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27 février 2007

Le piège des biocombustibles :
Les Etats-Unis et le Brésil ne sont pas l’Arabie Saoudite.

 

Bush veut créer un cartel avec le Brésil pour la production et le monopole du marché mondial de biocombustibles. Bien qu’en vogue, les bio n’ont pas encore un poids politique ni stratégique.

Par Pablo Ramos
AMP
. La Plata, le 27 février 2007.

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Une revue brésilienne a annoncé que la visite que le président des Etats-Unis, George Bush, va effectuer au Brésil le prochain 8 mars va servir à lancer avec Luiz Inacio Lula da Silva une organisation mondiale concernant les combustibles biologiques ou biocombustibles, une espèce d’OPEP de ce secteur naissant.

L’information, qui a été diffusée par la revue Epoca, ajoute que l’idée vient des étasuniens, et que l’alliance avec le Brésil est due au fait que les deux pays sont les plus grands producteurs mondiaux d’éthanol. Les Etats-Unis, le plus grand fabricant de ce combustible, le distille à partir du maïs, tandis que le pays sud-américain le fait à partir de la canne de sucre.

Avant toute analyse, nous devons expliquer ce qu’est l’OPEP. Il s’agit de l’Organisation de Pays Exportateurs de Pétrole, un cartel des plus grands producteurs d’or noir né en réaction aux abus que les compagnies occidentales faisaient dans la gestion du prix de ce produit et pour que les bénéfices de l’exploitation soient gérés par les pays propriétaires de la ressource.

Nous réitérons le concept de ’cartel’, qui est un type d’organisation oligopole, où les producteurs se mettent d’accord pour la gestion de l’offre, et par conséquent, du prix qui en découle. C’est-à-dire que, en principe, la ’cartellisation’ est une action qui doit être évitée pour "le fonctionnement correct des marchés".

En second terme, pour se cartelliser il faut être dans les conditions de le faire. On doit avoir la capacité matérielle pour mettre en avant. Par exemple, au sein de l’OPEP figurent tous les plus grands producteurs de pétrole du monde, à l’exception de la Russie. L’OPEP a la capacité d’altérer l’offre du brut.

Bien qu’il soit certain que les deux nations américaines produisent deux tiers du biocombustible mondial - ils sont dans des conditions matérielles pour gérer ce marché - il n’existe pas encore de demande globale pour ce type de production. On ne voit pas non plus à court terme le remplacement des sources d’énergie par les combustibles d’origine biologique [végétal].

C’est-à-dire, tant Washington que Brasilia peuvent matériellement gérer le marché mondial de ce secteur, mais il n’est pas pour le moment possible qu’ils le fassent, puisqu’il n’y a pas de forte demande du produit.

L’information dit que le modèle que la Maison Blanche va présenter, lors de son tour d’Amérique au sud du Rio Grande, serait semblable à l’OPEP dans une espèce "de marché hémisphérique de l’éthanol".

Mais quels sont les plus grands demandeurs mondiaux éthanol et biodiésel ?

Les Etats-Unis est un énorme consommateur de pétrole, avec presque le quart du total mondial. Comme ils dépendent des importations, l’Administration actuellement à la Maison Blanche veut réduire la dépendance de l’or noir importé [des pays qui lui sont hostiles] et intégrer le biocombustibles à son plan énergétique - à l’initiative du président Bush, et prétend réduire 20% sa dépendance du pétrole, dans un délai de 10 ans. Mais la production d’éthanol - actuelle et future - va être consommée à l’intérieur des frontières des cinquante états de l’Union. Pour bien me faire comprendre, les Etats-Unis ne vont pas pouvoir remplacer complètement les importations de pétrole.

Washington veut aligner derrière lui toute la région, ce qui était appelé avant la "cour arrière". Mais pour qu’ils l’approvisionnent de biocombustibles - ou de matière première - non pour leur vendre ce combustible. Comme avant, il veut s’assurer la gestion du prix de cette source alternative à cause de son énorme voracité.

Le Brésil, pour sa part, est aujourd’hui le principal exportateur mondial d’éthanol provenant de la canne de sucre, et a un grand potentiel pour produire du biodiésel à partir du soja. Mais, tout comme les Etats-Unis, il ne peut pas complètement remplacer le pétrole, pour lequel grâce à de nombreux investissements de Petrobras il est autosuffisant.

Le modèle que va présenter Bush a été déjà analysé par le Département d’État des Etats-Unis, dans le but de développer la production d’éthanol à d’autres pays de l’Amérique Latine et des Caraïbes et ainsi garantir l’approvisionnement mondial, ou, plusexactement, son approvisionnement depuis le monde.

Au Brésil, 82% des automobiles produites disposent du système "flex", qui permet la combustion avec l’essence conventionnelle,l’ éthanol ou la combinaison des deux. La législation, en outre, oblige à que l’essence conventionnelle reçoive 20% d’éthanol, tandis que le diesel reçoit un mélange obligatoire de deux pour cent de biodiésel. Le Brésil, en outre, conseille des pays comme le Guatemala, la Jamaïque et la Colombie en matière de production d’éthanol, initiative qui avec les Etats-Unis sera étendue au Honduras, au Nicaragua, à la République dominicaine, au Salvador et au Panama, entre autres pays de la région.

Au-delà du fait que la proposition étasunienne cherche seulement à s’assurer des producteurs "fiables" des biocombustibles ou de matières premières, l’initiative pour « l’OPEP des bio » est un peu verte encore. Parce que, en utilisant des analogies, les Etats-Unis ne sont pas l’Arabie Saoudite (un de plus grand producteur de pétrole au monde) et le Brésil n’est pas le Venezuela (propriétaire des plus grandes réserves mondiales du brut).

Pour le moment, au moins, il est impossible qu’une OPEP des biocombustibles soit viable. D’abord, il est impossible de remplacer la consommation mondiale de pétrole par son alternative biologique : par exemple, pour que l’Union Européenne puisse remplir son objectif de mélanger les combustibles fossiles avec des biocombustibles, elle devrait consacrer 70% de sa terre cultivable ; pour atteindre cent pour cent, elle aurait besoin de multiplier son territoire plusieurs fois. En second lieu , pour maintenir la matrice énergétique basée sur le fait de bruler du combustible fossile, le plus économique , c’est de continuer à brûler du pétrole.

Le directeur exécutif de la Commission Interaméricaine d’Éthanol (CIE), Brian Dean, a soutenu que " alors que l’ALCA (Secteur de libre Commerce des Amériques) n’ a pas abouti, est arrivée l’heure de l’éthanol ". Peut-être que nous devrions démasquer les véritables intentions de la Maison Blanch de ce coté là.


Note :
La production du soja, maïs ou canne à sucre à des fins industriels « non alimentaires » sera un désastre écologique du à la déforestation et à la utilisation à outre mesure des pesticides et des plantes transgéniques de toutes sortes dans des terres « non destinées » à alimenter ni les humains ni les animaux comme c’est le cas maintenant. Alors rien ne freinera Monsanto et consorts pour améliorer la production selon de critères seulement liés aux bénéfices financiers.

Carlos Debiasi pour El Correo.

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