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7 janvier 2010

Les Etats-Unis se protègent efficacement ?
Maurice Lemoine
The United States Is Efficiently Protecting Itself.

 

Par Maurice Lemoine
Le Monde Diplomatique
. Paris, le 3 Janvier 2010.

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Le 18 avril 2009, alors qu’il se dirige, sans escale, vers Mexico, le vol Air France 438 se voit soudainement interdire le survol de l’espace aérien des Etats-Unis « pour des motifs de sécurité nationale ». Ne disposant pas du carburant nécessaire pour contourner les Etats-Unis, il devra faire une escale dans les Caraïbes. A bord, objet de ce branle-bas de combat, se trouve le journaliste et écrivain colombien, collaborateur du Monde diplomatique, Hernando Calvo Ospina.

Le 19 août, une mésaventure identique survient au même vol AF438, qui doit lui aussi se détourner de sa route et éviter la Floride et le golfe du Mexique, prolongeant sa durée de vol de cinquante minutes. Motif allégué, cette fois : la présence dans l’appareil de M. Paul-Emile Dupret, juriste belge, conseiller du groupe Gauche unie européenne (GUE) au Parlement européen, militant altermondialiste et des droits de l’homme, qui se rend a l’assemblée du Forum de São Paolo, avec une délégation parlementaire.

Calvo Ospina et Dupret ont en commun de critiquer la politique des Etats-Unis en Amérique Latine, de soutenir les gouvernements progressistes de cette région et d’analyser sans complaisance la gestion du président Alvaro Uribe en Colombie.

C’est sans doute pour des raisons similaires que le journaliste Luis Ernesto Almario a été intercepté à Los Angeles, le 26 novembre. Colombien, résidant en Australie où il est, entre autres, le correspondant de la radio alternative Café Stéreo, il venait d’arriver à bord d’un avion de la Delta Airlines et attendait sa correspondance pour Caracas, où il devait assister à un congrès de l’Association bolivarienne des journalistes (Asobolpe), à laquelle il appartient. Détenu pendant vingt-quatre heures, interrogé par les autorités migratoires, des fonctionnaires du Federal Bureau of Investigation (FBI) et de la Central Intelligence Agency (CIA), il sera expulsé et renvoyé directement en Australie.

Le 25 décembre, c’est sans aucun problème que l’Airbus A330 de la compagnie Northwest Airlines décolle d’Amsterdam (Pays-Bas) pour Detroit (Michigan). Alors qu’il y amorce son atterrissage, M. Umar Farouk Abdulmutallab, un Nigérian de 23 ans affirmant appartenir à Al-Qaida, tente de déclencher un engin explosif ou incendiaire. Maîtrisé par les passagers, il sera interpellé à son arrivée. Le 19 novembre, son père avait fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Abuja, de son « inquiétude » quant à la radicalisation de son fils. Cette information avait été transmise au Centre national d’antiterrorisme (NCTC, créé après le 11-Septembre), mais, si le nom de M. Abdulmutallab figurait depuis sur une base de données du renseignement étasunien, il n’était ni interdit de vol vers les Etats-Unis ni même considéré comme devant être particulièrement contrôlé dans les aéroports.

Dans le cadre de la lutte antiterroriste, des centaines de millions de dollars sont dépensés chaque année par les Etats-Unis pour la « sécurisation » des aéroports et des avions. Peut-être seraient-ils plus utilement utilisés si les fonctionnaires du NCTC, de la CIA et du FBI ne se donnaient pas pour priorité la surveillance de citoyens inoffensifs - quand bien même ils seraient non « politiquement corrects » - et la répression de la liberté d’expression.

***
The United States Is Efficiently
Protecting Itself

By Maurice Lemoine

In the context of the fight against terrorism, hundreds of millions of dollars are spent each year by the United States to "secure" airports and planes.

On April 18, 2009, on its way to Mexico, non-stop Air France Flight 438 was suddenly forbidden to fly over U.S. air space, "for national security reasons." Not having enough fuel to bypass the United States, it was forced to make a stopover in the Caribbean. On board, the object of this massive disruption is Colombian journalist and writer Hernando Calvo Ospina, also a contributor to "Le Monde Diplomatique."

On August 19, a similar misadventure befalls flight AF438, also forced to change its flight course to avoid Florida and the Gulf of Mexico, adding fifty minutes to the duration of the flight. This time, the alleged motive was the presence of Mr. Paul-Emile Dupret on board, a Belgian jurist and adviser to the European political group "Gauche Unie Europeenne" (GUE), or "United European Left." Mr. Dupret is also an alter-globalist and human rights militant, on his way to the São Paolo assembly forum with a parliamentary delegation.

What Calvo Ospina and Dupret have in common is their critical view of U.S. politics in Latin America, their support of progressive governments in the region, and their uncompromising analysis of President Alvaro Uribe’s management of the situation in Colombia.

It is undoubtedly for similar reasons that journalist Luis Ernesto Almario was intercepted in Los Angeles on November 26. A Colombian citizen, he resides in Australia where he is, among other things, the correspondent to an alternative radio station called Café Stéreo. He had just landed on a Delta Airlines flight and was waiting for a connection to Caracas, where he planned to attend a conference organized by the Bolivian Association of Journalists (Asobolpe), of which he is a member. Detained for 24 hours and interrogated by immigration authorities, the FBI, and the CIA, he was eventually deported back to Australia.

On December 25, an Airbus A330 of Northwest Airlines took off from Amsterdam, the Netherlands, and headed toward its destination of Detroit, Michigan, without any problems. While it was preparing for landing, M. Umar Farouk Abdulmutallab, a 23 year old Nigerian claiming to be a member of Al Qaida, tried to detonate an explosive or incendiary object. Overcome by the passengers, he was intercepted upon landing.

On November 19, his father had shared his "concern" regarding his son’s radical ideas with the U.S. Embassy in Abuja. This information had been transmitted to the National Counter-Terrorism Center (the NCTC, created after 9/11), but, although the name M. Abdulmutallab was listed in a U.S. intelligence database, he was neither forbidden to fly to the United States, nor was he even considered to be someone who needed to be extensively checked by airport security.

In the context of the fight against terrorism, hundreds of millions of dollars are spent each year by the United States to "secure" airports and planes. Perhaps this money would be better spent if agents of the NCTC, the CIA, and the FBI did not give priority to the surveillance of harmless citizens, even if they are not "politically correct," or to the repression of the freedom of expression.

Translated By : Livia Calvet

Edited by Jessica Boesl
Watching América
, 3 January 2010

France - Le Monde Diplomatique - Original Article (French)

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