just War. This, in large part, is due to the role of the corporate media. It's important to understand that the corporate media doesn't just support the neo-liberal project. It is the neo-liberal project. This is not a moral position it has chosen to take, it's structural. It's intrinsic to the economics of how the mass media works. Most nations have adequately hideous family secrets. So it isn't often necessary for the media to lie. It's what's emphasised and what's ignored. Say for example India was chosen as the target for a righteous war. The fact that about 80,000 people have been killed in Kashmir since 1989, most of them Muslim, most of them by Indian Security Forces (making the average death toll about 6000 a year); the fact that less than a year ago, in March of 2003, more than two thousand Muslims were murdered on the streets of Gujarat, that women were gang-raped and children were burned alive and a 150,000 people driven from their homes while the police and administration watched, and sometimes actively participated; the fact that no one has been punished for these crimes and the Government that oversaw them was re-elected ... all of this would make perfect headlines in international newspapers in the run-up to war. Next we know, our cities will be levelled by cruise missiles, our villages fenced in with razor wire, U.S. soldiers will patrol our streets and, Narendra Modi, Pravin Togadia or any of our popular bigots could, like Saddam Hussein, be in U.S. custody, having their hair checked for lice and the fillings in their teeth examined on prime-time TV. But as long as ourmarkets’ are open, as long as corporations like Enron, Bechtel, Halliburton, Arthur Andersen are given a free hand, our democratically elected' leaders can fearlessly blur the lines between democracy, majoritarianism and fascism. Our government's craven willingness to abandon India's proud tradition of being Non-Aligned, its rush to fight its way to the head of the queue of the Completely Aligned (the fashionable phrase isnatural ally’ - India, Israel and the U.S. are natural allies'), has given it the leg room to turn into a repressive regime without compromising its legitimacy. A government's victims are not only those that it kills and imprisons. Those who are displaced and dispossessed and sentenced to a lifetime of starvation and deprivation must count among them too. Millions of people have been dispossessed bydevelopment’ projects. In the past 55 years, Big Dams alone have displaced between 33 million and 55 million people in India. They have no recourse to justice.

In the last two years there has been a series of incidents when police have opened fire on peaceful protestors, most of them Adivasi and Dalit. When it comes to the poor, and in particular Dalit and Adivasi communities, they get killed for encroaching on forest land, and killed when they’re trying to protect forest land from encroachments - by dams, mines, steel plants and other development' projects. In almost every instance in which the police opened fire, the government's strategy has been to say the firing was provoked by an actof violence. Those who have been fired upon are immediately called militants. Across the country, thousands of innocent people including minors have been arrested under POTA (Prevention of Terrorism Act) and are being held in jail indefinitely and without trial. In the era of the War against Terror, poverty is being slyly conflated with terrorism. In the era of corporate globalisation, poverty is a crime. Protesting against further impoverishment is terrorism. And now, our Supreme Court says that going on strike is a crime. Criticising the court of course is a crime, too. They're sealing the exits. Like Old Imperialism, New Imperialism too relies for its success on a network of agents - corrupt, local elites who service Empire. We all know the sordid story of Enron in India. The then Maharashtra Government signed a power purchase agreement which gave Enron profits that amounted to sixty per cent of India's entire rural development budget. A single American company was guaranteed a profit equivalent to funds for infrastructural development for about 500 million people! Unlike in the old days the New Imperialist doesn't need to trudge around the tropics risking malaria or diahorrea or early death. New Imperialism can be conducted on e-mail. The vulgar, hands-on racism of Old Imperialism is outdated. The cornerstone of New Imperialism is New Racism. The tradition ofturkey pardoning’ in the U.S. is a wonderful allegory for New Racism. Every year since 1947, the National Turkey Federation presents the U.S. President with a turkey for Thanksgiving. Every year, in a show of ceremonial magnanimity, the President spares that particular bird (and eats another one). After receiving the presidential pardon, the Chosen One is sent to Frying Pan Park in Virginia to live out its natural life. The rest of the 50 million turkeys raised for Thanksgiving are slaughtered and eaten on Thanksgiving Day. ConAgra Foods, the company that has won the Presidential Turkey contract, says it trains the lucky birds to be sociable, to interact with dignitaries, school children and the press. (Soon they’ll even speak English !)

