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Le voyage à Cuba servira à mettre en oeuvre un projet de 100 millions de dollars. Une partie importante est destinée à acheter des médicaments aux célèbres laboratoires qui sont la fierté de l’île.
millones de dólares. Una parte importante será para comprar vacunas.
Par Página 12
Buenos Aires, le 8 mai 2005
Néstor Kirchner ira à Cuba fin mai. Aucun président argentin ne s’est rendu sur l’île durant ces dernières vingt années. Kirchner cherchera, ainsi, à marquer son époque, comme l’avait fait Raúl Alfonsín quand il avait atterri à La Havane le 18 octobre 1986, avec l’excuse d’une "escale technique" après une tournée internationale. On peut avoir une lecture similaire de la présence de l’ex président cubain Osvaldo Dorticós lors de la prise de pouvoir de Héctor Cámpora en 1973.
Beaucoup d’années après, le Gouvernement se prépare à produire un effet semblable avec le prochain voyage à Cuba. A la Chancellerie, on assure que c’est déjà "confirmé" et la surprise est réservée aux annonces que fera Kirchner quand il foulera la terre de José Martí. L’État s’associera avec les cubains pour produire des vaccins et des anticorps à un coût énormément plus bas que ce que perçoivent les laboratoires multinationaux, qui "vont hurler de rage".
La confirmation de ce voyage à cuba tant de fois annoncé et tant de fois retardé a plusieurs explications. La plus importante est la nécessité de rétablir la confiance après l’irritation produite par l’affaire Hilda Molina au sein du gouvernement cubain. La neurochirurgienne Hilda Molina, un ex cadre du PC cubain, qui à une autre époque admirait à Fidel Castro, a demandé l’asile politique en Argentine. La Chancellerie s’est montrée perméable à sa demande mais -loin de la tradition diplomatique de discrétion et de bas profil- elle a diffusé cette histoire aux médias. Ce qui a énervé Cuba. Kirchner veut traiter ces blessures. Durant les derniers mois, il a ordonné qu’on fasse tout ce qui était possible pour démontrer que l’Argentine n’avait pas eu de "mauvaise intention" dans cette affaire.
Un des moyens pour décongestionner la relation fut d’envoyer "des têtes de pont". Les fonctionnaires argentins, en même temps, devaient préparer le terrain pour la visite de Kirchner. Le mois dernier, deux délégations officielles se sont rendues à La Havane avec cet objectif : la première du Ministère de la Santé, dirigée par la vice-ministre Graciela Rosso. Le second groupe, qui s’y est rendu il y a deux semaines, était celui du ministère de l’Éducation : comprenant le directeur national de la Gestion Universitaire, José Francisco Martín, un autre fonctionnaire du Secrétariat de Politiques Universitaires, et deux spécialistes en médecine de la Commission Nationale Évaluation et Accréditation Universitaire (Coneau).
Les deux groupes avaient des objectifs précis. Celui de la Santé a parcouru les célèbres centres de recherche cubains, comme celui d’Immuno-génétique de La Havane et de l’Institut Finlay, et a étudié les laboratoires de fabrication de médicaments. Celui de l’Éducation a analysé le système universitaire de Cuba et a évalué le plan d’études et la qualité académique de l’École latino-américaine de Sciences Médicales où les boursiers argentins étudient médecine. Cette année, la première promotion sera diplômée. Le problème est que jusqu’à présent ces diplômes universitaires ne sont pas homologués par l’Argentine.
Les « têtes de pont » se sont entretenues avec Fidel Castro de la tension liée à l’affaire Molina. Lors d’une réunion au Palais des Conventions, les cubains ont déclaré avoir été "surpris" par Kirchner. Ils ont aussi salué la négociation de l’échange de la dette. Là on a parlé encore une fois du voyage du Président confirmé pour fin mai. C’est pourquoi, cubains et argentins ont abordé les annonces qui se limiteront à La Havane : le principal accord sera la signature d’un fidéicommis de 100 millions de dollars entre la Banco Nacion, le BICE et la Banque Nationale de Cuba qu’ a dirigé le Che lui même.
