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L’«ange» et le crystal meth
Les médias des États-Unis n’avaient pas hésité à faire d’Ashley Smith une héroïne nationale. Séquestrée pendant sept heures par un meurtrier en cavale, cette serveuse de 26 ans, veuve et mère célibataire, avait convaincu l’homme de se rendre à la police en lui parlant de Dieu et en lui servant des crêpes. Ashley Smith a raconté son histoire à Larry King dans les studios de CNN mercredi dernier.
Par Richard Hétu
La Presse. New York, le dimanche 09 octobre 2005
Cette histoire, survenue en mars dernier, avait ému en particulier les conservateurs et les évangéliques, qui y voyaient l’illustration des vertus féminines et religieuses. Avec sa foi et sa compassion, Ashley Smith avait réussi à amadouer Brian Nichols, qui était poursuivi par tous les policiers d’Atlanta après un quadruple meurtre spectaculaire.
Mais il manquait un élément important à cette histoire: pour amadouer le criminel noir, l’otage blanche lui avait fait sniffer de la méthamphétamine (crystal meth), la «drogue la plus dangereuse d’Amérique», pour citer une manchette récente de la revue Newsweek.
Ashley Smith est passée aux aveux dans Unlikely Angel, un livre qui vient de paraître aux États-Unis. La jolie blonde aux yeux verts a également raconté son histoire à plusieurs émissions de télévision, dont celle d’Oprah Winfrey, où elle a avoué avoir déjà consommé de la méthamphétamine «tous les jours, 24 heures sur 24, sept jours sur sept».
Après une cure de désintoxication, Ashley Smith se porte mieux. Et elle explique son silence initial sur le crystal meth par son désir de ne pas décevoir ses parents, qui, à l’époque, la croyaient libérée de sa dépendance.
En vérité, la serveuse était encore entre les griffes de la drogue lorsque Brian Nichols s’est pointé chez elle en la menaçant d’une arme volée à un des policiers qu’il avait abattus en plein tribunal.
Au cours de la prise d’otage, Nichols a demandé à Smith si elle avait de la marijuana. Elle a répondu par la négative. Mais elle avait du crystal meth.
Nichols ne connaissait pas cette drogue, mais il a accepté de l’essayer. Selon Unlikely Angel, Ashley Smith a aussitôt regretté son offre, craignant de voir le criminel perdre le nord, comme cela arrive souvent aux consommateurs de ce speed surpuissant.
Mais la méthamphétamine a apaisé Nichols, qui est tombé dans une profonde réflexion. C’est alors qu’Ashley Smith a décidé de lire au criminel un extrait de son livre de chevet, Être acteur de sa vie, écrit par un prêcheur californien à succès, Rick Warren.
«Peux-tu me le relire?» lui a demandé Nichols.
Et la relation entre l’otage et le criminel a changé.
«Je pense que Dieu était dans cet appartement avec eux», avait commenté l’animateur de radio conservateur Rush Limbaugh après le dénouement de la prise d’otage.
«C’est un mystère, trop grand pour être compris, trop beau pour être passé sous silence», avait écrit Peggy Noonan dans le Wall Street Journal.
À la suite des aveux d’Ashley Smith, la police d’Atlanta a fait savoir qu’elle n’avait pas l’intention de porter des accusations pour possession de drogue contre la jeune femme. Elle n’a pas non plus l’intention de lui réclamer les 70 000 $US qui lui ont été remis pour avoir contribué à l’arrestation de Brian Nichols.
Abstinente depuis plusieurs mois, Ashley Smith pense que son histoire ferait un bon film pour la télévision ou le cinéma. Au fait, elle a bel et bien servi des crêpes au criminel.
Les voies de Dieu ne sont-elles pas impénétrables?