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Par Agence France-Presse
Buenos Aires. Le vendredi 23 mars 2007.
Le ton est monté cette semaine entre Washington et Buenos Aires après le feu vert donné par l’Argentine à un meeting anti-Bush du président vénézuélien Hugo Chavez, le 10 mars dernier en plein centre de la capitale argentine, pendant la visite du président américain en Uruguay voisin.
Les autorités argentines, volontiers sourcilleuses sur les questions de souveraineté, ont vivement réagi aux critiques publiques du secrétaire d’État adjoint américain aux Affaires politiques, Nicholas Burns, dénonçant l’« incohérence » argentine.
Les propos de M. Burns sont « surprenants » et « inacceptables », a déclaré jeudi soir le ministre argentin des Affaires étrangères Jorge Taiana depuis Quito où il se trouvait en visite officielle. Quelques heures auparavant, devant un parterre de diplomates, le numéro trois de la diplomatie américaine avait publiquement réprimandé l’ambassadeur argentin en poste à Washington, Jose Octavio Bordon. « Je regrette que ce meeting se soit tenu à Buenos Aires le même jour que la visite de notre président (George W. Bush) à Montevideo. Je ne crois pas que cela ait été correct », a déclaré jeudi à Washington M. Burns en s’adressant directement à l’ambassadeur argentin, présent dans la salle.
Le chef de cabinet (chef du gouvernement) argentin Alberto Fernandez est revenu à la charge vendredi en dénonçant l’ingérence américaine.
« Avec les États-Unis nous avons une relation mûre et qui suppose le respect de nos individualités, de nos décisions individuelles et qu’on ne s’ingère pas dans les décisions qui n’ont rien à voir avec cette relation », a déclaré M. Fernandez.
Buenos Aires avait jusqu’à présent réussi à maintenir des relations équilibrées avec Caracas et Washington, que pourtant tout oppose. L’Argentine a notamment besoin des pétrodollars vénézuéliens pour le refinancement de sa dette. Pour autant, les autorités argentines se sont jusqu’à présent employés à ne jamais sacrifier leur relation avec Washington à leur amitié avec le président vénézuélien.
« Les relations du président Nestor Kirchner avec les États-Unis sont très étroites sur des thèmes comme la lutte contre le trafic de drogue, le terrorisme ou le blanchiment d’argent », relevait ainsi il y a quelques jours Sergio Berensztein, directeur d’un cabinet de consultants et professeur à l’université Di Tella de Buenos Aires.
M. Burns n’avait d’ailleurs pas dit autre chose en assurant lors d’une visite à Buenos Aires le 9 février que l’Argentine était sur ces questions « le meilleur allié » de Washington dans la région.
La presse argentine se demandait dans ces conditions si ce rassemblement anti-Bush au coeur de la capitale argentine, où M. Chavez a traité M. Bush de « fou » et de « cadavre politique », n’allait pas cette fois élargir la brèche entre les deux pays. Les autorités argentines veulent croire le contraire et assurent qu’elles ne sont nullement préoccupées. Le vigoureux échange verbal entre Washington et Buenos Aires ne « change rien » à la relation entre les deux pays, a affirmé à l’AFP une source proche du gouvernement ayant requis l’anonymat.