Accueil > Les Cousins > Mexique > Méxique-Etats Unis : Un ALENA aux accents de sécurité
Radio Canada, le lundi 14 mars 2005 à 22 h 06
Un groupe de travail Canada - États-Unis - Mexique a dévoilé, lundi, un projet pour actualiser l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Une proposition qui dépasse le simple cadre économique en appelant à une véritable intégration des efforts de sécurité nord-américains.
Le groupe est composé de l’ancien vice-premier ministre du Canada, John Manley, de l’ancien gouverneur du Massachusetts, William Weld, et de l’ancien ministre des Finances du Mexique, Pedro Aspe.
« L’ALENA est utile, mais il ne suffit plus de se contenter du statu quo après 11 ou 12 ans, quand le monde a changé », affirme M. Manley. Il propose un accord qui tiendra compte de la menace terroriste, ainsi que de la menace économique que posent des géants comme l’Union européenne, la Chine et l’Inde pour garantir la prospérité de l’Amérique du Nord.
Les dirigeants des milieux d’affaires du Canada redoutent que la Chine prenne la place des États-Unis et devienne le principal partenaire commercial du Canada.
L’ébauche du projet avance des propositions diverses :
mise en place d’un tarif extérieur commun ;
protection des approvisionnements énergétiques et développement de mesures d’économie communes ;
création d’un périmètre de sécurité commun, afin de contrer l’infiltration de terroristes en Amérique du Nord ; extension du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) pour inclure la sécurité maritime ; établissement d’un centre de renseignements trinational contre les menaces ;
mise en place d’un système de laissez-passer comportant des données biométriques pour permettre aux résidents de circuler plus librement à l’intérieur du périmètre de sécurité.
En clair, une communauté économique nord-américaine protégée par un périmètre de sécurité commun d’ici 2010. Ottawa, Washington et Mexico partageraient aussi des stratégies communes en matière de commerce, d’énergie et d’immigration - notamment en ce qui a trait aux visas et à l’accueil des réfugiés.
La menace terroriste, prétexte des multinationales
Le concept se heurte toutefois à plusieurs obstacles, dont le refus du Canada de participer au bouclier antimissile américain. Et des groupes voient un important recul pour la souveraineté du pays, dont les multinationales seraient les principales bénéficiaires.
« Cela revient à utiliser la menace terroriste pour faire progresser l’ordre du jour du milieu des affaires, estime la directrice du Conseil des Canadiens, Maude Barlow. Cela n’améliorera pas notre sécurité. En fait, nous serions encore plus près de la cible principale [des terroristes]. »
Elle croit que le projet créerait une Amérique du Nord unilatérale « à la George W. Bush, une sorte de superpouvoir opposé au reste du monde ». Elle espère que le premier ministre du Canada, Paul Martin, ne donnera pas suite aux recommandations pour faire oublier les non à l’invasion de l’Irak et au bouclier antimissile.
Les conclusions du groupe de travail sont dévoilées à une semaine d’une réunion entre les dirigeants des trois pays. Le 22 mars, le premier ministre Paul Martin se rendra au Texas, à l’invitation du président George W. Bush, pour une rencontre au sommet en compagnie du président du Mexique, Vicente Fox.