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Le président élu du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva semble avoir engagé une lune de miel avec le Fonds monétaire international (FMI), dont une mission a approuvé mardi et mercredi à Brasilia son programme économique prudent.
L’attitude modérée de Lula, premier président de gauche élu au Brésil, rassure les milieux économiques et financiers internationaux, alors que la banque centrale brésilienne a été contrainte, une nouvelle fois mercredi, de relever ses taux d’intérêt pour contrer l’inflation.
"Mon impression a été excellente. La politique économique proposée est très prudente et appropriée", a déclaré le chef de la mission du FMI, l’Argentin Jorge Marquez Ruarte, à l’issue d’une réunion avec l’équipe de collaborateurs de l’ancien syndicaliste de 57 ans, dirigeant du Parti des travailleurs (PT) et élu président à la fin du mois d’octobre.
"Il me semble que les marchés internationaux répondront favorablement au président Lula", a ajouté le responsable du FMI, dont c’était la première mission au Brésil depuis l’élection présidentielle.
Le directeur adjoint du FMI pour l’Amérique latine Lorenzo Perez a précisé que le Fonds et les responsables du PT avaient noté des convergences sur des questions telles que la politiques budgétaire et les moyens de lutter contre l’inflation.
Le FMI avait approuvé en septembre un prêt record de 30 milliards de dollars pour le Brésil, 6 milliards étant versés avant la fin de l’année, et 24 milliards déboursés dans le courant 2003. Il s’agissait alors d’empêcher que le Brésil ne sombre dans une crise financière susceptible de déstabiliser l’économie mondiale.
Le soutien des marchés internationaux est fondamental pour la réussite du prochain président. La chute de plus de 35% en un an du réal, provoquée par les incertitudes politiques liées à l’élection présidentielle, et l’effet de contagion de la crise argentine, accroît les pressions inflationnistes et le poids de la dette.
Le Comité de politique économique (Copom) de la Banque centrale brésilienne a rehaussé d’un point mercredi, à 22%, son taux directeur. Le Copom a justifié sa décision par "l’augmentation des prévisions d’inflation" l’année prochaine, dans un communiqué rendu public à l’issue de ses deux jours de réunion.
La dernière estimation du marché, signalée par la banque centrale dans un rapport récent, fait état d’une inflation de 9,39% en 2002 et de 9,89% en 2003. Mais selon un institut privé, Ibope, le taux d’inflation pourrait atteindre 11,5% l’année prochaine.
Entre les deux tours de l’élection présidentielle, la banque centrale avait déjà resserré sa politique monétaire, relevant son taux de 18 à 21%.
Bien qu’il mette en avant son programme économique prudent, le PT est très critique à l’égard de la politique monétaire de la banque centrale, jugée trop restrictive, et Lula a fait savoir à plusieurs reprises qu’il n’entendait pas maintenir à son poste son président, Arminio Fraga.
Le président du PT José Dirceu a confirmé mercredi que la décision de se séparer de cette personnalité très appréciée des marchés, était quasiment prise. Il a ainsi démenti les rumeurs selon lesquelles le président élu, qui prendra ses fonctions en janvier, était disposé à maintenir Arminio Fraga dans ses fonctions pendant une période transitoire de six mois.
SAO PAULO (AFP), le 20-11-2002