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5 de diciembre de 2003

Le très creatif cinéma argentin est gaché dans son propre pays à cause par la toute-puissance d’Hollywood.

 

Régulièrement récompensé dans les festivals internationaux, le cinéma argentin ne fait pas recette dans son propre pays où il est relégué à un strapontin par la toute-puissance d’Hollywood.

Par Frédéric Garlan
AFP, Buenos Aires, 5 décembre 2003

Le cinéma national ne devrait générer cette année que 10% des entrées en salles, alors que l’Argentine réalise chaque année une quarantaine de longs métrages.
Seul un film, "Vivir Intentando", aimable production construite autour du groupe de chanteuses à succès Bandana, a franchi le million d’entrées en Argentine, routinièrement franchi par les grosses productions nord-américaines.

Une demi-douzaine d’autres réalisations semblent en passe de faire plus de 100.000 entrées, selon les données, très partielles, compilées par l’INCAA
(Institut national du cinéma et des arts audiovisuels). Mais plus de la moitié des films argentins devraient finir l’année en cours avec moins de 10.000
entrées.
Certains y voient la conséquence de l’appartenance de la quasi-totalité des réseaux de distribution à des groupes anglo-saxons. "Les +majors+ pèsent d’un
poids important. Personne ne se risque à affronter les super-puissances", souligne le réalisateur Eduardo Mignona, dont le dernier film, le road-movie
"Cleopatra", est l’une des rares productions nationales à tirer son épingle du jeu.
"Les films qui séduisent dans les festivals diffèrent de ceux que l’industrie cinématographique réclame", concède M. Mignona. "On a assisté en Argentine à l’irruption d’une génération stimulée par la vidéo, qui fait des films à bas coûts. C’est une génération à la vision pessimiste, qui ne fait que
reproduire la réalité".

Le président de l’INCAA Jorge Coscia se plaint, lui aussi, que les films argentins ont rarement le temps de faire leurs preuves et sont retirés trop
rapidement de l’affiche. L’ICAA a donc commencé à se doter de son propre réseau
de salles, qui compte aujourd’hui 20 écrans dans tout le pays, "pour garantir à
notre cinéma un débouché minimum", explique M. Coscia dans un entretien avec l’AFP.
"Les Etats-Unis font 400 films par an. Sur ce total, 100 à 150 ont du succès. Notre taux de réussite est comparable. Le cinéma espagnol produit 100 films par an. Combien ont du succès ?" s’interroge M. Coscia.
Comme d’autres professionnels, il relève le peu de crédit dont bénéficient les critiques de cinéma auprès de l’opinion. M. Coscia regrette aussi "le goût
très +télévisuel+ du public argentin, qui a perdu son raffinement" légendaire.

Le responsable de la programmation d’une grande chaîne de cinéma impute de son côté le peu d’écho du cinéma national au choix fait en faveur de la quantité, au détriment de la qualité. "Si un film est bon, il aura son public.

Le problème, c’est qu’ici on tourne beaucoup de films et que tous ne sont pas bons", fait-il valoir.
Au sein d’une économie dévastée par les privatisations sauvages des années 90, l’industrie argentine du cinéma fait figure de véritable exception: la puissance publique continue d’y jouer un rôle fondamental.

L’INCAA dispose d’un budget annuel d’une quinzaine de millions de dollars, qui, grâce aux coûts de production très bas résultant de la dévaluation du peso, permet de financer une bonne partie de la production nationale. Le financement sur fonds publics peut représenter de 30% à 50% du coût d’un "grand" film, jusqu’à 100% pour une première oeuvre. "La stratégie publique permet à un réalisateur qui n’a pas les moyens d’acheter une voiture de faire un film", résume M. Coscia. La part des premières oeuvres est très importante dans ce pays qui compte plus de 10.000 étudiants en cinéma.

Mais le responsable gouvernemental reconnaît aussi la nécessité pour l’industrie argentine de couvrir "tout le spectre de l’offre" cinématographique, avec des films commerciaux cohabitant avec les productions plus avant-gardistes.

Avec deux "Les 9 Reines" (le dernier grand succès public du cinéma argentin) par an, la part de marché du cinéma national se stabiliserait autour de 20%, niveau
comparable à celui de l’Italie, relève-t-il.

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