Accueil > Empire et Résistance > Organismes et ONGs de domination > Les non-alignés vont plaider leur cause à New York.
Par Jooneed Khan
La Presse. Canada. De La Havane lundi 18 septembre 2006
Les 133 États membres du Mouvement des pays non alignés (MNA) ont quitté Cuba pour New York hier, comme des sportifs professionnels qui terminent le camp d’entraînement et partent affronter la nouvelle saison des ligues majeures.
Le 14e sommet du MNA, qui s’est tenu toute la semaine à La Havane, a en effet permis aux chefs d’État et de gouvernement, aux chefs de diplomatie et à toute une armée de fonctionnaires d’accorder leurs violons en vue de l’Assemblée générale de l’ONU, qui s’ouvre demain.
La journée sera marquée par les allocutions des présidents George W. Bush, des États-Unis, et Mahmoud Ahmadinejad, d’Iran. Celui-ci insiste pour avoir un débat avec celui-là, qui refuse. Ils auront une sorte de « débat indirect ».
L’axe du mal allongé ?
« Après le sommet de La Havane, qui a condamné le terrorisme sous toutes ses formes et appelé à la guerre contre la pauvreté et l’unilatéralisme, Bush va devoir étendre sa liste de l’axe du mal de quatre ou cinq pays à 133 », a commenté Isyana Oka, journaliste de la chaîne indonésienne TV7.
Le MNA compte désormais 118 pays (avec Haïti et l’archipel de Saint-Kitts-et-Nevis), et 15 « membres observateurs », dont la Chine, le Brésil, l’Ukraine et le Kazakhstan.
La revitalisation du MNA à La Havane signifie le retour en force du « tiers-mondisme » à l’ONU. Ses demandes principales : retour aux principes de coexistence pacifique et du droit international, reprise du « dialogue Nord-Sud » pour lutter contre la misère et les inégalités, et démocratisation de l’ONU elle-même.
La déclaration finale des deux tiers des États membres de l’ONU a été rendue publique au petit matin. Le président Fidel Castro, convalescent, n’a pas fait acte de présence ; c’est son frère Raúl, dont la présidence des travaux a fait une vive impression, qui a déclaré le 14e sommet clos et donné rendez-vous en Égypte en 2009.
Le texte a condamné Israël pour sa guerre au Liban et réaffirmé le soutien du MNA aux droits légitimes du peuple palestinien. Le Venezuela, qui a créé Telesur avec Cuba et d’autres pays, est revenu à la charge avec un projet de "nouvel ordre mondial de l’information" : Londres et Washington avaient étouffé cette demande dans les années 70 en coupant les vivres à l’UNESCO.
Les thèmes de La Havane repris à New York
Quelque 80 chefs d’État et de gouvernement prendront la parole durant les sept prochains jours. Les thèmes de La Havane domineront les discours. Outre le débat sur la réforme de l’ONU, la nouvelle session élira un successeur à Kofi Annan.
C’est le tour de l’Asie d’occuper le secrétariat général, et cinq candidats sont en lice, dont un Sud-Coréen, un Indien et un Thaïlandais. Le Venezuela brigue un siège au Conseil de sécurité, et Washington soutient le Guatemala.
« L’empire états-unien est en déclin. Le monde refuse de vivre sous la terreur de ses arsenaux. Nos institutions globales doivent refléter cette réalité », a déclaré le président vénézuélien, Hugo Chavez.