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Par Carlos Debiasi
El Correo, 17 février 2003
Le célébre chef de la Réserve Fédérale des Etats-Unis, Alan Greenspan, n’a pas approuvé le plan économique de Bush : "je suis un de ceux qui n’est pas du tout convaincu de la politique économique qu’essaye d’appliquer George Bush"
Le président de la Réserve Fédérale des Etats-Unis, Alan Greenspan, a dit publiquement pour la première fois, devant le Sénat, ce qu’il pense de l’administration Bush. Il a ajouté que le principal facteur qui nuit à l’économie des USA, c’est la guerre éventuelle contre Saddam Hussein et Ben Laden, non les impôts.
En résumé l’idéologie de l’actuel Empire.
Greenspan est un homme qui parle peu et emploie des mots prudents, tout le monde le sait. Plus encore, lorsqu’il agit dans une période, comme actuellement, de grand faiblesse économique, politique et idéologique dans laquelle la guerre entre son pays et l’Iraq peut éclater parce que les réserves américaines du pétrole, sans recourir aux importations, sont limitées à seulement 4 ans. À ceci, s’ajoutent l’instabilité des marchés et le besoin des revenus que produisent les dettes du tiers monde pour payer un milliard de dollars quotidien pour couvrir le déficit commercial américain -les américains consomment plus que ce qu’ils produisent- les scandales financiers, les incertaines guerres de l’Afghanistan et de la Colombie, la catastrophe de la "Pax Américaine" en Israël, les échecs contre Chávez et Lula derrière qui l’Amérique latine entre en résistance, sans oublier le fait que les alliés ne lui obéissent plus, et que l’ONU, l’OTAN, la Banque Mondiale, le FMI, l’OMC et le BID…bref, toutes organisations internationales sous contrôle américain, sont en crise.
C’est pour cela que si Alan Greenspan relance le débat sur le train de vie du gouvernement et sur les moyens dont il dispose pour le financer, et qui s’est exprimé cette fois aussi clairement devant le Sénat, en sachant que tout cela causeraient des ravages chez les républicains, c’est parce qu’il est évident que le danger est à bord.
Ce danger s’appelle « le plafond de la dette publique des Etats-Unis », qu’inscrit à 6.400 milliards de dollars. Celui ci serait atteint le 20 février prochain et, par la même occasion le lancement, la semaine prochaine, d’un programme d’émission à moyen et long terme d’un montant record de 42 milliards de dollars.
C’est la première fois que le fonctionnaire nord américain s’exprime en public sur l’initiative de l’administration Bush, c’est bien parce que le puissant navire néo-libéral est idéologiquement à la dérive et avec lui les Etats-Unis.
Même si la presse américaine soutient furieusement le gouvernement, personne ne croit dans les déclarations de Colin Powell quant à l’hypothèse du danger « létal » que représente l’Iraq, ni le directeur de la CIA, George J. Tenet, quant à la relation qui existe entre Al Qaeda et le régime de Saddam.
Même si les jounaux expliquent avec vigueur que "la vidéo dans laquelle hypothétiquement, Osama Bin Laden demande aux musulmans de se défendre de l’attaque des USA, a causé des ravages." Par conséquent, Washington assure qu’Al Qaeda est partenaire de Bagdad et qu’il faut prendre des mesures préventives pour éviter de futures catastrophes... bla, bla, bla... Le monde sourit avec gêne. Parce que depuis notre enfance Hollywood nous a montré l’immense pouvoir de manipulation de la machine publicitaire des Etats-Unis. Aujourd’hui trois générations plus tard le gouvernement de Bush est obligé d’interdire une manifestation de 500.000 personnes à New York pour freiner toute expression de prise de conscience de son propre peuple. Cette même prise de conscience que le monde entier lui réclame sur tous les grands dossiers actuels de l’humanité.
Ce n’est pas non plus l’OTAN - qui chancelle groggy - qui peut freiner la chute de la maison Bush après les confrontations qui existent sur la question de l’Iraq. Colin Powell a assuré que l’alliance se désagrège, parce qu’il existe des chocs et des confrontations à propos de la défense (à travers un équipement militaire supplémentaire) de la Turquie en cas d’attaque éventuelle de l’Iraq, mais ce qu’il n’a pas dit, c’est qu’il s’agit d’une manoeuvre pour entraîner l’Europe à la conquête du pétrole irakien. Il n’a pas dit non plus que si la manœuvre a échoué c’est à cause de l’infantile idéologie économique actuelle, qui prétend relancer l’économie par le moyen d’une guerre, et qui a ouvert aussi un boulevard aux ambitions Impérialistes, mais beaucoup plus présentables, de la France et l’Allemagne auxquelles se sont ralliées habilement la Russie et la Chine.
L’OTAN était déjà groggy avant la guerre des Balkans mais à cette époque les Etats-Unis ont su retourner la vapeur en lui donnant une utilité momentanée mais nécessaire pour l’Europe. Toutefois, il y a déjà un moment que la France demande les rênes de l’OTAN et ce que les Etats-Unis refuse parce qu’ils ne veulent pas en reléguer le commandement mais Chirac a trouvé maintenant comment en être le patron.
Mais attention « un train peut cacher un autre ». Les vides ne sont jamais bons, et surtout s’ils sont remplis avec la même chose. Chirac et Poutine sont des politiciens très habiles et opportunistes, avec une forte tradition nationale d’Empire face à l’océan de maladresse de la Maison Bush.
"L’intelligentsia" du peuple américain doit être unie avec celle du reste du monde qui demande "qu’un autre monde soit créé" pour e finir avec des règles et des manières de gouverner, déjà totalement caduques, avec des millions de morts et plusieurs siècles de retard. Maintenant les principaux cerveaux du monde sont déjà reliés en Réseaux et la vieille Démocratie Représentative appartient déjà à l’Histoire. Seule la "Démocratie Participative" peut nous sortir des références de cette ère post- moyenâgeuse qu’est le modernisme. L’époque en devenir est déjà née mais n’a pas encore de nom. Tous ensemble nous devons créer un monde meilleur. La chute de la Maison Bush et de son Empire en serait le premier pas.
Paris, le 13 février 2003
Carlos Debiasi, ex Reporteur Cameraman
Président de la Association
El Correo de la Diaspora Argentine
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