Accueil > Les Cousins > Colombie > Les FARC passent à l’attaque dans la jungle Colombienne
Par Jean-Luc Porte
AFP. Bogota, le jeudi 10 février 2005
Les dernières opérations militaires d’envergure des forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, guérilla marxiste) qui ont fait plus de 40 morts depuis le début de février, illustrent leur volonté d’occuper des régions stratégiques où les paramilitaires se démobilisent.
Les combats mardi et mercredi entre l’armée colombienne dans la région d’Uraba (nord-ouest) et les guérilleros ont fait 19 militaires morts et cinq blessés, selon un dernier bilan communiqué jeudi par l’état-major.
Le général Carlos Ospina, chef des forces armées colombiennes, a indiqué que ces derniers affrontements ont commencé quand les troupes de la 17e brigade « ont pénétré profondément dans la cordillère pour intercepter une colonne des FARC ». Selon le général, les rebelles du front 5 des FARC, la principale guérilla du pays, se rendaient dans une localité indienne lorsqu’ils ont été repoussés par l’armée.
Uraba, une riche région bananière et minière à proximité de la frontière avec le Panama, est considérée par les autorités colombiennes comme un couloir stratégique des rebelles et des paramilitaires (extrême droite) pour les trafics d’armes et de drogue vers l’Amérique centrale.
Depuis plusieurs années, les paramilitaires et les FARC se battent pour le contrôle de ce territoire. La récente démobilisation des « paras » de cette zone (ndlr : plus de 450 combattants) dans le cadre du processus de paix et les derniers combats marquent la volonté des FARC de réinvestir les régions qu’ils contrôlaient encore il y a quelques années.
Chaque fois que les paramilitaires abandonnent une région dans le cadre de leur démobilisation, les FARC et l’armée colombienne se livrent à une véritable course de vitesse pour prendre possession du territoire délaissé.
« Cette offensive, la plus importante des FARC au cours des derniers 40 ans, est une réponse au plan Patriote du gouvernement qui cherche à récupérer des territoires où il n’y a pas de force publique », affirme M. Carlos Medellín, ancien ministre de la Justice.
« C’est également, poursuit-il, un message envoyé aux Colombiens et à la communauté internationale pour dire que la lutte armée se poursuit ».
« Les FARC lancent des offensives au moment même où le gouvernement cherche des financements pour le processus de paix » (NDLR : la démobilisation des paramilitaires), déclare le sénateur Rafael Pardo, ancien ministre de la Défense.
Le 3 février déjà, 16 militaires et 18 guérilleros ont trouvé la mort lors de combats opposant l’armée aux FARC dans une zone rurale de la commune de Vistahermosa (Est), une route stratégique empruntée par les rebelles. Le commandant du poste et 15 soldats de l’infanterie de marine ont été tués au cours d’une attaque nocturne contre leur caserne des FARC avec de roquettes artisanales.
Un jour plus tôt, huit militaires et un civil ont été tués dans la localité de Puerto Asís (Sud) en passant dans un champ de mines posées par les FARC.
Le général Harold Bedoya Pizarro, ex-chef d’État-major, a déploré pour sa part que « la Colombie ne soit pas bien préparée pour cette guerre », « ne dispose pas d’unités d’intervention rapide et de plus d’hélicoptères ».
« Nos troupes sont trop dispersées », a-t-il estimé.
Pour l’ancien guérillero Leon Valencia, ces opérations des FARC montrent que la guérilla est présente sur l’ensemble du territoire et confirment « la grande faiblesse de la politique de sécurité démocratique » du président Alvaro Uribe.
« Il ne faut pas écarter l’idée d’une négociation », conclut-il.
Créée le 27 mai 1964 par Manuel Marulanda, alias « Tiro Fijo » (dans le mille), la guérilla des FARC compte 17000 hommes sur quelque 120 fronts recensés dans le pays.