Accueil > Les Cousins > Brésil > Le ministre des Finances brésilien démissionne pour cause de scandale
Le ministre brésilien des Finances Antonio Palocci, pilier de la politique économique du gouvernement Lula depuis 2003, a démissionné lundi après un scandale de violation de secret bancaire et a été remplacé par Guido Mantega, ancien ministre de la Planification.
Agence France-Presse
Brasilia, le mardi 28 mars 2006
Mantega, un économiste de 56 ans, président de la Banque nationale du développement économique et social (BNDES), a déclaré après sa désignation aux Finances qu’il maintiendrait les orientations de son prédécesseur. « La politique économique ne changera pas », a-t-il dit lundi soir lors d’une conférence de presse, en ajoutant que le président Lula « est le garant de la politique économique » du Brésil.
Près de six mois avant les élections générales, la démission de Palocci constitue un coup dur pour le gouvernement Lula. Mais la situation du ministre était devenue intenable après la déposition lundi devant la police fédérale de Jorge Matosso, président de la Caisse économique fédérale (CEF), une banque dépendant directement du ministre des Finances.
Matosso a reconnu avoir remis à Palocci les extraits de compte bancaire d’un témoin ayant mis en cause le ministre lors d’une déposition devant une Commission parlementaire d’enquête (CPI).
« Cette déclaration a été de la nitroglycérine » et elle a « ajouté un élément que Lula ignorait » a dit à l’AFP une source gouvernementale.
Le ministre était l’objet depuis plusieurs mois d’une série d’accusations.
Il avait été dénoncé en août par un des ses anciens proches collaborateurs pour avoir mis en place, lorsqu’il était maire de Ribeiroa Preto (État de Sao Paulo) en 2001 et 2002, des circuits illégaux de financement des campagnes électorales du Parti des travailleurs (PT) de Lula, arrivé au pouvoir en 2003.
Une commission parlementaire d’enquête s’était intéressé plus récemment à une maison louée à Brasilia par d’anciens collaborateurs de M. Palocci à la mairie de Ribeirao Preto. Cette maison aurait été le centre d’une séries d’affaires illégales en faveur d’entreprises privées montée entre ces ex-collaborateurs municipaux et le gouvernement fédéral, ainsi qu’occasionnellement un lieu d’orgies organisées en compagnie de prostituées.
Devant la CPI, le ministre a formellement démenti avoir jamais fréquenté cette maison de Brasilia. Mais il a été contredit par deux témoins, dont l’ancien gardien de la maison, qui a assuré l’y avoir vu « au moins dix fois »
La publication par la revue Epoca, le 20 mars, de relevés bancaires du gardien montrant que des sommes d’un total de 38 000 réals (15 000 euros) lui avaient été versés depuis janvier, tendant à mettre en doute l’honnêteté de son témoignage, a déclenché le scandale.
C’est cette rupture par l’État du secret bancaire d’un simple citoyen, possible en principe seulement sur autorisation judiciaire, qui a provoqué la chute de Palocci.
Dans sa lettre de démission au président Lula, Palocci a démenti avoir eu une quelconque rôle personnel dans l’affaire de violation du secret bancaire par la CEF. « Je n’ai eu aucune participation, ni de commandement, ni opérationnelle, en ce qui concerne la rupture du secret bancaire de qui que ce soit », a-t-il assuré.
« Je suis toutefois convaincu que mon maintien au ministère des Finances en ce moment de conflit politique exacerbé, et alors que je suis la cible de toutes sortes de dénigrements et d’accusations, ne contribue plus à faire avancer l’oeuvre de votre gouvernement, ni ne sert le meilleur intérêt du Brésil », a écrit Palocci.