Portada del sitio > Imperio y Resistencia > Unión Europea > Francia > Lilian Thuram se rebelle contre le gouvernement français et il lui demande (…)
Thuram ne se mord pas la langue pour critiquer le gouvernement français. Les événements qui se produisent dans les principales villes françaises n’ont pas été oublié par l’un des ’bleus’. Henry et Zidane se taisent.
Sport, Barcelone, le 10 novembre 2005
La violence urbaine qui depuis presque deux semaines a pour scène les faubourgs de Paris et d’autres villes françaises n’a pas laissé indifférents les joueurs de la sélection française. Les ’bleus’ se trouvent en Martinique - où hier ils ont joué une partie amicale contre le Costa Rica - sans négliger ce qui arrive en France avec les jeunes français issus de l’immigrants. Quelques joueurs de football, Lilian Thuram en tête, ne se sont pas priver de critiquer le Gouvernement de leur pays pour son manque de décision pour faire face aux problèmes.
Le défenseur de la Juventus, qui a le plus de sélection en équipe de France, a expliqué que son origine modeste le rend spécialement sensible à la situation qu’on vit à Paris. "J’ai grandi dans la banlieue et je me sens très proche de ces jeunes. La situation me rend malade. Personne ne pose les bonnes questions. Personne n’essaye de voir les problèmes réels ", a t-il dénoncé.
Thuram a critiqué le Gouvernement qui ne prend pas les problèmes de face. "Le sujet principal est l’insécurité (des jeunes) mais personne parle de quelle est la meilleure manière de donner du travail aux gens. Les gens parlent de l’insécurité au lieu de le faire sur le chômage ".
Le gouvernement français a approuvé mardi des mesures d’urgence, comme la possibilité d’imposer des couvre feu dans les zones les plus touchées par les troubles. "Ils essayent de convaincre les gens que ces personnes ne sont rien d’autre que des émeutiers, ce qui n’est pas vrai", a dit Thuram.
Le joueur de la Juve a été encore plus loin dans ses critiques de l’Exécutif. "Il y a trois ans il y a eu des élections et l’insécurité a décidé le vote. Maintenant s’approchent d’autres élections et l’insécurité est encore une fois le sujet numéro un. En réalité, ils essayent de trouver une tête de Turc, puisqu’ils sont incapables de trouver une solution aux problèmes de travail ".
Florent Malouda et Eric Abidal ont critiqué aussi le Gouvernement du premier ministre Dominique de Villepin, tandis que Thierry Henry on n’a pas voulu se prononcer.
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Lilian Thuram répond à Sarkozy
Le champion du monde de football a repondu mardi à Nicolas Sarkozy en affirmant "je ne suis pas une racaille"
France 2, 10 novembre 2005
"Moi aussi, j’ai grandi en banlieue", a expliqué Lilian Thuram, membre du Haut conseil à l’Intégration. "Quand quelqu’un dit il faut nettoyer au Karcher...(...) Moi je le prends pour moi."
"La violence n’est jamais gratuite. Il faut comprendre d’où arrive le malaise. Avant de parler d’insécurité, il faut peut-être parler de justice sociale.".
Lors d’une conférence de presse, à la veille de France-Costa-Rica, le défenseur de l’équipe de France s’est déclaré "énervé" par le discours entendu sur les banlieues et a souhaité qu’on re-situe ce débat sur la violence.
"Moi aussi on me disait: +tu es une racaille+. Mais je ne suis pas une racaille. Ce que je voulais, c’était travailler. Il (Nicolas Sarkozy) n’a peut-être pas saisi cette subtilité", a déclaré Lilian Thuram.
"C’est assez délicat, on traverse une période difficile. On a mis le point sur l’insécurité. C’est quelque chose qui rassemble: qui ne veut pas vivre en sécurité? Le problème, c’est qu’il faut trouver des coupables. Et, derrière, on entend toujours les gens qui vivent dans les banlieues", a ajouté le champion du monde (1998) et d’Europe (2000), né à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).
"C’est bien la rigueur, mais, avant ça, il faut intégrer les gens par le travail. Ils demandent du travail. Les plus rebelles le traduisent par l’agressivité", a-t-il continué.
"Je suis triste pour eux (les jeunes des banlieues), mais il y a une réflexion à avoir. Souvent, les jeunes ont comme idoles les joueurs de foot, c’est bien, mais il faut d’autres idoles", a encore affirmé le défenseur des Bleus, qui a ensuite demandé à ce que le reste de la conférence de presse soit consacré au football et non aux émeutes des banlieues.
Thuram, figure de l’intégration
Agé de 33 ans, Thuram a toujours été une figure de proue de l’intégration et de la France "Black-blanc-beur". Il a souvent pris position sur des dossiers jugé politiques, appelant par exemple les gens à voter lors du référendum sur la Constitution européenne, prenant position contre l’antisémitisme, réclamant des sanctions dans le football contre le racisme ou soutenant Amnesty International.
Lors du match amical France-Algérie en 2001 au stade de France qui avait dû être suspendu avant son terme en raison de l’envahissement de la foule, Thuram avait également tapé du poing sur la table, s’en prenant notamment aux jeunes qui avaient provoqué la suspension du match.
Revenu en équipe de France avec Zinedine Zidane et Claude Makelele, le joueur de la Juventus de Turin est une des grandes figures du football français.