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De ces deux forces qui ont contrôlé la vie politique grecque depuis 40 ans, concrètement à partir de la chute de la dictature des colonels de 1974, seulement une a survécu à l’hécatombe : La Nouvelle Démocratie. Les conservateurs de ND se mesurent ce dimanche dans les urnes avec un mouvement émergent, la coalition de gauche radicale Syriza. Entre les deux, il manque, l’autre acteur, à côté de La Nouvelle Démocratie, qui a participé à la gestion désastreuse du pays : les socialistes du Pasok. Balayé par la crise, par les plans de rigueur, le clientélisme et la corruption, le Pasok s’est fait déborder par Syriza et son jeune dirigeant, Alexis Tsipras.
En novembre dernier, Syriza était presque une anecdote. Aujourd’hui il peut recommencer à renouveler et surpasser même les scores obtenus lors des élections législatives du 6 mai dernier, où elle est arrivée deuxième avec presque 17 % des votes. Tsipras représente un nouveau courant dans la mesure où il incarne une autre forme de faire de la politique : tout le distingue des politiques nationaux classiques. Jeune, 37 ans, en même temps doux et ferme, le dirigeant de la gauche grecque est récemment entré au Parlement en 2009. La crise l’a mis au premier plan de façon inespérée. Si les urnes penchent en sa faveur, aujourd’hui dimanche il pourra essayer de former encore une fois un gouvernement. En mai il avait échoué faute d’accords pour structurer une coalition de gouvernement.
Le montage nécessaire pour gouverner est complexe, autant que la trajectoire immédiate d’Alexis Tsipras et de son adversaire de Nouvelle Démocratie, Antonis Samaras. Au début juin, quand il a présenté le programme pour les élections de ce dimanche, Tsipras a mis une limite au mémorandum qui fixe le programme d’ultra austérité que l’Union Européenne, la banque Centrale Européenne et le Fonds monétaire international ont négocié avec la Grèce en échange d’un sauvetage : « ou il s’applique ou il s’annule, et nous l’annulerons », a dit Tsipras. Les vents propices des sondages ont atténué sa position initiale : Tsipras n’évoque plus « une annulation » mais il parle de « renégocier » le texte controversé. Antonis Samaras n’échappe pas non plus aux ambiguïtés. En mai 2010, Samaras s’est opposé au mémorandum, et ensuite il s’est mis à défendre son application avec bec et ongles pour, enfin, finir par proposer une « renégociation amicale » de ce plan qui a plongé la Grèce dans une crise dense. Le plus sûr est que ce dimanche personne n’atteint les 38 %¨des votes sont nécessaires pour disposer de la majorité absolue et pour gouverner.
La Nouvelle Démocratie et Syriza sont coude à coude dans les sondages d’opinion avec une marge qui oscille entre 25 et 31 %. En troisième lieu arrive le Pasok, avec un éventail qu’oscille entre 9 et 13 % (ils avaient 44 % en 2009). L’ unique sortie est donc d’essayer avec une, jusqu’à présent, coalition incertaine. À droite, la Nouvelle Démocratie, le Pasok et la soi-disant gauche modérée de Dimar. À gauche, Syriza avec Koisy – Accord Social – un nouveau parti créé en mai par une dissidente du Pasok, Luka Kastelli, plus le Parti Communiste, KKE. Mais avec un PC local pro soviétique et opposé au projet européen, cette alliance est un mirage. Les urnes diront si le bipartisme rénové entre Syriza et Nouvelle Démocratie – avant ce fut ND et les socialistes – apporte une solution.
Si la logique qui court jusqu’à présent se prolonge, il est probable que Syriza sorte avec le pouvoir : entre 2009 et 2011 Syriza a multiplié par quatre ses pourcentages de votes et avec cela il a fait voler en éclats le bipartisme classique qui régnait en Grèce depuis la chute des colonels – de juin 1974–. Hier, lors d’une discussion avec le député de Buenos Aires Alejandro Bodart (MST dans le Mouvement Proyecto Sur), Tsipras a cité comme un exemple et comme talisman de la victoire, l’Argentine. Le dirigeant grec a dit à Bodart que « peut-être les argentins qui sont venus jusqu’ici nous porteront chance ». Ensuite, Tsipras a ajouté que « le peuple argentin a résisté et résiste encore. C’est un exemple pour tout le monde de comment on peut surmonter une crise et une tragédie humaine grâce au peuple qui est à l’avant-garde ».
Página 12. Depuis Athènes, le 17 juin 2012.
Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi
El Correo. Paris, le 17 juin 2012.
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