Que les laboratoires tremblent
Dans le cadre de ce fidéicommis, les deux gouvernements se proposent d’échanger des médicaments contre des denrées alimentaires. Selon l’accord entre les deux chancelleries, l’Argentine achèterait des vaccins et des médicaments par un coût 4.5 millions de dollars. L’achat prterait spécifiquement des vaccins pour l’hépatite B, l’aemofilus influenzae (contre la méningite) et d’autres anticorps. "Ce sont du Premier Monde. Ils remplissent toutes les exigences de fabrication pour ce type de produits. et sont certifiés par les organismes internationaux", a informé un spécialiste en production de pharmacologique qui connaît les installations cubaines.
On travaille aussi sur la possibilité de produire en manière conjointe l’anticorps monoclonal AMC FC-5.01, qui bloque le développement de plusieurs types de cancer. Cet anticorps a été développé en Argentine par des chercheurs du Conicet. Durant sa récente visite à Cuba, la délégation argentine a proposé à ses hôtes d’élaborer ce médicament dans les célèbres laboratoires qui sont la fierté de l’île. Les deux parties sont d’accord et seul manque l’annonce officielle.
La décision d’acheter des vaccins à Cuba ne sera pas facilement digérée par les fournisseurs "habituels" dans ce secteur : les laboratoires multinationaux qui produisent des vaccins à grande échelle. Par leur technologie et capacité de production, ces laboratoires peuvent satisfaire les achats massifs que fait l’État. Par exemple, le groupe français Sanofi-Pasteur, qui l’an passé a vendu à travers sa filiale Aventis-Pasteur Argentine 1,8 million de vaccins antigrippaux au PAMI. Un autre fournisseur qui vend généralement à l’État est le laboratoire américain Smith-Smith-Klein, producteur de vaccins reconnu au niveau mondial.
Ces groupes d’entreprises vendent généralement leurs vaccins via « la médiation » de l’Organisation Panaméricaine de la Santé (OPS). Les gouvernements leur achètent des médicaments dans de grandes quantités, souvent pour des campagnes massives, ce qui présuppose d’importants investissements. Le problème est que les médicaments que produisent ces consortiums privés sont beaucoup plus chers que ceux élaborés dans les laboratoires étatiques de Cuba. Pour cette raison, le Gouvernement a décidé d’acheter des vaccins dans l’île pour 4,5 millions de dollars. Ceux qui connaissent comment fonctionne le secteur de la santé prévoient que cette décision produise beaucoup de « résistances » dans le secteur privé. "Ils vont hurler à la mort", affirme t-on depuis l’Exécutif.
Boursiers argentins
L’achat de médicaments sera concrétisé dans le cadre d’un fidéicommis pour un montant beaucoup plus grand, 100 millions de dollars, ce qui explique la délégation fournie de chefs d’entreprise qui accompagnera Kirchner lors de son voyage à La Havane.
Autre sujet qui planera au dessus de la visite, ce sera la négociation en suspens sur la dette de plus de un milliard de dollars que Cuba a avec l’Argentine. Fidel Castro a contracté cette dette en août 1973, quand le gouvernement de Cámpora lui a accordé un prêt de 1,2 milliard de dollars pour financer l’achat de produits industriels et véhicules des filiales argentines de la Général Motors, Ford et Chrysler.
Ce sujet n’est pas encore arrêté. Comme bon stratège, Fidel pourrait profiter de l’expérience argentine de remise de dette pour demander quelque chose de semblable. Autre sujet qui aura une certaine répercussion politique et, peut-être, médiatique : A Cuba 371 jeunes argentins boursiers étudient la médecine. Cette année, la première promotion va recevoir son diplôme. Certains de ces étudiants n’avaient pas de possibilités économiques d’arriver à l’université en Argentine. D’autres ont préféré étudier à Cuba pour la qualité de sa santé publique et pour la conception sociale de la médecine. Le programme de bourses n’est intégré à aucun accord de coopération entre l’Argentine et Cuba, et accord qui reste en suspens.
La décision du Gouvernement est d’essayer que les titres délivrés par Cuba puissent être homologués en Argentine. Mais le ministre de Santé Ginés González García ne s’est pas montré très favorable. À la fin de l’année dernière, s’est tenue une confrontation publique avec l’Association de Parents d’Étudiants de l’Argentine à Cuba (Afeac). Les fonctionnaires de l’Éducation qui se sont rendus récemment à La Havane, ont émis un rapport favorable et ont commandé une enquête. La diffusion du résultat pourrait coïncider avec l’atterrissage à Cuba de l’avion qu’Aerolineas Argentinas « loue » généralement au Gouvernement pour les voyages internationaux.
Traduction pour El Correo de : Estelle y Carlos Debiasi