Accueil > Empire et Résistance > Bataille pour l’information > Les États-Unis violeraient la liberté de la presse
Pour la première fois, la Société interaméricaine de presse a inclus les États-Unis dans la liste des pays du continent américain qui violent la liberté de la presse pour emprisonner les journalistes refusant de révéler leurs sources.
Radio Canada, le lundi 14 mars 2005
Le rapport, approuvé par 350 propriétaires, directeurs et rédacteurs en chef de journaux du continent américain, souligne que la guerre menée en Irak par les États-Unis, le renforcement des mesures de sécurité dans ce pays et les pressions pour identifier les sources confidentielles affectent la liberté de la presse.
La SIP rappelle que, le 7 octobre dernier, un juge fédéral américain a engagé des poursuites contre la journaliste Judith Miller, du New York Times, qui a refusé de révéler ses sources. Mme Miller attend les résultats de l’appel contre l’arrestation décidée à son encontre.
Un autre journaliste, Matthew Cooper, du magazine Time, a été condamné à 18 mois de prison et à une amende de 1000 $ pour la même raison. Il a aussi fait appel.
Cela dit, le rapport réserve ses principales critiques contre Cuba, qui « maintient depuis 46 ans un monopole à des fins propagandistes, rejette et réprime les expressions indépendantes et ignore les demandes internationales de libération de journalistes emprisonnés ». La SIP rappelle que 25 journalistes sont toujours détenus à Cuba.
Elle accuse aussi le président de l’Argentine, Nestor Kirchner, « d’actes nuisibles contre la presse indépendante » et estime que la liberté d’expression « est sérieusement menacée ».
Enfin, la SIP qualifie la loi de responsabilité sociale de radio-télévision adoptée par l’assemblée nationale du Venezuela de « loi scélérate qui étatise de fait le système de radio et de télévision, en contrôlant ses horaires, ses programmes et leurs contenus ».
La couverture de la guerre d’Irak plutôt impartiale
Par ailleurs, dans son étude annuelle sur l’État des médias américains, l’organisation Projet pour l’excellence en journalisme met en doute un avis répandu selon lequel la couverture de la guerre contre l’Irak aurait été partiale.
Le groupe, lié à l’école de journalisme de l’Université de Columbia, juge que plus de 50 % des articles évalués n’avaient ni ton ni position particulière, 25 % étant plutôt négatifs, 20 % positifs.
Le rapport se base sur l’étude, pendant quatre semaines en 2004, de 16 publications, 4 journaux télévisés du soir, 3 émissions d’information du matin, 9 programmes câblés et 9 sites Internet.
Parmi les chaînes du câble, Fox News, propriété de Rupert Murdoch, tendait à être plus positive que négative, tandis que CNN et MSNBC étaient partagées. 73 % des reportages de Fox sur le conflit irakien incluaient l’opinion du journaliste ou du commentateur, tandis que le présentateur donnait son point de vue dans 29 % des cas sur MSNBC, et 2 % sur CNN.
En revanche, sur l’élection présidentielle américaine, l’étude soutient l’idée que le président George W. Bush aurait eu affaire à une presse trois fois plus négative que son adversaire démocrate John Kerry.