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16 avril 2015

La situation change au Brésil et l’opposition ne se rend pas compte

par Emir Sader *

 

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Confiante à la suite des mobilisations d’il y a un mois, l’opposition a appelé à de nouvelles manifestations, mais elle a échoué. Tout avait été préparé de la même manière, avec le rôle déterminant, encore une fois, des médias.

TV Globe n’a pas transmis le match de football comme il le fait traditionnellement, à Sao Paulo, pour laisser place à la couverture de ce qui - croyait-elle – serait un encore plus grande manifestation que la précédente. Le quotidien Folha de Sao Paulo a publié une enquête douteuse, juste la veille des manifestations, essayant d’encourager les adversaires à continuer à se mobiliser.

Mais l’échec fut total. Rien de semblable à ce qui s’est passé il y a un mois. Dans les villes où des douzaines des milliers de personnes s’étaient mobilisées – comme Brasilia, Belo Horizonte ou Río de Janeiro – peu de gens ont été disposés à le faire à nouveau. L’Agence Reuters a évalué à quelque 140 000 personnes le nombre des manifestants du dimanche 12, un chiffre très en dessous de ce qui avait été dénombré un mois auparavant. L’effet général démontre que le moment le plus fort de l’opposition il est resté derrière.

Qu’est-ce qui a changé durant le dernier mois, pour que les choses apparaissent si différentes au Brésil ? En premier lieu, le gouvernement a repris l’initiative politique, avançant dans la recomposition politique de ses alliances. Si même récemment, le PMDB s’approchait de l’opposition, la nomination de son président et vice-président de la république, Milton Temer, comme coordinateur politique du gouvernement, a renversé la corrélation des forces internes dans ce parti, qui ainsi se repositionne à l’intérieur de la base politique du gouvernement.

D’autre part, certains symptômes de la situation économique, bien qu’elle ne présente pas encore de signes de reprise de croissance, montrent que le coup d’arrêt est derrière et que des perspectives de relance se présentent dans plusieurs secteurs importants. Y compris les niveaux d’inflation élevés – bien plus bas de ceux que Fernando Henrique Cardoso avait laissé à Lula – ne sont pas incontrôlés et, surtout, malgré l’attitude de sabotage des secteurs du grand patronat, le niveau d’emploi ne s’est pas écroulé. Malgré le terrorisme économique des médias, les agences de notation ont déclaré que l’économie brésilienne ne présente pas les fragilités que l’opposition persiste à souligner.

À son tour, le gouvernement a pris des mesures populaires, que ce soit au sujet des remises d’impôt sur le revenu, ou l’élaboration de la politique salariale d’augmentations au-delà de l’inflation, établissant un équilibre quant aux mesures d’ajustement des comptes publics.

Pour sa part, le mouvement populaire recommence à occuper les rues, avec des mobilisations nationales comme celle du 15 mars et avec une grève générale contre le projet de loi de tertiairisation de la main-d’œuvre que la Chambre des députés a approuvée en première lecture.

Un autre facteur a contribué au changement de la situation, c’est le fait que Lula a repris son rôle comme coordinateur ad hoc du gouvernement et mobilisateur du PT et des mouvements sociaux. En même temps, le gouvernement a procédé à des nominations – au Ministère d’Éducation, au Secrétariat des Communications et à l’Institut de Recherche Appliquée, l’IPEA, – de personnes clairement identifiées à gauche, écoutant les demandes de ce secteur.

L’autre nouveau facteur a fut l’explosion des cas de corruption – chacun bien au-dessus des niveaux que signalent les plaintes sur Petrobras – tant ceux liés à HSBC, que ceux d’un grand nombre d’entrepreneurs qui ont réussi à éviter le versements d’impôts en arrosant de façon millionnaire les fonctionnaires chargés de recouvrir l’impôt sur le revenu. Ainsi, une part important des membres de l’opposition qui ont promu et financé les mobilisations contre la corruption, se se sont trouvés compromis dans des affaires beaucoup plus graves de corruption, affaiblissant la force de l’opposition et des mobilisations.

Le gouvernement Dilma a terminé ses 100 premiers jours, en traversant des crises de différents ordres : sur les alliances politiques, d’affrontements avec les médias et avec le grand patronat. Il a fait face au pire, parce que l’architecture que Lula avait montée commençait à s’effriter. La recomposition des alliances avec des secteurs partisans de centre et avec secteurs du grand patronat, ce qui est en train de changer, permet que le gouvernement sorte de l’assaut auquel il a été soumis durant la première période. L’échec des manifestations de cette semaine confirme les signes de changement favorables au gouvernement.

Emir Sader pour son Blog do Emir

* Emir Sader est philosophe et professeur de sociologie à l’université de l’Etat de Rio de Janeiro (UERJ) et à l’Université de São Paulo (USP). Son blog en portugais Blog do Emir

Página 12. Buenos Aires, 15 de abril de 2015.-

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi

El Correo. Paris, 16 mars 2015.

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