Accueil > Les Cousins > Colombie > La guerre urbaine frappe Bogota
La guerre urbaine a frappé deux fois le coeur de Bogota en 48 heures près du palais présidentiel, avec un attentat à la grenade jeudi, l’autre à la voiture piégée mardi, qui ont fait 3 morts et 50 blessés.
Agence France-Presse, Bogota
Longtemps limitée aux combats entre l’armée et la guérilla dans l’intérieur du pays, la guerre civile touche systématiquement les principales villes de la Colombie depuis l’investiture du président Alvaro Uribe (droite), un homme à poigne décidé à en découdre avec les rebelles.
Deux grenades lancées jeudi contre un camion de la police en plein centre de Bogota, capitale de 7 millions d’habitants, ont explosé et fait un mort ainsi que quatorze blessés, à moins d’un kilomètre du palais présidentiel de Narino, selon le dernier bilan de la police communiqué à l’AFP. L’auteur présumé de cet attentat, dont l’identité n’a pas été révélée, a été arrêté après l’explosion, survenue peu après 14h30 (15h30 à Montréal), selon la même source.
Quinze agents de police se trouvaient à bord du camion lorsque les deux grenades ont explosé contre le véhicule. L’un d’entre eux a été tué, et dix autres, ainsi que quatre civils, ont été blessés par la déflagration. Un autre attentat, à la voiture piégée cette fois, avait fait deux morts et 36 blessés mardi matin près du palais présidentiel de Bogota.
« Nous attribuons cet attentat terroriste aux milices urbaines des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxiste) », avait indiqué à la presse le général Jorge Castro, commandant de la police métropolitaine de Bogota. Cette affirmation avait été corroborée par le directeur des services secrets, Jorge Noguera, qui a attribué l’attentat à « des représailles des insurgés contre les coups portés contre eux par les autorités durant les derniers jours ».
L’explosion d’une charge de 50 kilos d’« anfo » (explosif à base de nitrate d’ammonium) dans le coffre d’un taxi, garé près du commandement de la police, à moins d’un kilomètre du palais présidentiel également, avait provoqué la mort de deux personnes, en blessant 36 autres. Une vague d’attaques à la roquette de 120 mm le 7 août dernier, en pleine investiture d’Alvaro Uribe, avait fait 21 morts et 70 blessés, également près du palais présidentiel de Narino.
L’une des roquettes, lancées par fréquence radio à douze kilomètres de distance, avait ricoché contre une corniche du palais, où se trouvaient 300 invités, dont 5 chefs d’État, pour assister à cette prise de fonction.
Cette violente offensive avait également été attribuée par les autorités aux FARC, principale guérilla du pays avec 17 000 hommes, contre laquelle le chef de l’État a lancé une guerre totale.
Medellin, seconde ville de Colombie avec trois millions d’habitants, avait été le scénario de violents affrontements la semaine dernière entre la troupe et la guérilla dans la Commune 13, qui regroupe 100 000 habitants de vingt quartiers. 15 personnes, dont 4 militaires, avaient été tuées, 40 blessées, et 48 autres arrêtées, selon un bilan de l’armée. Le couvre-feu et l’interdiction des boissons alcoolisées y ont été mis en place depuis mardi par les autorités.
La guerre civile a déjà fait plus de 200 000 morts depuis 1964 en Colombie, avec une moyenne de 3000 enlèvements de civils chaque année.