That’s how New Racism in the corporate era works. A few carefully bred turkeys - the local elites of various countries, a community of wealthy immigrants, investment bankers, the occasional Colin Powell, or Condoleezza Rice, some singers, some writers (like myself) - are given absolution and a pass to Frying Pan Park. The remaining millions lose their jobs, are evicted from their homes, have their water and electricity connections cut, and die of AIDS. Basically they’re for the pot. But the Fortunate Fowls in Frying Pan Park are doing fine. Some of them even work for the IMF and the WTO - so who can accuse those organisations of being anti-turkey ? Some serve as board members on the Turkey Choosing Committee - so who can say that turkeys are against Thanksgiving ? They participate in it ! Who can say the poor are anti-corporate globalisation ? There’s a stampede to get into Frying Pan Park. So what if most perish on the way ?

Part of the project of New Racism is New Genocide. In this new era of economic interdependence, New Genocide can be facilitated by economic sanctions. It means creating conditions that lead to mass death without actually going out and killing people. Dennis Halliday, the U.N. humanitarian coordinator in Iraq between ’97 and ’98 (after which he resigned in disgust), used the term genocide to describe the sanctions in Iraq. In Iraq the sanctions outdid Saddam Hussein’s best efforts by claiming more than half a million children’s lives.

In the new era, Apartheid as formal policy is antiquated and unnecessary. International instruments of trade and finance oversee a complex system of multilateral trade laws and financial agreements that keep the poor in their Bantustans anyway. Its whole purpose is to institutionalise inequity. Why else would it be that the U.S. taxes a garment made by a Bangladeshi manufacturer 20 times more than it taxes a garment made in the U.K.? Why else would it be that countries that grow 90 per cent of the world’s cocoa bean produce only 5 per cent of the world’s chocolate ? Why else would it be that countries that grow cocoa bean, like the Ivory Coast and Ghana, are taxed out of the market if they try and turn it into chocolate ? Why else would it be that rich countries that spend over a billion dollars a day on subsidies to farmers demand that poor countries like India withdraw all agricultural subsidies, including subsidised electricity ? Why else would it be that after having been plundered by colonising regimes for more than half a century, former colonies are steeped in debt to those same regimes, and repay them some $ 382 billion a year ?

For all these reasons, the derailing of trade agreements at Cancun was crucial for us. Though our governments try and take the credit, we know that it was the result of years of struggle by many millions of people in many, many countries. What Cancun taught us is that in order to inflict real damage and force radical change, it is vital for local resistance movements to make international alliances. From Cancun we learned the importance of globalising resistance.

No individual nation can stand up to the project of Corporate Globalisation on its own. Time and again we have seen that when it comes to the neo-liberal project, the heroes of our times are suddenly diminished. Extraordinary, charismatic men, giants in Opposition, when they seize power and become Heads of State, they become powerless on the global stage. I’m thinking here of President Lula of Brazil. Lula was the hero of the World Social Forum last year. This year he’s busy implementing IMF guidelines, reducing pension benefits and purging radicals from the Workers’ Party. I’m thinking also of ex-President of South Africa, Nelson Mandela. Within two years of taking office in 1994, his government genuflected with hardly a caveat to the Market God. It instituted a massive programme of privatisation and structural adjustment, which has left millions of people homeless, jobless and without water and electricity.

Why does this happen ? There’s little point in beating our breasts and feeling betrayed. Lula and Mandela are, by any reckoning, magnificent men. But the moment they cross the floor from the Opposition into Government they become hostage to a spectrum of threats - most malevolent among them the threat of capital flight, which can destroy any government overnight. To imagine that a leader’s personal charisma and a c.v. of struggle will dent the Corporate Cartel is to have no understanding of how Capitalism works, or for that matter, how power works. Radical change will not be negotiated by governments ; it can only be enforced by people.

