Accueil > Empire et Résistance > « Gringoland » (USA) > L’arrogance occidentale en voie de réviser sa stratégie en Irak
Le président George W. Bush aura samedi des consultations avec ses commandants militaires sur la situation en Irak, où sa stratégie paraît de plus en plus remise en cause par la multiplication des assassinats et des attaques contre les soldats étasuniens.
Par Laurent Lozano
Agence France-Presse
Washington. Le vendredi 20 octobre 2006
M. Bush s’entretiendra en téléconférence avec le général George Casey, commandant de la force multinationale en Irak, le général John Abizaid, commandant des forces américaines dans la région, « et d’autres », parmi lesquels devraient figurer le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et le vice-président Dick Cheney, a indiqué vendredi le porte-parole de la Maison-Blanche Tony Snow.
Malgré la pression qui ne cesse de croître sur M. Bush pour un « changement de cap », M. Snow a assuré que les délibérations du président avec ses généraux et ses conseillers faisaient « partie d’un processus régulier de consultations » et étaient inscrites « au programme depuis des semaines ».
Toute l’administration a réfuté vendredi que M. Bush prépare un changement de stratégie en Irak pour sauver sa majorité aux élections parlementaires du 7 novembre.
Mais toute l’administration, à commencer par M. Bush lui-même, a affirmé que les États-Unis ne cessaient de procéder à des « ajustements », se réservant ainsi toutes les options. L’armée étasunienne entend d’ores et déjà réviser son plan de sécurisation de Bagdad.
Les appels à un changement proviennent de plus en plus de la majorité républicaine elle-même, qui craint que l’Irak ne cause sa perte aux élections.
Les effets d’une vaste campagne de M. Bush pour convaincre les électeurs que l’Irak est l’un des « fronts principaux de la guerre contre le terrorisme » et qu’ils continueront à être plus en sécurité s’ils votent républicain semblent avoir été dissipés par les événements des derniers jours en Irak.
Dans un discours devant le comité sénatorial républicain à Washington, M. Bush a répété que « la victoire en Irak est vitale pour la sécurité de toute une génération d’Étasuniens à venir. Et nous resterons donc en Irak, nous nous battrons en Irak et nous vaincrons en Irak ».
Semblant durcir le ton contre les démocrates à mesure que les élections approchent, M. Bush les a présentés comme le « parti du courage fuyons », se comparant, dans sa « guerre globale contre le terrorisme », à son prédécesseur Ronald Reagan qui avait juré la fin du communisme.
Refusant le retrait au moins partiel dont les démocrates ont fait un enjeu majeur des élections, M. Bush a cependant souligné que « nous changeons constamment notre tactique » pour faire face aux nouvelles circonstances.
Selon son porte-parole, M. Bush n’attend pas que les généraux lui « peignent la situation en rose ».
Un porte-parole de l’armée étasunienne, le général William Caldwell, a admis jeudi que les attaques avaient accusé une « décourageante » augmentation de 22% à Bagdad depuis le début du ramadan fin septembre. La quasi reconnaissance de l’échec du plan de sécurisation de la capitale, sur lequel le gouvernement américain avait misé gros, a causé un choc.
Le mois d’octobre a vu une multiplication des attaques contre les soldats étasuniens, qui ont perdu plus de 70 des leurs. Il devrait être l’un des plus meurtriers depuis l’invasion de mars 2003.
Deux jours d’affrontements meurtriers entre miliciens chiites et force de sécurité irakiennes à Al-Amara, dans le sud, sont venus ajouter aux doutes sur la faculté des Irakiens à assumer leur propre sécurité, alors que c’est un objectif primordial des étasuniens. Ils ont renforcé l’inquiétude que le pays ne tombe sous la coupe des milices, tenues par l’administration Bush pour responsables d’une grande partie des dizaines d’assassinats quotidiens.