This week at the World Social Forum, some of the best minds in the world will exchange ideas about what is happening around us. These conversations refine our vision of the kind of world we’re fighting for. It is a vital process that must not be undermined. However, if all our energies are diverted into this process at the cost of real political action, then the WSF, which has played such a crucial role in the Movement for Global Justice, runs the risk of becoming an asset to our enemies. What we need to discuss urgently is strategies of resistance. We need to aim at real targets, wage real battles and inflict real damage. Gandhi’s Salt March was not just political theatre. When, in a simple act of defiance, thousands of Indians marched to the sea and made their own salt, they broke the salt tax laws. It was a direct strike at the economic underpinning of the British Empire. It was real. While our movement has won some important victories, we must not allow non-violent resistance to atrophy into ineffectual, feel-good, political theatre. It is a very precious weapon that needs to be constantly honed and re-imagined. It cannot be allowed to become a mere spectacle, a photo opportunity for the media.

It was wonderful that on February 15th last year, in a spectacular display of public morality, 10 million people in five continents marched against the war on Iraq. It was wonderful, but it was not enough. February 15th was a weekend. Nobody had to so much as miss a day of work. Holiday protests don’t stop wars. George Bush knows that. The confidence with which he disregarded overwhelming public opinion should be a lesson to us all. Bush believes that Iraq can be occupied and colonised - as Afghanistan has been, as Tibet has been, as Chechnya is being, as East Timor once was and Palestine still is. He thinks that all he has to do is hunker down and wait until a crisis-driven media, having picked this crisis to the bone, drops it and moves on. Soon the carcass will slip off the best-seller charts, and all of us outraged folks will lose interest. Or so he hopes.

This movement of ours needs a major, global victory. It’s not good enough to be right. Sometimes, if only in order to test our resolve, it’s important to win something. In order to win something, we - all of us gathered here and a little way away at Mumbai Resistance - need to agree on something. That something does not need to be an over-arching pre-ordained ideology into which we force-fit our delightfully factious, argumentative selves. It does not need to be an unquestioning allegiance to one or another form of resistance to the exclusion of everything else. It could be a minimum agenda.

If all of us are indeed against Imperialism and against the project of neo-liberalism, then let’s turn our gaze on Iraq. Iraq is the inevitable culmination of both. Plenty of anti-war activists have retreated in confusion since the capture of Saddam Hussein. Isn’t the world better off without Saddam Hussein ? they ask timidly.

Let’s look this thing in the eye once and for all. To applaud the U.S. army’s capture of Saddam Hussein and therefore, in retrospect, justify its invasion and occupation of Iraq is like deifying Jack the Ripper for disembowelling the Boston Strangler. And that - after a quarter century partnership in which the Ripping and Strangling was a joint enterprise. It’s an in-house quarrel. They’re business partners who fell out over a dirty deal. Jack’s the CEO.

So if we are against Imperialism, shall we agree that we are against the U.S. occupation and that we believe that the U.S. must withdraw from Iraq and pay reparations to the Iraqi people for the damage that the war has inflicted ?

How do we begin to mount our resistance ? Let’s start with something really small. The issue is not about supporting the resistance in Iraq against the occupation or discussing who exactly constitutes the resistance. (Are they old Killer Ba’athists, are they Islamic Fundamentalists ?)

We have to become the global resistance to the occupation.

Our resistance has to begin with a refusal to accept the legitimacy of the U.S. occupation of Iraq. It means acting to make it materially impossible for Empire to achieve its aims. It means soldiers should refuse to fight, reservists should refuse to serve, workers should refuse to load ships and aircraft with weapons. It certainly means that in countries like India and Pakistan we must block the U.S. government’s plans to have Indian and Pakistani soldiers sent to Iraq to clean up after them.

I suggest that at a joint closing ceremony of the World Social Forum and Mumbai Resistance, we choose, by some means, two of the major corporations that are profiting from the destruction of Iraq. We could then list every project they are involved in. We could locate their offices in every city and every country across the world. We could go after them. We could shut them down. It’s a question of bringing our collective wisdom and experience of past struggles to bear on a single target. It’s a question of the desire to win.

The Project For The New American Century seeks to perpetuate inequity and establish American hegemony at any price, even if it’s apocalyptic. The World Social Forum demands justice and survival.

For these reasons, we must consider ourselves at war.

©Arundhati Roy

Text of her speech at the opening Plenary of the World Social Forum in Mumbai on January 16, 2004

Origine : Znet, 24/01/2004 :
http://zmag.org/content/showarticle.cfm?SectionID=15&ItemID=4873

Première publication : The Indu, 18/01/2004 :
http://www.hindu.com/2004/01/18/stories/2004011800181400.htm

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